Un syndicat franco-ontarien actif en Afrique

Le chef syndical des enseignants franco-ontariens, Carol Jolin, au fond, a partagé son expérience avec ses homologues de Madagascar. Courtoisie, Association des enseignants franco-ontariens

TORONTO – L’Association des enseignants franco-ontariens (AEFO) ne mène pas seulement ses luttes syndicales en sol ontarien. Le syndicat participe actuellement à des actions internationales, notamment à Madagascar en Afrique, où les défis en matière d’éducation sont énormes.

ÉTIENNE FORTIN-GAUTHIER
efgauthier@tfo.org | @etiennefg

Carol Jolin, président de l’AEFO, était en première ligne lors des négociations entre les enseignants et le gouvernement de l’Ontario ces derniers mois. Quelques semaines après la ratification d’une entente, cet automne, il a sauté dans un avion pour l’Afrique. L’objectif n’était pas de se la couler douce, mais plutôt de partager son expérience syndicale avec ses homologues de Madagascar.

« Il y a des défis syndicaux énormes dans le pays. L’accréditation syndicale n’est pas obligatoire. Certains syndicats sont aussi créés par le gouvernement qui n’hésite pas à les utiliser pour ses propres intérêts. Sinon, plusieurs profs doivent attendre des mois avant d’être payés ou souffrent d’un manque de qualification », explique le président de l’AEFO. Le pays africain a l’un des indices de développement humain les plus bas au monde, selon le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD).

L’AEFO s’implique à Madagascar par l’entremise du Comité syndical francophone de l’éducation et de la formation. « Grâce à ce bras international, on donne un coup de main en terme d’organisation aux pays africains. Des syndicats du Québec, de France et de Suisse sont aussi actifs. Je crois qu’il est essentiel de redonner au reste de la planète », a soutenu M. Jolin, lors d’un récent entretien avec #ONfr.

Lors du plus récent rassemblement, l’AEFO et ses partenaires internationaux souhaitaient notamment donner leur appui et offrir de la formation aux membres du syndicat Fekrimpama, basé à Madagascar. L’organisation syndicale est au coeur d’un véritable bras de fer avec le gouvernement. Il dénonce régulièrement les pressions de l’État qui souhaite que les enseignants fassent la promotion de certains politiciens lors des élections.

Déclaration commune

La rencontre à Madagascar entre les représentants du Comité et des leaders syndicaux malgaches s’inscrivait dans le cadre des préparatifs d’un grand sommet syndical. Cette rencontre aura lieu en novembre 2016 quelques jours avant le Sommet de la francophonie, qui se déroulera aussi à Madagascar.

« Notre comité syndical international va adopter une déclaration commune et nous la ferons suivre aux pays de la francophonie », a révélé M. Jolin. Il ne participera pas au Sommet de l’automne. Il rappelle que son mandat doit se terminer en août prochain.

L’AEFO a un rôle à jouer dans les grands combats syndicaux internationaux, selon M. Jolin, qui estime que cela s’inscrit dans le mandat de son organisation de représentation des enseignants franco-ontariens. « C’est une question de justice sociale, c’est notre petite implication au niveau de la justice sociale. On ne met pas de grosses sommes d’argent là-dedans. On a des subventions, notamment de l’Organisation internationale de la francophonie », dit-il.

Les syndicats francophones représentés dans le Comité syndical francophone de l’éducation et de la formation partagent aussi des problématiques communes. Les coupures et le manque de financement en éducation, la dévalorisation de la profession d’enseignant et la manque de ressources éducatives sont au nombre des préoccupations de tous les membres, révélait un récent mémo envoyé aux membres de l’AEFO.