Seulement 80% des postes désignés bilingues comblés en Ontario

L'Assemblée législative de l'Ontario. Archives, #ONfr

TORONTO – Quasiment trente ans après le vote de la Loi sur les services en français, (Loi 8 de 1986), l’Ontario ne parvient toujours pas à combler ses postes désignés bilingues au sein de la fonction publique.

SÉBASTIEN PIERROZ
spierroz@tfo.org | @sebpierroz

D’après les chiffres obtenus par #ONfr, la province compte une proportion d’environ 4% de postes désignés bilingues. Or, seulement 80% d’entre eux sont comblés.

En décembre 2015, sur les 66349 emplois dans ce secteur en Ontario, 3329 étaient directement réservés à du personnel bilingue. Un total de 2653 d’entre eux avait trouvé preneur.

Lors du début de la pleine application de la Loi en 1989, l’Ontario comptait environ 86000 postes permanents dans la fonction publique, pour 5200 emplois réservés à des personnes bilingues. La proportion de postes bilingues demeurait alors toujours de 80%.

Une pénurie d’agents bilingues importante dans la police, ou encore les travailleurs sociaux, qui inquiète, même si cette exigence d’un certain nombre de postes bilingues n’est pas inscrite directement dans la Loi 8.

Interrogée par #ONfr, la ministre déléguée aux Affaires francophones, Madeleine Meilleur, dresse un constat semblable : « C’est très difficile de recruter. Ce n’est pas parce que il n’y a pas d’efforts de mis. J’invite les jeunes à étudier en français car il y a beaucoup de postes qui leurs sont disponibles. À Toronto particulièrement, il est difficile d’embaucher des personnes bilingues. »

Étudier en français pour combler les postes, c’est aussi l’idée de la critique en matière d’Affaires francophones du Parti progressiste-conservateur de l’Ontario, Gila Martow : « L’université franco-ontarienne à Toronto serait donc la bonne solution, mais aussi une immigration francophone beaucoup plus soutenue dans la province qui atteindrait une proportion de 5% des immigrants. »

La députée de Thornhill enfonce même le clou : « Le gouvernement a dépensé beaucoup d’argent pour les célébrations du 400e anniversaire de présence française en Ontario, mais où sont les résultats au sujet des postes bilingues de la fonction publique, de l’immigration francophone, ou encore l’université franco-ontarienne? »

L’Ontario doit davantage recruter, et pourquoi pas effectuer des campagnes dans ce sens, estime pour sa part François Larocque, professeur de droit à l’Université d’Ottawa. « On traite ces postes bilingues comme n’importe quel poste. Le gouvernement est titulaire d’obligations et doit mettre plus l’emphase sur le recrutement. »

« Autre modèle de service »

Pour la critique en matière d’Affaires francophones du Nouveau Parti démocratique (NPD), France Gélinas, la solution reste « un autre modèle de service » capable de satisfaire les francophones.

« Les postes désignés bilingues, c’est un strict minimum et je n’accepte pas que ceux-ci ne soient pas comblés. De plus, lorsque cette personne bilingue est en congé, en deuil, ou sur la toilette, qui la remplace? »

La députée de Nickel Belt affirme que le problème se pose avec acuité dans le Nord de l’Ontario. « Obtenir des services en français au ministère des Richesses naturelles et des Forêts, c’est comme arracher des dents. »

Pour pallier ces manques, Mme Gélinas préconise des « équipes entières désignées aux services » pour que tous les postes soient occupés de manière permanente.

« L’énergie qui est mise sur les services en français par ce gouvernement, c’est zéro », finit-elle par trancher.