Recensement : l’Ontario maintient l’équilibre entre jeunes et aînés

Toronto (Crédit image: Archives, #Onfr)

OTTAWA – Alors que la proportion d’aînés dépasse celle des jeunes de moins de 15 ans à l’échelle nationale, l’Ontario maintient un certain équilibre entre les deux catégories d’âge et conserve une part de sa population active légèrement supérieure à la moyenne nationale. Toutefois, le vieillissement de la province est enclenché, selon Statistique Canada.

BENJAMIN VACHET
bvachet@tfo.org | @BVachet

Statistique Canada dévoilait, le mercredi 3 mai, de nouvelles données du recensement 2016, consacrées cette fois à l’âge, au sexe et logement de la population canadienne.

Pour la première fois dans l’histoire du recensement, il y a plus de personnes âgées de plus de 64 ans que d’enfants de moins de 15 ans à l’échelle nationale. Cette tendance devrait encore s’accentuer dans les années à venir, note Statistique Canada.

Les données révélées mercredi montrent également que les femmes dépassent le nombre d’hommes, puisqu’elles constituent 50,9 % de la population canadienne, environ comme en 2011. En Ontario, les femmes restent plus nombreuses que les hommes, mais leur part recule légèrement puisqu’elles constituent désormais 51,2 % de la population totale en 2016, contre 51,3 % en 2011.

L’augmentation progressive de la part des personnes de plus de 64 ans et l’arrivée progressive des baby-boomers à la retraite devraient avoir un impact sur les choix politiques du gouvernement fédéral et ce, d’autant que l’espérance de vie continue d’augmenter. La population de centenaires est celle qui a crû le plus rapidement entre 2011 et 2016, avec une hausse de 41,3 %.

« Il y a un tournant générationnel au Canada et ce n’est pas une surprise. La question était surtout de savoir quand ça allait intervenir. Cela s’explique autant par le taux de fécondité, combiné à la hausse de l’espérance de vie et au poids démographique des baby-boomers », explique Patrick Charbonneau, analyste à Statistique Canada. « Cela peut influencer les politiques sociales, notamment en matière de santé et de pensions de la sécurité vieillesse. Les gouvernements doivent se préparer. »

Cette réalité canadienne n’est toutefois pas encore totalement celle de l’Ontario où la proportion d’aînés (16,7 %) et celle des jeunes de moins de 15 ans (16,4 %) est à peu près équivalente. L’immigration a également permis à la province de maintenir sa population active au-dessus de la moyenne nationale avec 66,8 % de personnes âgées de 15 à 64 ans contre 66,5 % pour le Canada, remarque Statistique Canada.

« Mais le vieillissement de la population est vrai aussi pour l’Ontario, même si le tournant est peut-être moins marqué peut-être grâce à la fécondité », précise M. Charbonneau. « Quant à l’immigration, si elle influence la croissance démographique de la province, elle joue peu à long terme sur le vieillissement ou non de la population puisqu’en moyenne, les immigrants arrivent autour de 30 ans et qu’ils vont donc, eux aussi vieillir. »

Preuve que le « tournant générationnel » concerne aussi l’Ontario, en 2011, les moins de 15 ans représentaient 17 % de la population, alors que la proportion de 64 ans et plus n’était que de 14,6 %.

 

Différences régionales

La situation de la province varie, sans surprise, d’une ville à l’autre. Dans le Nord de l’Ontario, par exemple, dans les bastions francophones de Sudbury et Hearst, le pourcentage de personnes en âge de travailler a diminué depuis 2011 et la proportion de personnes âgées de plus de 64 ans a augmenté. À Hearst, les jeunes ne représentent plus que 14,6 % de la population contre 15,9 % en 2011.

Les personnes âgées sont également plus d’une personne sur cinq dans certains grands centres urbains ontariens comme Peterborough (22,2 %), St. Catharines-Niagara (21,8 %) ou encore Belleville (20,1 %).

« Cela peut s’expliquer par plusieurs facteurs comme le niveau de fécondité, la migration des jeunes qui quittent ces régions pour aller ailleurs en Ontario ou dans une autre province. »

À l’inverse, Thunder Bay et Kapuskasing ont vu la proportion de leurs aînés diminuer pendant que leur population âgée de 15 à 64 ans augmentait.

Dans la région de Toronto et de la capitale nationale, la proportion de personnes potentiellement actives reste forte, avec respectivement 68,9 % et 67,8 % de leur population totale. La Ville de Toronto et Ottawa enregistrent également une baisse de leur proportion d’aînés.

« À travers tout le Canada, on constate que les grands centres urbains ont tendance à moins subir le vieillissement de leur population car ils attirent souvent des travailleurs, des nouveaux arrivants et des étudiants. Toronto, par exemple, n’a pas encore vécu le tournant générationnel du Canada puisque les moins de 15 ans sont encore plus nombreux que les plus de 64 ans. »

Dans l’Est ontarien, la municipalité francophone de Hawkesbury enregistre elle aussi une baisse de sa part d’aînés et une croissance de sa population de moins de 15 ans et de celle de 15 à 64 ans.

Dans le sud de la province, Windsor compte 17,2 % de jeunes de moins de 15 ans, 67,1 % de personnes de 15 à 64 ans et 15,7 % d’aînés de plus de 64 ans.

 

La situation du logement

Cette deuxième diffusion de données du recensement de 2016 permet également de confirmer une réalité qui ne surprendra pas dans Toronto. La Ville reine, comme la majorité des grandes villes canadiennes, compte plus d’appartements que de maisons individuelles. Près de 3 logements sur 10 se trouvent dans une tour d’habitation, ce qui en fait la ville ayant la proportion la plus élevée de ce type de logement.

Alors que les maisons individuelles restent toujours l’habitation de prédilection pour la majorité des Ontariens, avec 54,3 % de logements de ce type dans la province, dans les régions métropolitaines ontariennes de Toronto et d’Ottawa, la situation est inversée.

Dans la Ville reine, coût du logement oblige, les maisons individuelles ne représentent que 39,6 % des logements et dans la région de la capitale nationale, 44,8 %.

À Thunder Bay (69 %), London (55,9 %) ou Windsor (68,4 %), les maisons individuelles restent la norme.

En février dernier, les premières données du recensement avaient permis de constater une croissance de la population canadienne de 5 % et pour l’Ontario, de 4,6 %. La province reste la plus peuplée du Canada avec 13,4 millions de résidents.

Les prochaines données du recensement, qui seront diffusées le 2 août, seront particulièrement surveillées par les communautés francophones en situation minoritaire puisqu’elles porteront notamment sur la langue.