Université franco-ontarienne : Glendon refuse d’y transférer ses cours en français

Dominique Scheffel-Dunand, Coprincipale par intérim et Ian Roberge, Coprincipal par intérim du Campus Glendon, de l'Université York

TORONTO – Le Collège Glendon ne va pas transférer ses programmes en français à la future université franco-ontarienne, tranche le Principal de l’institution, Donald Ipperciel. Glendon participe à l’épanouissement du français, pas le contraire, affirme-t-il, se désolant de la lettre publiée par trois organismes franco-ontariens.

ÉTIENNE FORTIN-GAUTHIER
efgauthier@tfo.org | @etiennefg

JEAN-FRANÇOIS MORISSETTE
jmorissette@tfo.org | @JFMorissette72

« Dans la lettre diffusée, on dit que l’université franco-ontarienne devra avoir l’exclusivité des programmes en français à Toronto. C’est clair, on vise Glendon. On s’en prend à nous. Je trouve très triste cette sortie », lance Donald Ipperciel. « Je ne comprends pas ce que l’Assemblée de la francophonie de l’Ontario (AFO) veut faire. On propose une réduction du choix des étudiants francophones », ajoute-t-il.

Il défend avec ferveur la possibilité pour un jeune de poursuivre un parcours en français, mais également bilingue dans une autre institution que la nouvelle université franco-ontarienne. « À Toronto, la grande majorité des francophones veulent une éducation dans les deux langues. La position du Regroupement étudiant franco-ontarien (RÉFO) est de dire : nous on sait mieux que tous les francophones ce qui est bon pour eux et tout doit seulement être en français », ajoute-t-il.

La future université franco-ontarienne et Glendon peuvent être complémentaires, selon Donald Ipperciel, qui rappelle son appui au projet. Ils affirment que les deux établissements n’auront qu’à avoir des programmes différents.

Le Principal de Glendon, Donald Ipperciel. Archives #ONfr 

Les trois organismes francophones exigent une « gouvernance francophone » et une « réappropriation »  des programmes universitaires en français, d’abord à Toronto. « L’Université York ne se mêle pas des programmes. Il y a une méconnaissance du fonctionnement de l’université. Actuellement, ce ne sont pas les anglais qui décident des programmes, ce sont nos professeurs, qui sont francophones ou francophiles », dit-il. « Glendon est bilingue. Si on nous enlève la gestion des programmes en français, Glendon n’existe plus », ajoute Donald Ipperciel.  

Selon lui, la lettre diffusée par les trois organismes francophones donne une mauvaise image à son institution. « On semble vouloir dévaluer la formation de milliers de francophones qui sont passés à Glendon. Je ne comprends pas comment l’AFO peut privilégier un futur membre comparativement à un membre existant », affirme M. Ipperciel.

Le Collège Glendon a envoyé, au cours des derniers jours, une lettre au gouvernement ontarien pour partager ses craintes. « Ce qui est dit en ce moment ne va pas dans la direction qu’on s’était entendu avec le ministère sur le fait qu’on veut collaborer. Ça ne va pas dans le sens de l’offre de choix. Ça va à contre-courant de tout ce qui a été discuté », affirme Donald Ipperciel.

Une « attaque » contre Glendon, selon Marie-France Lalonde

La ministre des Affaires francophones, Marie-France Lalonde, n’a pas caché sa surprise au sujet de la demande formulée par les trois organismes francophones.


« Je suis surprise de cette demande, de cette attaque contre un collège qui offre des programmes de qualité à sa clientèle. » – Marie-France Lalonde


Selon la ministre, l’augmentation du nombre de cours en français a toujours été l’objectif derrière le projet d’université franco-ontarienne.

« Nous avons déposé un projet de loi, la semaine dernière, pour créer une université de langue française avec une gouvernance par et pour les francophones pour bonifier l’offre de service et c’est ce que l’on a entendu depuis plusieurs années », explique Mme Lalonde.

La ministre dit appuyer le projet de l’ancienne commissaire aux langues officielles, Dyane Adam, qui recommande plutôt des partenariats avec les autres institutions postsecondaires dans le Centre-Sud-Ouest.

« Je veux être très claire, ce que l’on veut est de pouvoir d’augmenter le nombre de programmes et c’est ce que l’on entend depuis plusieurs années de ces mêmes groupes », lance-t-elle.

Carol Jolin s’étonne des réactions négatives

Le président de l’AFO, Carol Jolin, s’étonne des réactions à la suite de la lettre publiée. « Suite aux États généraux de la francophonie, il était clair que la communauté veut une université francophone avec un mandat provincial qui rapatrie tout ce qui ce se fait en français. On veut rapatrier tout ce qui se donne en français dans la province sous une gouvernance francophone », dit-il.

M. Jolin affirme ne pas savoir si cela peut se faire, mais une réflexion est nécessaire à ce sujet. « D’abord, est-ce que c’est possible de le faire sur un plan légal. Ensuite, si c’est possible, quel serait le modèle. Il va falloir penser en dehors de la boîte traditionnelle », dit-il. « Personne ne m’a prouvé qu’on ne pouvait pas le faire », affirme le président de l’AFO.

Quant à l’affirmation du Principal de Glendon concernant le désir de francophones d’étudier dans un environnement bilingue, il s’étonne. « Je ne l’ai ai pas entendu ça aux États généraux, je ne sais pas où ils étaient les gens qui pensent ça. »

Dyane Adam, qui devrait prendre les rênes du comité de mise en œuvre de l’université franco-ontarienne, saura apporter des réponses, croit-il.


POUR EN SAVOIR PLUS :

Glendon doit abandonner le français, selon l’AFO, le RÉFO et la FESFO

Le projet de loi sur l’université franco-ontarienne déposé