Une politique sur les services en français officialisée en Alberta

Gracieuseté: ACFA

EDMONTON – Le jour est pour le moins historique pour les Franco-Albertains. Le gouvernement de Rachel Notley vient de confirmer l’officialisation d’une politique sur les services en français.

C’est le ministre responsable du Secrétariat francophone, Ricardo Miranda, qui en a fait l’annonce ce mercredi 14 juin.

« Cette annonce représente un point tournant entre le gouvernement de l’Alberta et les francophones », a fait part le ministre, dans les deux langues officielles.

« Nous demeurons attentifs à la plus grande communauté linguistique dans la province après les anglophones. »

Dans le document de dix pages détaillant cette politique, on voit que celle-ci reposera sur quatre piliers : Reconnaissance et visibilité, Vitalité et développement continus, Pertinence, accessibilité et qualité comparable, et enfin, Collaboration et interactions proactives.

« C’est une politique beaucoup plus complète de ce à quoi on pouvait s’attendre », analyse Rémi Léger, professeur en sciences politiques à l’Université Simon-Fraser. « Elle est par exemple beaucoup plus détaillée que celle adoptée à Terre-Neuve-et-Labrador, ou bien dans la Saskatchewan, et qui ne comprenaient que très peu de pages. »

Pour le politologue, le symbole est assez important, du fait que la province de l’Ouest a été « très inhospitalière » vis-à-vis des francophones. « Pas besoin de remonter à 100 ans, pour s’en apercevoir. »

Depuis octobre, date du premier engagement officiel des troupes néo-démocrates de Rachel Notley, plusieurs séances s’étaient tenues entre les représentants de la communauté francophone et le gouvernement.

Le drapeau reconnu comme emblème provincial

Après cette confirmation de l’Alberta, il ne reste donc que la Colombie-Britannique qui ne bénéficie pas au moins d’une politique sur les services en français.

Autre annonce : le drapeau franco-albertain, crée en 1982, sera maintenant élevé au rang de Symbole de distinction en vertu du Emblems of Alberta Act, afin de « reconnaître que le français est une des langues officielles du Canada ».

Enfin, le gouvernement annonce aussi la mise sur pied d’un conseil consultatif matière de francophonie qui va « aider à orienter la mise en œuvre de cette politique à cibler les priorités du gouvernement et de la communauté et à trouver des moyens innovateurs d’appliquer les principes directeurs de la politique avec les ressources disponibles ».

Invité à lui aussi à dire quelques mots lors de la conférence de presse, le président de l’Association canadienne française de l’Alberta (ACFA), Albert Nolette, s’est réjoui. « Notre province souhaite embrassée les valeurs de la Charte canadienne des droits et libertés. »

Avec ce « pas en avant franchi », l’organisme porte-parole des francophones en Alberta souhaite « collaborer » avec le gouvernement pour le contenu des services en français retenus dans la politique.

« C’est une journée historique non seulement pour la francophonie albertaine, mais aussi pour l’ensemble de la francophonie canadienne », a pour sa part soutenu, le nouveau président de la Fédération des communautés francophones et acadiennes (FCFA), Jean Johnson. « De la Nouvelle-Écosse au Manitoba, de l’Ontario aux Territoires du Nord-Ouest, de l’Île-du-Prince-Édouard à l’Alberta, presque toutes les juridictions provinciales et territoriales au pays ont maintenant une loi ou une politique en matière de francophonie et de services en français. »

L’influence de la cause Caron pour cette politique

Arrivée au pouvoir en mai 2015 après 44 années de règne des progressistes-conservateurs, la première ministre Rachel Notley avait montré à plusieurs reprises son désir de se rapprocher des quelque 100 000 Franco-Albertains.

Les premiers mois du gouvernement néo-démocrate au pouvoir ont pourtant coïncidé avec l’échec de la cause Caron devant la Cour suprême du Canada, en novembre 2015. Une victoire dans cette saga judiciaire aurait permis le statut officiellement bilingue de l’Alberta.

« Cette défaite de la cause Caron a permis une prise de conscience », croît M. Léger. « Mme Notley a toujours avancé qu’elle ne voulait pas que la cause Caron ternisse ses relations avec les Franco-Albertains. »