Université franco-ontarienne : les propos de Kathleen Wynne font réagir

Kathleen Wynne, première ministre de l'Ontario. Archives, #ONfr

TORONTO – Dans une entrevue de fin d’année accordée à #ONfr, la première ministre de l’Ontario, Kathleen Wynne, est revenue sur le sujet d’une université franco-ontarienne et a refusé de s’engager sur la création d’un campus d’ici 2018. Sa réponse a été mal accueillie par les groupes ayant milité pour le projet.

JEAN-FRANÇOIS MORISSETTE 
jmorissette@tfo.org@JFMorissette72

« J’espère que nous allons avoir une décision avant la prochaine élection. Que ce soit un édifice construit ou un programme, je ne peux pas dire, mais j’espère que nous allons avoir une décision sur le où, le quoi, le nombre de programmes, quel édifice et quel partenariat. J’espère que nous allons avoir une réponse à ces questions », a martelé la première ministre Wynne au micro de #ONfr.

« Nous avons dit que nous allions développer ce plan et c’est pourquoi nous avons un conseil de planification. Je veux avoir un plan concret et je veux que nous ayons des recommandations », a-t-elle ajouté.

Depuis plusieurs années, l’Assemblé de la francophonie de l’Ontario (AFO), le Regroupement des étudiants franco-ontariens (RÉFO) et la Fédération de la jeunesse franco-ontarienne (FESFO) demandent la mise en place d’un premier campus à Toronto d’ici 2018, puis la nomination d’un conseil des gouverneurs transitoire. Or, le doute laissé planer par la première ministre Wynne ne rassure pas le milieu communautaire franco-ontarien.

Josée Joliat, coprésidente du RÉFO, croit que le gouvernement doit impérativement donner un coup sur l’accélérateur dans ce projet, considérant que tous sont d’accord pour la création d’une institution postsecondaire.

« Ne pas le faire ne fera que politiser davantage le dossier et fragilisera encore plus ce projet qui est déjà bien plus modeste que ce que la communauté franco-ontarienne avait imaginé lors des États généraux sur le postsecondaire, c’est-à-dire une université provinciale avec des campus régionaux. En continuant de repousser ce projet, le gouvernement prive des milliers d’étudiants d’une éducation postsecondaire dans leur langue dans un établissement géré par et pour les francophones », commente-t-elle.

Pablo Mhanna-Sandoval, vice-président de la FESFO, croit que ce non-engagement n’a rien de rassurant pour la communauté étudiante francophone de l’Ontario.

« Nous sommes déçus du manque de volonté de la part du gouvernement! », s’exclame-t-il. « On est frustré du processus, on est frustré avec un gouvernement qui semble avoir un manque de volonté. »

Il souligne que son organisme, ainsi que les autres organismes franco-ontariens qui luttent dans ce dossier, ne vont pas arrêter de mettre de la pression sur le gouvernement Wynne pour s’assurer que le projet débouche dans les plus brefs délais.

Des délais inexplicables

France Gélinas, députée du Nouveau Parti démocratique (NPD) de l’Ontario, s’explique mal le désengagement du gouvernement dans le projet de l’université franco-ontarienne.

« C’est évident qu’ils ne sont pas sur la même trajectoire que les Franco-Ontariens. Les Franco-Ontariens, nous sommes unis dans notre priorité pour une université pan-ontarienne pour et par les francophones. Eux, ils nous fait perdre notre temps », s’est indignée la représentante de la circonscription de Nickel Belt.

La porte-parole pour les Affaires francophones pour le NPD a présenté un projet de loi privé en septembre pour la création d’une université franco-ontarienne. Elle déplore que malgré les voix qui se multiplient en ce sens, les francophones de la province devront peut-être attendre avant de voir leur rêve se réaliser.

« Donne-moi 48 heures et je peux te sortir les programmes que l’on devrait commencer en premier. On n’a pas besoin de me donner un comité d’étude et une consultation pendant un an » – France Gélinas

« Ce qu’elle dit avec ses mots, ça fait longtemps qu’elle le dit avec ses gestes, c’est-à-dire qu’ils n’ont aucune intention de faire le premier pas pour mettre en place un conseil transitoire », se désole Mme Gélinas.

Un comité de planification qui divise

Questionnée à de nombreuses reprises à savoir si le gouvernement tentait de gagner du temps avec la création d’un comité de planification, Kathleen Wynne a défendu la formation du groupe de travail.

« Ce n’est pas une opinion, ce n’est pas une idée, c’est un groupe qui fait un plan pour favoriser cette initiative. C’est un avancement par rapport à où nous en étions avant et j’ai très hâte de voir leurs recommandations », s’est défendue la première ministre de l’Ontario.

À la fin du mois de novembre, la nomination du comité de planification a soulevé un tollé auprès des jeunes francophones de la province. Dans une lettre ouverte publiée conjointement par la RÉFO et la FESFO, les deux organismes ne mâchaient pas leurs mots envers l’absence de jeunes parmi les six personnes nommées pour appuyer le travail de la présidente, Dyane Adam.

« En ne nommant aucun jeune au conseil, le gouvernement exclut aussi du processus le segment de la population qui s’est le plus mobilisé pour la réussite de ce projet. (…) Cette exclusion est non seulement blessante, mais méprisante envers les 47 000 jeunes et étudiants représentés par nos organismes », pouvait-on lire, entre autres, dans cette missive.