Une commissaire intérimaire pour remplacer Graham Fraser

L'ancien commissaire aux langues officielles du Canada, Graham Fraser. Crédit image: Archives #ONfr

OTTAWA – C’est aujourd’hui que Graham Fraser quittait ses fonctions après dix ans passés à la tête du commissariat aux langues officielles (CLO). Si personne ne devrait lui succéder officiellement avant quelques mois, le nom de sa remplaçante intérimaire a finalement été annoncé en fin de journée.

BENJAMIN VACHET
bvachet@tfo.org | @BVachet

Ghislaine Saikaley, d’Ottawa, assurera l’intérim du commissaire aux langues officielles du Canada, pour un mandat de six mois, ou jusqu’à ce qu’un commissaire aux langues officielles du Canada soit nommé, a précisé le gouvernement en fin de journée, le vendredi 16 décembre. Mme Saikaley a rejoint le CLO en juillet 2008 en tant que commissaire adjointe à la Direction générale de l’assurance de la conformité et dirigeait jusqu’à maintenant le programme d’enquêtes, de vérifications et de mesure du rendement en vertu des dispositions de la Loi sur les langues officielles. Elle compte 31 années d’expérience dans la fonction publique fédérale, dont 16 à titre de cadre supérieure.

Elle succède donc à Graham Fraser qui, comme nous le révélions en septembre dernier, avait accepté de prolonger son mandat de quelques mois, alors que celui-ci devait originalement se terminer le 16 octobre, tout en précisant qu’il n’irait pas au-delà de 2016. À l’époque, aucune offre d’emploi n’avait été publiée pour le remplacer, mais M. Fraser se montrait confiant.

« Mon successeur ne sera pas nommé avant le 16 octobre et il m’a été demandé de prolonger mon mandat de quelques semaines. Mais je suis confiant que ça ne devrait pas prendre trop de temps puisque ce sera géré par le bureau du conseil privé. Toutefois, avec tous les postes vacants qu’il y avait à combler, cela ne me surprend pas de devoir prolonger un peu mon mandat. »

Après dix ans passés à la tête du Commissariat aux langues officielles (CLO), l’ancien journaliste du Toronto Star, MacLean’s ou encore du journal Le Devoir n’aura pas été entendu. La situation actuelle n’est toutefois pas extraordinaire si on se fie aux expériences passées des anciens commissaires aux langues officielles, Dyane Adam et Victor Goldbloom.

La présidente de la Fédération des communautés francophones et acadienne (FCFA) du Canada, Sylviane Lanthier, a profité, vendredi, de l’occasion  pour lui rendre hommage.

« Je pense que la première chose à faire est de remercier M. Fraser pour son travail pendant ces dix années l’avancement de la dualité linguistique au Canada. Il faut reconnaître son œuvre et sa contribution à beaucoup de réflexion. Nous avons aimé travailler avec lui, même s’il a connu des moments difficiles comme commissaire. »

Au plus tard en juin

Le gouvernement devra lui trouver un remplaçant officiel dans les prochains six mois, la Loi sur les langues officielles, dans sa partie IX, prévoyant en effet qu’il s’agit de la durée maximale pour un intérimaire au poste de commissaire.

Le député libéral et président du Comité permanent des langues officielles, Denis Paradis, dédramatise la situation.

« Nous sommes dans le temps des Fêtes et la Chambre des communes ne siège plus. Ce qui va être important, c’est surtout que le processus de nomination d’un commissaire commence en janvier à notre retour et que quelqu’un assure l’intérim en attendant. »

La présidente de la FCFA se montre, quant à elle, patiente.

« Au retour des fêtes, dans la nouvelle année, il sera important qu’on reparle de la nomination du prochain ou de la prochaine commissaire aux langues officielles. »

Le porte-parole aux langues officielles pour le Nouveau Parti démocratique (NPD), François Choquette se montre nettement moins indulgent.

« Ça fait un an que je m’inquiète de la situation! Le gouvernement était au courant depuis janvier dernier et a traîné les pieds! Les problèmes en matière de langues officielles sont nombreux et malgré les efforts de M. Fraser pour ne pas accumuler de retard, les plaintes s’ajoutent. Sans commissaire, qui va intervenir quand, par exemple, une compagnie comme TransCanada décide de publier sa documentation uniquement en anglais? C’est inacceptable! »

La date limite de mise en candidature, initialement prévue pour le 2 décembre, a été repoussée et les candidats ont désormais jusqu’au 9 janvier 2017 pour postuler. La durée du mandat d’un commissaire aux langues officielles est de sept ans.