Un budget fédéral sans saveur pour les francophones

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OTTAWA – Les francophones en milieu minoritaire ne sont pas plus avancés. Le dépôt du document budgétaire par le gouvernement Trudeau, mercredi 22 mars, comporte peu de mentions directes à la francophonie.

SÉBASTIEN PIERROZ
spierroz@tfo.org | @sebpierroz

Il faut une fois de plus se pencher sur le document de 324 pages pour des références aux langues officielles. Et les propositions susceptibles d’intéresser les Franco-Ontariens et autres Acadiens ne possèdent pas forcément de lentille francophone.

C’est notamment le cas d’Entrée express, destiné à faciliter l’immigration au Canada. Le budget 2017 prévoit la modification de la Loi sur l’immigration et la protection des réfugiés et insiste que le programme « réponde aux besoins du marché du travail canadien, et à ce que les candidats les plus susceptibles de réussir au Canada soient sélectionnés ».

Concernant l’immigration, toute référence aux francophones est absente. Mesure phare de l’équipe Trudeau concernant les nouveaux arrivants : une enveloppe de 62,9 millions de dollars sur cinq ans, et 11,5 millions par la suite, pour améliorer la prestation des services d’aide juridique pour l’immigration et les réfugiés.

« Le budget fait beaucoup de place à l’immigration, ce qui a un côté positif, mais il n’accorde aucune place à l’immigration francophone et ne la mentionne aucunement », laisse entendre la vice-présidente de la Fédération des communautés francophone et acadienne (FCFA), Audrey LaBrie, en entrevue pour #ONfr. « On fait allusion à aller chercher du talent à l’étranger, mais pas à chercher du talent francophone. »

Le constat est aussi à la déception pour le porte-parole néo-démocrate pour les langues officielles, François Choquette. « C’est plutôt décevant. On aurait plutôt besoin d’indexer tous les fonds en langues officielles. Par exemple, le budget du commissaire aux langues officielles est gelé depuis une dizaine d’années. On manque une occasion d’investir. »

Pour attirer le tourisme, le budget prévoit aussi de rendre permanent, à compter de 2018-2019, le financement annuel de 37,5 millions de dollars de Destination Canada. Quelque 8,6 millions de dollars sont envisagés sur quatre ans à Affaires autochtones et du Nord Canada pour stimuler le tourisme. En revanche, la lentille francophone n’est pas mise en avant.

« La FCFA est déçue du manque d’engagement de la part du gouvernement fédéral envers les communautés de langues officielles en situation minoritaire », résume Mme LaBrie. « On aurait dû y voir une place plus importante pour la dualité linguistique, et elle n’était pas là. »

Points positifs

En comparaison du budget 2016 (investissement supplémentaire pour Radio-Canada/CBC, rétablissement du programme de contestation judiciaire), le document du ministre des Finances, Bill Morneau, est moins généreux cette année pour les francophones. Mais il comporte tout de même quelques points positifs.

Quelque 2 millions de dollars seront accordés sur deux ans au Service administratif des tribunaux judiciaires afin d’accroître la capacité des cours fédérales à rendre les décisions disponibles en français et en anglais.

Par ailleurs, le gouvernement Trudeau s’engage à un montant de 1,8 milliard de dollars supplémentaires sur dix ans dans le secteur des arts et de la culture. Selon l’équipe libérale, il s’agit ici d’un « appui » à l’investissement de 1,9 milliard de dollars sur cinq ans annoncé l’an passé.

Une mesure qui réjouit en tout cas le président de la Fédération canadienne culturelle-française (FCCF), Martin Théberge, en entrevue pour #ONfr. « C’est extrêmement positif. Ce budget est plus relaxe (sic), mais dans la continuité de celui de l’année dernière. »

La somme de 80 millions de dollars prévue sur dix ans pour des infrastructures éducatives construites en collaboration avec les provinces dans les communautés en situation minoritaire est aussi saluée par la FCCF. « On parle d’ici d’argent très spécifique qui comprend notamment les centres pour la petite enfance. »

« Cette somme de 80 millions reste peu et ne répond pas assez aux besoins des communautés », tempère M. Choquette. « On peut voir avec l’exemple des francophones en Colombie-Britannique. »

À noter que la porte-parole conservatrice en matière de langues officielles, Sylvie Boucher, n’était pas disponible au moment de mettre ces informations sous presse.