Sue Duguay, une jeune néo-brunswickoise engagée

La présidente de la Fédération des jeunes francophones du Nouveau-Brunswick (FJFNB), Sue Duguay
La présidente de la Fédération des jeunes francophones du Nouveau-Brunswick (FJFNB), Sue Duguay. Crédit photo: gracieuseté

[LA RENCONTRE D’ONFR] 

MONCTON  – Sue Duguay est une passionnée de politique. Présidente de la Fédération des jeunes francophones du Nouveau-Brunswick (FJFNB) depuis mai 2016, cette jeune femme de 18 ans souhaite faire entendre la voix des jeunes Acadiens et francophones, notamment en militant activement pour le droit de vote à 16 ans. #ONfr est allé à sa rencontre.

JEAN-FRANÇOIS MORISSETTE
jmorissette@tfo.org | @JFMorissette72

« Pourquoi avez-vous commencé à vous impliquer dans le milieu associatif?

C’est intéressant en fait parce que je ne l’ai pas fait de façon volontaire. J’ai des amis qui sont venus me voir pour me demander de devenir représentante de mon école secondaire. J’ai accepté simplement pour avoir de nouveaux projets, même si je n’étais pas nécessairement l’élève qui était la plus politisée. En plus, je n’étais pas l’élève la plus extravertie, mais en le faisant, j’ai développé mon intérêt pour la cause de la francophonie et la place des jeunes.

Vous aviez tout de même une passion pour la politique avant?

Absoluement! Je suis une féministe, une personne passionnée par ma langue et qui adore le bilinguisme. Ce sont des éléments que j’ai pu approfondir grâce à mon implication au sein de la FJFNB. Avec les expériences que j’ai acquises au cours de mes deux mandats comme présidente et avant à la vice-présidence, je pense que maintenant je peux dire que je me dirige plus sérieusement vers le monde politique.  

Qu’est-ce qui distingue la jeunesse francophone du Nouveau-Brunswick?

Nous avons une jeunesse qui est extrêmement politisée. On voit de plus en plus que les jeunes veulent voir des changements au sein dans la société, notamment en créant et s’impliquant dans des causes plus politiques. Il y a une réflexion très mature de la part des jeunes néo-brunswickois.

Est-ce que le bilinguisme officiel du Nouveau-Brunswick change la vision de la francophonie chez la jeunesse?

Nous sommes la seule province qui est bilingue, c’est un fait. Que l’on veuille ou non, ça change quelque chose dans notre mentalité. Dans une province comme la nôtre, nous retrouvons des gens qui vivent dans des lieux à majorité francophone, tandis que d’autres vivent dans une situation minoritaire. C’est inquiétant de voir ces réalités de minorités linguistiques, mais ça donne une dynamique intéressante.

Il y a quelques mois, il y a la controverse entourant le slogan « Right Fiers » dans le cadre des Jeux de la francophonie canadienne qui ont eu lieu à Moncton et Dieppe. Croyez-vous qu’il s’agissait d’un bon slogan?

Ce sont les jeunes qui l’ont choisi. Est-ce que ça représente la francophonie canadienne? Je ne sais pas, mais ce n’était pas notre objectif. Nous, on voulait représenter le français qui est parlé dans le Sud-Ouest du Nouveau-Brunswick. On voulait vraiment que les jeunes qui viennent d’ailleurs aient le sentiment d’entendre notre parler et de voir ce que c’est que d’être francophone ici. Je crois que ça parle beaucoup sur qui nous sommes en tant que Néo-Brunswickois. Il fallait avoir confiance en nous pour inviter le pays avec ce slogan.

Le nouveau bureau de direction de la Fédération de la jeunesse canadienne-française. De gauche à droite, Louis Roux, trésorier, Justin Johnson, président et Sue Duguay, vice-présidente
Le nouveau bureau de direction de la Fédération de la jeunesse canadienne-française. De gauche à droite, Louis Roux, trésorier, Justin Johnson, président et Sue Duguay, vice-présidente. (Crédit photo : FJCF)

Comment voyez-vous la francophonie canadienne?

C’est difficile de définir ce qu’est le français canadien. Nous avons tellement de différents accents d’un bout à l’autre du pays, mais il y a une chose qui nous rassemble et c’est la fierté que l’on a pour notre langue. Peu importe que l’on soit en Alberta ou dans les territoires au Nord, il y a quelque chose qui nous motive à conserver le français.

L’un des projets majeurs de la FJFNB est de faire abaisser le droit de vote à 16 ans. En quoi, c’est important?

C’est toujours intéressant comme question. Pour moi, c’est tellement simple quand on y pense. À 16 ans, nous avons les capacités pour prendre des décisions importantes. Certains commencent à conduire, d’autres vont choisir leur futur. Il ne faut pas oublier que nous subissons directement les impacts de plusieurs décisions politiques. Sans le droit de vote, nous n’avons pas de parole. C’est simplement ridicule.

Est-ce que les jeunes sont assez pris au sérieux, car c’est toujours un peu l’argument?

Notre proposition à la FJFNB est d’abaisser le droit de vote à 16 ans, mais en ajoutant des cours d’éducation civique obligatoires en salle de classe. Nous sommes conscients que plusieurs jeunes ne se sentent pas nécessairement prêts à voter demain matin, mais quand on y pense, il y a des adultes qui votent pour un politicien simplement pour ses beaux yeux. Ça démontre qu’il y a une problématique qui n’est pas uniquement à la jeunesse et qu’il faut créer des générations d’électeurs dès l’école secondaire.

Où en est le projet au Nouveau-Brunswick?

Il faut comprendre que l’on travaille avec la scène politique donc il y a toujours des hauts et des bas. Plus on va approcher l’élection, plus on va en parler. Là, on travaille tellement fort pour conscientiser les politiciens à l’importance du dossier, mais c’est un travail à long terme.

Par le passé, la FJFNB s’est prononcée en faveur du bilinguisme de la Ville d’Ottawa. Pourquoi c’était important de faire une sortie publique?

C’est juste normal, selon moi. Le Canada est un pays officiellement bilingue, mais quand on regarde la capitale, elle ne l’est pas. C’est contradictoire. On sait que la Fédération de la jeunesse franco-ontarienne (FESFO) travaille tellement fort pour faire aboutir le projet. En tant que présidente de la FJFNB, je voulais que l’on démontre notre appui.

En terminant, si vous étiez à la place de Justin Trudeau, quelle serait votre première mesure pour les francophones?

La première chose que je ferais si j’étais la première femme à faire un plein mandat comme première ministre serait de faire un grand discours significatif pour démontrer mon appui à la langue française. De manière générale, on voit très peu de politiciens qui appuient directement la langue française. On les voit plutôt se prononcer pour le bilinguisme. Une langue minoritaire, qui doit travailler doublement plus fort pour rester en vie, mérite d’avoir un appui direct sur la place publique. »


LES DATES-CLÉS DE SUE DUGUAY :

1999 : Naissance à Miramichi (Nouveau-Brunswick)

2013 : Implication comme représentante scolaire à la FJFNB.

2016 : Devient présidente de la FJFNB

2017 : Obtient le poste de vice-présidente de la Fédération de la jeunesse canadienne-française (FJCF)

2017 : Début d’études en sciences politiques à l’Université de Moncton

Chaque fin de semaine, #ONfr rencontre un acteur des enjeux francophones ou politiques en Ontario et au Canada.