Université franco-ontarienne : « Nous n’en pouvons plus d’attendre »

TORONTO – La députée néo-démocrate, France Gélinas, a déposé de nouveau son projet de loi privé pour la création d’une université franco-ontarienne, mercredi 21 septembre. La communauté francophone n’en peut plus d’attendre dans ce dossier, ont soutenu plusieurs intervenants venus appuyer la démarche.

ÉTIENNE FORTIN-GAUTHIER
efgauthier@tfo.org | @etiennefg

« La priorité numéro un de la communauté franco-ontarienne est la création de l’université de l’Ontario français », selon la députée néo-démocrate de Nickel Belt. La première mouture de son projet de loi en cette matière est mort au feuilleton lors de la prorogation de la chambre, au début du mois.

Denis Vaillancourt, président de l’Assemblée de la francophonie de l’Ontario (AFO), fait valoir que le vide laissé par l’absence d’une université francophone a un impact sur la vitalité de la communauté. « Les jeunes ont vécu une expérience de vie française à l’élémentaire et au secondaire. Il faut ensuite une institution universitaire dont les murs respirent le français. Les institutions bilingues ne respirent pas notre vie française », a-t-il souligné.

M. Vaillancourt doute de la pertinence du conseil de planification promis par le gouvernement libéral et dont la composition doit bientôt être annoncée. Il produira un autre rapport qui viendra s’ajouter aux autres, selon lui. Il privilégie de le transformer en conseil des gouverneurs provisoire, ce qui constituerait la fondation de la nouvelle université et un engagement concret pour sa réalisation dans des délais raisonnables.

Un avis partagé par France Gélinas : « C’est peut-être une bonne chose que le comité n’ait jamais vu le jour. Un autre comité ne réglera rien. »

Éric Desrochers a aussi participé au point de presse de la députée néo-démocrate. Il a complété un baccalauréat à Glendon, le campus bilingue de l’Université York, et poursuit ses études à l’Université d’Ottawa. « On nous dit que ces institutions sont les nôtres, mais les décisions sont prises en anglais par un conseil des gouverneurs sans tenir en ligne de compte les enjeux francophones. Le réflexe des institutions bilingues est de ne pas penser aux francophones. Dans la vie étudiante, c’est aussi toujours en anglais », a-t-il souligné.

Lucas Egan, autre militant en faveur de l’université francophone, critique l’attitude la ministre déléguée aux Affaires francophones, Marie-France Lalonde. Il aurait voulu une mention du projet dans le discours du Trône, présenté lundi 12 septembre. « Vous n’avez pas encore mérité notre confiance, ni celle du peuple franco-ontarien », a-t-il lancé à l’intention de Mme Lalonde.

Réplique de Marie-France Lalonde

La ministre déléguée aux Affaires francophones, Marie-France Lalonde, a de nouveau promis des annonces prochaines dans le dossier de l’université francophone.

« Je veux réaffirmer l’engagement du gouvernement en vue de l’université francophone. Nous sommes à mettre en place le conseil de planification », a-t-elle indiqué quelques minutes après le point de presse de son adversaire néo-démocrate.

Pourquoi ne pas transformer le conseil de planification en conseil des gouverneurs, comme le propose Denis Vaillancourt? « Il va nous diriger et nous aider en vue de prendre des décisions responsables. Je veux que nos enfants et nos petits-enfants puissent aller à cette université. On veut un projet durable et qu’on ne soit pas obligé de le fermer comme le Collège des Grands-Lacs », s’est-elle contentée de répondre.

Plusieurs étudiants francophones disent que les institutions universitaires bilingues actuellement en place contribuent à l’assimilation des jeunes de langue française. Marie-France Lalonde répond qu’elle a pu conserver sa langue maternelle, même si elle a, elle-même, fréquenté une université bilingue.

Après avoir rencontré la presse, la ministre est allée à la rencontre de quelques-uns des étudiants qui réclament une université. Elle a voulu se faire rassurante affirmant qu’elle souhaitait faire les choses de la bonne manière pour s’assurer de la réussite du projet.

Josée Joliat, vice-présidente du Regroupement étudiant franco-ontarien (REFO), n’en peut plus des belles paroles du gouvernement.

« Nous n’en pouvons plus d’attendre. C’est toujours leur réponse! On n’a plus de patience. On ne peut pas demander aux gens de patienter et de patienter à l’infini! », a-t-elle lancé quelques instants après l’intervention de Mme Lalonde.