Santé : Ouverture pour un sous-ministre francophone

Avant les changements de règles, les partis politiques tentent de renflouer leurs caisses.

TORONTO – Le Livre blanc sur la santé de l’Assemblée de la francophonie de l’Ontario (AFO) pourrait bientôt porter ses premiers fruits. Après quelques réticences, le gouvernement provincial semble prêt à donner suite à l’une des principales recommandations du document, soit de nommer un sous-ministre adjoint responsable des services en français au ministère de la Santé et des Soins de longue durée.

FRANÇOIS PIERRE DUFAULT
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SÉBASTIEN PIERROZ
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BENJAMIN VACHET
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« Nous travaillons à mettre en œuvre cette recommandation », a fait savoir à #ONfr la ministre Madeleine Meilleur, responsable des Affaires francophones à Queen’s Park, le jeudi 22 octobre. « Nous avons plusieurs sous-ministres adjoints à la Santé. Pourquoi l’un d’entre eux n’aurait-il pas la responsabilité des services en français, en plus d’autres responsabilités? C’est une très bonne idée. »

Le ministère de l’Éducation a déjà un sous-ministre adjoint responsable de l’enseignement de langue française.

Le ministère de la Santé et des Soins de longue durée étant le plus important portefeuille dans la province, il serait aussi normal qu’il se dote d’un chien de garde de la langue minoritaire au sein de sa haute direction, selon la ministre des Affaires francophones.

« Au lieu de corriger des problèmes parce que nous n’avons pas pensé aux services en français en Santé lors du développement d’un programme, par exemple, ce serait la responsabilité d’un sous-ministre adjoint et son équipe de s’assurer en amont qu’on intègre toujours les services en français », a indiqué Mme Meilleur.

La ministre dit qu’elle doit parfois retourner des fonctionnaires à leur table à dessin parce qu’ils n’ont pas pensé aux francophones dans la conception de programmes de santé. « Ce n’est pas de la mauvaise volonté. Ce sont souvent des oublis », souligne-t-elle.

 

Revirement soudain

Il s’agit, par contre, d’un revirement soudain pour les libéraux à Queen’s Park qui, encore à la mi-septembre, n’avaient pas dans leurs cartons de nommer un sous-ministre adjoint responsable des services de santé en français. « Ce n’est pas ma priorité pour l’instant », avait alors déclaré Mme Meilleur à #ONfr.

Madeleine Meilleur parle à présent d’un « appui unanime » de la première ministre Kathleen Wynne et du ministre de la Santé et des Soins de longue durée, le Dr Eric Hoskins, pour la nomination d’un haut fonctionnaire responsable des services en français.

L’AFO avait fait valoir cette idée d’un sous-ministre adjoint francophone dans la rédaction de son Livre blanc sur les assises de la santé de l’Ontario français, dévoilé à l’automne 2014. L’organisme aurait relancé Kathleen Wynne et Madeleine Meilleur à ce sujet lors d’une rencontre, le 25 septembre.

« Elles nous ont demandé nos priorités, nous avons répondu que ça nous prenait un sous-ministre adjoint (à la Santé). Mme Wynne a alors regardé Mme Meilleur en disant que le gouvernement devrait être capable de faire ça », a résumé Denis Vaillancourt, président de l’AFO, en entrevue avec #ONfr. « L’idée pourrait devenir concrète dans les prochains mois ou une semaine. C’est une question de réaménagement du bureau de la fonction publique ».

M. Vaillancourt reconnait que ce projet représente l’une des « trois priorités » de l’organisme porte-parole des Franco-Ontariens au niveau de la santé, avec la définition d’un cadre d’imputabilité et le renouvellement des entités de planification.

Ces entités francophones, mises sur pieds il y a cinq ans, et censées aider les 14 Réseaux locaux d’intégration des services de santé (RLISS) ne bénéficient toujours pas d’un cadre clair et d’un écho important. De son côté, l’imputabilité obligerait le gouvernement à s’expliquer en cas de manquements aux services de santé en français.

Ces trois « cibles », dixit M. Vaillancout, faisaient partie des 16 recommandations émises plus ou moins clairement dans le Livre blanc. « On y va actuellement par étapes pour faire avancer ces cibles », conclut-il.

Du côté de l’Hôpital Montfort, l’idée a également été accueillie favorablement : « C’est toujours bon d’avoir une perspective francophone au moment d’établir ces politiques publiques qui touchent la santé », fait part à #ONfr Bernard Leduc, président-directeur général de l’établissement. « Pour l’instant, malgré les bonnes volontés, on est souvent à contre-courant. Il y a des choses qui sont développés sans prendre en considération l’impact sur la minorité francophone. »