Une étude préoccupante sur les migrations des francophones

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OTTAWA – Les régions à forte présence francophone en zone minoritaire au Canada peinent à conserver leurs jeunes. C’est du moins ce que révèle une étude réalisée par l’Institut canadien de recherche sur les minorités linguistiques (ICRML) concernant les migrations à l’intérieur du pays, et rendue public, lundi 22 juin.

SÉBASTIEN PIERROZ
spierroz@tfo.org | @SebPierroz

Au total, 34 des 63 régions identifiées  à présence francophone hors Québec  obtiennent un solde migratoire négatif important, c’est-à-dire que les jeunes sont plus nombreux à quitter ces régions qu’à s’y établir. Un chiffre sur la période 2001-2011 et qui englobe ici toutes les communautés linguistiques.

Là où le bât blesse, c’est que les jeunes francophones souffrent d’un solde migratoire beaucoup plus négatif que leurs homologues anglophones dans « 70% des cas », selon le professeur de l’ICRML Dominique Pépin-Filion.

C’est particulièrement vrai en Ontario où les francophones à Ottawa accusent un taux de migration négatif de 0,5%, contrairement à la langue majoritaire (+4,4%). À Toronto, le taux de migration des francophones a par ailleurs baissé de 5,7% sur ladite période, alors que la chute n’est que de 1,3% pour les anglophones.

Seules deux des 14 régions de l’Ontario mises en avant dans l’étude bénéficient d’un taux de migration positif pour les francophones. Il s’agit de la région de Kingston, Pembroke et les environs (+36,2%) ainsi que Barrie, Penetanguishene et les environs (+44,4%). Le document affirme également que dans onze régions ciblées, les anglophones restent plus longtemps que les francophones.

Les chiffres sont tout aussi inquiétants pour les provinces maritimes. Seules trois régions sur neuf du Nouveau-Brunswick affichent un solde migratoire positif pour les jeunes francophones, contre deux régions sur six en Nouvelle-Écosse.

« Il y a beaucoup plus de francophones concentrés dans les régions rurales, ce qui pourrait expliquer le poids important des déplacements », avance M. Pépin-Filion.

 

Déplacement vers l’ouest

En revanche, la même étude indique que les jeunes francophones sont de plus en plus nombreux à se déplacer vers l’ouest. En témoignent Calgary et ses environs (+99,6%) ou bien le Grand Vancouver (+2,1%).

En tout, 17 des 25 régions identifiées dans les Prairies et la Colombie-Britannique bénéficient d’un solide migratoire positif pour les francophones. « Les déplacements de francophones sont fréquents au Canada, mais se font vers d’autres centres urbains, comme l’ouest », conclut  M. Pépin-Filion

L’étude repose sur une combinaison de sondage auprès de plus de 360 intervenants de 18 à 34 ans concernés par la migration des jeunes francophones ainsi que d’un portrait statistique des migrations des jeunes adultes francophones.

Elle avait été commandée  conjointement par Place aux jeunes en région (PAJR) et la Fédération des communautés francophones et acadienne (FCFA) du Canada.