Timmins : « On n’accepte plus de se faire niaiser »

Timmins compte une proportion de francophones de 37,2%. WikiCommons

TIMMINS – L’impatience est palpable chez plusieurs acteurs francophones de Timmins, qui exigent depuis des années un centre de santé communautaire. Les résultats d’une neuvième consultation sur la question seront dévoilés au cours des prochains jours. Si le dossier ne débloque pas, le directeur de l’Alliance de la francophonie de Timmins promet d’aller devant les tribunaux.

ÉTIENNE FORTIN-GAUTHIER
efgauthier@tfo.org | @etiennefg

« Si le rapport est en faveur du projet, la balle va être dans le camp des autorités de la santé. Si elles continuent de dire non au centre, on aura toutes les armes nécessaires pour aller devant les tribunaux », lance le directeur de l’Alliance, Sylvin Lacroix.

En entrevue avec #ONfr, il répète que le jugement qui a permis de sauver l’hôpital francophone de Montfort est clair. « La loi force le gouvernement à offrir des services égaux en français et en anglais dans une région comme la nôtre. Pas un service équivalent, des services égaux », tranche-t-il.

Dans cette optique, même si le nouveau rapport du comité chargé d’étudier l’accès aux services de santé en français à Timmins était défavorable au centre de santé communautaire, l’Alliance croit qu’elle aurait gain de cause devant les tribunaux.

« Si le rapport s’oppose au projet, on devra s’en aller quand même en cour…même si on ne veut pas poursuivre notre gouvernement », dit-il.

Neuf consultations ont été menées par différentes organisations publiques ou communautaires au cours des dernières années, rappelle M. Lacroix. « On n’accepte plus de se faire niaiser », lance-t-il avec exaspération. Il affirme que les dirigeants de la santé et le gouvernement repoussent depuis trop longtemps le projet qui est pourtant essentiel pour les Franco-Ontariens de la région.

Un francophone de Timmins peut difficilement recevoir des services de santé d’urgence dans sa langue, selon l’Alliance de la francophonie de Timmins. « Dès le triage qui se fait à l’arrivée à l’hôpital, on est incapable d’avoir quelqu’un qui parle français. Dans les autres services, c’est une question de chance », selon son directeur. L’attente pour des soins en santé mentale est aussi très longue, ajoute-t-il.

M. Lacroix rapporte que le niveau de service en français semble suffisant dans une seule sphère : les services de santé à domicile.

Le nouveau centre de santé communautaire francophone regrouperait sous un même toit des médecins et d’autres intervenants de sphères connexes, tels des travailleurs sociaux et des diététistes.

L’an dernier, l’Alliance avait envoyé une mise en demeure à l’endroit du ministère de la Santé et des Soins de longue durée ainsi qu’au Réseau local d’intégration des services de santé (RLISS) du Nord-Est, qui n’ont jamais donné de feu vert pour le projet. Pour régler cette impasse, le RLISS a accepté de financer la production du rapport attendu pour le 10 juin prochain.

D’autres acteurs interpellés

La question du Centre de santé communautaire est revenue à l’avant-plan, le mercredi 25 mai, lors de l’assemblée générale du Réseau du mieux-être francophone du Nord de l’Ontario. L’organisme a la responsabilité de conseiller le RLISS dans l’offre de services de santé en français. Selon les dirigeants de l’Alliance de la francophonie de Timmins, le Réseau n’appuie pas assez fermement le projet de centre de santé communautaire.

« On apprécie le travail qui est fait ailleurs dans le nord par votre organisation, mais nous on a besoin que le Réseau nous aide à faire respecter nos droits en vertu de la Loi 8. On veut votre appui solide et unanime », a lancé Pierre Bélanger, président de l’Alliance francophone de Timmins à l’intention du conseil d’administration. « Que la communauté francophone de Timmins n’ait pas encore son centre, c’est ésotérique », a-t-il ajouté lors de l’assemblée.

Diane Quintas, directrice du Réseau du mieux-être, adopte une position prudente dans ce dossier. « Comme a répondu notre présidente, on attend pour l’instant le rapport. Ça fait plusieurs années qu’on travaille avec la communauté pour trouver des solutions », a-t-elle soutenu lors d’un entretien avec #ONfr.

Le Réseau du mieux-être est un organisme financé à la fois par le gouvernement du Canada et celui de l’Ontario pour conseiller en matière de santé en français les acteurs de la santé de la région. « On travaille en partenariat », insiste Mme Quintas.

Selon l’Alliance, le centre de santé communautaire de Timmins nécessiterait un budget de 2,3 millions $ annuellement pour son fonctionnement, sans compter les coûts initiaux.