Une gestion francophone pour le Centre Jules-Léger

Le Centre Jules-Léger d'Ottawa. Archives ONFR+

OTTAWA – Après plusieurs années d’incertitude, le gouvernement ontarien déposera un projet de loi pour donner une gestion francophone au Centre Jules-Léger et créera un comité de représentants des douze conseils scolaires de langue française pour assurer la gouvernance de l’établissement.

JEAN-FRANÇOIS MORISSETTE
jmorissette@tfo.org | @JFMorissette72

SÉBASTIEN PIERROZ
spierroz@tfo.org | @sebpierroz

La ministre de l’Éducation, Mitzie Hunter, accompagnée de la ministre des Affaires francophones, Marie-France Lalonde, et du procureur général de l’Ontario, Yasir Naqvi, en a fait l’annonce le jeudi 12 octobre, au Centre Jules-Léger.

Concrètement, le Ministère de l’Éducation transférera la gestion du centre à un consortium de 12 représentants des différents conseils scolaires de langue française.

Cette nouvelle entité, nommée Consortium du Centre Jules-Léger (CCJL), aura les mêmes pouvoirs qu’un conseil scolaire à part entière, note le gouvernement.

Sous cette nouvelle structure, le centre conservera son mandat, c’est-à-dire d’assurer la prestation de services préscolaires, scolaires (élémentaire et secondaire), résidentiels et consultatifs aux conseils scolaires de langue française, ainsi qu’aux familles francophones qui ont des enfants ayant des troubles d’apprentissage, qui sont sourds ou malentendants, qui sont aveugles ou en basse vision ou qui sont sourds et aveugles. Le centre aura pour mission de desservir la totalité de l’Ontario.

Ce projet de loi vient après des années de négociation entre les différentes parties. En 2015, le gouvernement avait annoncé la fin du centre, ce qui avait soulevé un tollé. À l’été de la même année, le commissaire aux services en français, François Boileau, avait déposé un rapport demandant la gestion « par et pour les francophones ».

En août 2016, le gouvernement avait finalement fait volte-face dans le dossier promettant une gestion francophone.

Une bonne nouvelle, selon Mitzie Hunter

Interrogée par #ONfr, la ministre Hunter s’est montrée enthousiaste face aux prochaines étapes.

« C’est une institution avec une très grande valeur pour les francophones et les gens d’Ottawa. Essentiellement, nous voulons nous assurer que la gouvernance sera par et pour les francophones », a lancé la ministre.

« Nous avons entendu haut et fort que la gouvernance devait être dans les mains des francophones pour que l’on puisse continuer de faire ce travail important. »

La ministre Hunter espère que le projet de loi sera adopté le plus rapidement possible pour permettre la mise en place de la nouvelle structure de gestion d’ici l’automne 2018. 

Lors de la conférence de presse, ce jeudi matin, Mme Hunter a confirmé que le comité principal du consortium sera composé de trois représentants des conseils catholiques, et de trois représentants des conseils publics.

Besoin criant de ressources financières

Martin Grenier, président du syndicat des employés du Centre Jules-Léger, estime que l’annonce faite par le gouvernement est une bonne nouvelle en apparence.

« Je suis content de voir qu’il y a quelque chose qui bouge (…) mais reste à voir comment ça va se concrétiser », nuance-t-il.

En réalité, le Centre Jules-Léger serait loin d’être au bout du tunnel. Les admissions sont même en chute libre depuis quelques années, selon certains intervenants en coulisses. Une cinquantaine d’élèves fréquentent aujourd’hui l’établissement. L’enveloppe budgétaire du centre, pourtant ouvert depuis 1979, aurait même baissé au cours des cinq dernières années.

Du côté des conseils scolaires, on semble bien conscient que le transfert augure de nouveaux défis. « Ça va nous prendre des sous, du personnel et une vision », laisse entendre Denis Chartrand,  président de l’Association des conseils scolaires des écoles publiques de l’Ontario (ACÉPO). « Ce sont des choses que l’on verra dans le projet de loi. (…) Si je comprends la ministre, ça va être à nous à faire un plan d’affaire, de développer une vision et de demander les fonds. Ce que le centre sera, c’est à nous de le développer et au gouvernement de l’approuver. »

Pour Carine Jacques Lafrance, directrice générale du Regroupement des parents et des amis des enfants sourds et malentendants franco-ontariens (RESO), il y a une véritable urgence dans les couloirs du Centre Jules-Léger.

Carine Jacques Lafrance, directrice générale du RESO. Crédit image : Archives #ONfr

« Nous attendons plus d’argent et beaucoup plus que les communautés anglophones en reçoivent (…) Le gouvernement a définitivement resserré la ceinture au niveau du Centre Jules-Léger, ces dernières années. S’il y a moins d’élèves admis, il y a donc moins de personnel en salle de classe et moins d’appui pour les élèves et les parents. »

Le Centre Jules-Léger est le seul établissement à offrir des services spécialisés du genre dans la langue de Molière en Ontario. En 38 ans d’existence, plus de 700 élèves l’ont fréquenté.