Wynne ne forcera pas la désignation bilingue d’Ottawa en 2017

Le maire d’Ottawa, Jim Watson, et la première ministre de l’Ontario, Kathleen Wynne, lors du passage du premier magistrat de la capitale nationale à Queen's Park. Crédit photo: Jean-François Morissette

TORONTO – En marge de la visite du maire d’Ottawa, Jim Watson, à Queen’s Park, la première ministre de l’Ontario, Kathleen Wynne, a avoué être en faveur de la désignation bilingue de la capitale nationale. Toutefois, elle n’ira pas contre la volonté du conseil municipal, a-t-elle spécifié.

JEAN-FRANÇOIS MORISSETTE
jmorissette@tfo.org | @JFMorissette72

« Si le conseil municipal fait une demande à la province en ce sens, notre gouvernement soutiendra cette démarche, mais pour moi, il est très important que la Ville d’Ottawa prenne cette décision », a expliqué la première ministre Wynne accompagnée du maire d’Ottawa, Jim Watson, à Queen’s Park, le lundi 6 mars.

« C’est une décision pour le conseil municipal et pour la population d’Ottawa » – Kathleen Wynne

Questionnée si Queen’s Park était prêt à injecter de l’argent dans le projet, Kathleen Wynne n’a pas donné de réponse.

Depuis plusieurs mois, des voix dans la communauté francophone d’Ottawa se font entendre pour que les célébrations du 150e anniversaire du Canada soient l’occasion pour qu’Ottawa devienne officiellement une ville bilingue.

Toutefois, plusieurs conseillers municipaux s’opposent au projet et le maire Jim Watson, lui-même, n’a pas changé de position : pour lui, Ottawa est déjà une ville bilingue.

La semaine dernière, des réponses similaires à celle de Kathleen Wynne avaient été données par la ministre déléguée aux Affaires francophones, Marie-France Lalonde, et par la députée libérale d’Ottawa-Vanier, Nathalie Des Rosiers.

« Je l’ai toujours dit : je suis en faveur que la Ville d’Ottawa fasse une demande à la province pour que l’on puisse enchâsser le bilinguisme dans la loi, mais j’ai un respect pour la façon de procéder », avait expliqué Mme Lalonde.

Marie-France Lalonde s’était également dite en faveur de rencontrer les représentants des différents groupes pour trouver des pistes de solution à l’impasse actuelle.

Une ville déjà bilingue, selon le maire Watson

Le maire d’Ottawa a pour sa part profité de son passage à Queen’s Park pour marteler que sa municipalité était déjà bilingue.

« Une grande surprise, mais la ville d’Ottawa est bilingue », a-t-il expliqué. « On a adopté un projet de loi en 2001, après la fusion des municipalités, qui dit que la ville est bilingue. »

Au cours de la dernière année, le maire Watson a avancé que sur une population de près d’un million de personnes, seulement 60 plaintes concernant les services en français avaient été faites auprès de l’hôtel de ville. Il s’est engagé à ce que ce nombre diminue au cours de la prochaine année.

« Mon but est de pouvoir continuer d’améliorer les services pour les résidents qui parlent français et qui parlent anglais » – Jim Watson

Jim Watson dit également avoir discuté avec plusieurs francophones au cours des derniers mois et que leurs inquiétudes portaient plutôt sur les coûts de l’électricité, les infrastructures et les impôts.

L’initiative Ottawa Bilingue prône l’adoption d’un règlement municipal pour permettre de reconnaître le caractère bilingue de la capitale fédérale et pour permettre de préserver la politique de services en français de la ville à long terme.

Une décision municipale, croit Patrick Brown

Le chef du Parti progressiste-conservateur de l’Ontario (PC de l’Ontario), Patrick Brown, croit lui aussi que la responsabilité de désigner la capitale nationale revient au conseil municipal.

« Lors de l’élection partielle dans Ottawa-Vanier, (…) j’ai dit que c’était à la municipalité de choisir et c’est encore ma position aujourd’hui », a-t-il expliqué à #ONfr.

M. Brown ne croit pas que la première ministre Wynne devrait faire des pressions pour faire changer le statut officiel de la Ville d’Ottawa.

France Gélinas, critique du Nouveau Parti démocratique (NPD) de l’Ontario en matière de francophonie, pense au contraire qu’il est temps d’avoir une désignation bilingue pour la Ville d’Ottawa.

« Ce n’est pas si dramatique que ça mais en même temps, pour les francophones, ça change tout », s’est-elle exclamée.

Selon elle, une solution à l’impasse pourrait être une désignation totale de la province comme bilingue, comme le commissaire aux services en français de l’Ontario, François Boileau, le demande.

« Nous avons un commissaire aux services en français qui demande de considérer la désignation totale de la province et ça ouvrirait la porte à rendre la demande plus facile », a-t-elle expliqué.

Une enquête menée par #ONfr auprès des conseils municipaux d’Ottawa avait révélé, en novembre, que la grande majorité des élus étaient contre le projet de désignation de la municipalité comme ville bilingue.

Radio-Canada est arrivé à des réponses similaires en questionnant les conseillers la semaine dernière.