Un organisme franco-ontarien en danger

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ORLÉANS – L’Association francophone de parents d’enfants dyslexiques (AFPED) pourrait disparaître prochainement. L’organisme fournissant un support aux parents franco-ontariens dont les enfants sont victimes de dyslexie n’a aujourd’hui plus les reins assez solides pour assurer sa survie.

SÉBASTIEN PIERROZ
spierroz@tfo.org | @sebpierroz

D’après ce qu’a appris #ONfr, l’association se trouve dans l’impossibilité de réunir notamment 85000$ avant le 15 mai, pour payer entre autres, son loyer au Centre de ressources communautaires Orléans-Cumberland. Le contrat qui la lie à l’édifice situé au 240, rue Centrum, à Orléans, doit se terminer fin juin.

« Nous n’avons tout simplement plus d’argent », déplore la directrice générale, Suzanne Bonneville, très émue. « Nous avons dû faire du troc, et donner une partie de nos meubles pour continuer à payer ce loyer. »

Outiller les parents dont les enfants font face à des troubles d’apprentissage, les guider vers les démarches à entreprendre, les conseiller sur les livres et logiciels spécialisés : voilà grosso modo la mission première de l’organisme. Reste que l’association fondée en 1998 n’arrive plus à trouver la moindre subvention gouvernementale pour financer ses activités.

« Nous nous sommes tournés vers le ministère de l’Éducation en Ontario. J’ai parlé personnellement à Janine Griffore (sous-ministre de la Division de l’éducation en langue française) au mois de février, mais rien n’a suivi », se désole la directrice générale.

Jusqu’à maintenant, l’AFPED avait pu survivre grâce aux quelques subventions antérieures, aux dons de ses membres, et à l’aide des bénévoles.

La donnée de 10% est souvent avancée par les spécialistes pour évaluer la proportion d’enfants ayant des troubles d’apprentissage. « Considérant que nous avons 100000 élèves francophones dans les écoles en Ontario, on peut considérer que 10000 familles peuvent être en détresse avec la fin de notre association. »

Enjeu pour les conseils scolaires

Bien que l’AFPED ne soit pas l’organisme francophone le plus connu, sa possible fermeture inquiète grandement. À commencer par le directeur général de l’Assemblée de la francophonie de l’Ontario (AFO), Peter Hominuk : « Le point critique a été atteint. Il faut que les choses débloquent. »

Si l’on en croit l’organisme porte-parole des francophones en Ontario, la survie de l’association est plus que nécessaire : « Les parents d’enfants dyslexiques francophones ont l’habitude de demander des conseils à l’AFPED. Si les services ne sont plus là, ils risquent de scolariser leurs enfants dans des conseils anglophones, car il existe plusieurs associations du type de l’AFPED en langue anglaise. »

Second enjeu : la représentation. « Aux tables de discussions provinciales, notamment sur l’éducation, il est important d’avoir l’expertise d’une association comme l’AFPED. L’éducation ne se fait pas de la même façon suivant la langue, donc la manière de supporter un élève dyslexique, qu’il soit francophone ou anglophone, est différente. »

L’AFO a débuté des discussions avec Mme Griffore pour obtenir une solution sur l’avenir de l’AFPED, mais n’a obtenu encore aucune garantie.