Timmins : bras de fer entre les francophones et la province

TIMMINS – La tension monte d’un cran entre la communauté francophone de Timmins et le gouvernement de l’Ontario. L’Alliance de la francophonie de la ville annonce avoir envoyé une mise en demeure à l’endroit du ministère de la Santé et des Soins de longue durée ainsi qu’au Réseau local d’intégration des services de santé (RLISS) du Nord-Est.

SÉBASTIEN PIERROZ
spierroz@tfo.org | @SebPierroz

Motif : l’agence régionale de santé, directement sous la houlette de la province, refuserait toujours la construction d’un centre de santé communautaire francophone. C’est du moins ce qu’affirme le directeur général de l’organisme, Sylvin Lacroix, à #ONfr. « L’affaire traîne depuis maintenant 25 ans. Nous avons reçu une multitude de fin de non-recevoir par le RLISS. Nous avons donc décidé d’agir. »

Des médecins, des travailleurs sociaux, des diététiciens réunis sous le même toit, c’est grosso modo ce que réclament depuis plus de deux décennies les francophones de Timmins.

D’après l’Alliance, la raison avancée par le RLISS reste le manque de fonds pour la réalisation du projet, estimé à 2 millions $ pour la construction, et dont le financement annuel serait de 4 millions $. Le tout géré assez largement par le provincial, moyennant une petite participation financière du gouvernement fédéral.

Décrit par l’Alliance comme un soutien précieux au dossier, le député néo-démorate de Timmins–Baie-James, Gilles Bisson, ne mâche pas ses mots à l’égard du gouvernement libéral : « Les conservateurs et libéraux, une fois au pouvoir, n’ont jamais fait avancer ce dossier. Le gouvernement Wynne privilégie les équipes de santé familiale communautaire (ÉSFC) aux centres de santé communautaires, mais le service y est souvent moins bon. »

Joint par #ONfr, le RLISS du Nord-Est s’est contenté de répondre par courriel qui’« il ne serait pas approprié pour nous de faire des commentaires à ce moment. »

Démographie

L’injustice pour M. Lacroix est d’autant plus grande que Sudbury possède déjà deux établissements du genre, tandis que North Bay avec ses 53 000 résidents et Kapuskasing avec ses 8200 résidents bénéficient d’une construction francophone de la sorte. « Le RLISS a de l’argent pour beaucoup de choses, mais pas pour nous. »

C’est également l’avis de M. Bisson : « Ce n’est pas logique au vu de la démographie locale. Le problème dure depuis trop longtemps. »

Selon les chiffres du dernier recensement de Statistique Canada en 2011, Timmins comptait 43 165 résidents pour une proportion de francophones estimée à 37,2%.

« Nous avons toujours un problème aigu d’un manque de personnel au niveau de la santé francophone dans le Nord », renchérit M. Lacroix, faisant écho du même coup à l’enjeu de l’immigration dans cette partie de l’Ontario, soulevé par un forum à Thunder Bay il y a deux semaines.

Caza sur le coup

Même si la mise en demeure n’implique pas immédiatement la voie des tribunaux, l’Alliance a fait en tout cas appel au cabinet de l’avocat de renom Ronald Caza pour donner un coup d’accélérateur au dossier.

« Il semble qu’ils (L’Alliance de la francophonie) veulent une solution à l’amiable et nous sommes prêts à les aider dans ce sens », a réagi Érik Labelle-Eastaugh, du cabinet CazaSaikeley, sans donner plus de renseignements sur la procédure.

Véritable figure de proue franco-ontarienne, Me Caza a entre autres plaidé la cause de l’Hôpital Montfort menacé de fermeture entre 1997 et 2001. Plus récemment, il  a défendu la municipalité de Russell dans le dossier de l’affichage bilingue ou encore le résident d’Orléans, Michel Thibodeau, lequel réclamait des compensations financières à Air Canada pour avoir négligé la Loi sur les langues officielles.