Plan d’action pour les langues officielles : l’anxiété gagne les organismes

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OTTAWA – Attendus cet automne, les détails du prochain Plan d’action pour les langues officielles seront finalement connus cet hiver. Un délai qui suscite une certaine inquiétude chez les organismes francophones dont les attentes sont très élevées et la situation précaire pour beaucoup.

BENJAMIN VACHET
bvachet@tfo.org | @BVachet

Depuis le 1er septembre, l’organisme porte-parole des radios communautaires francophones de l’Ontario a dû déménager. Le Mouvement des intervenants en communications radio de l’Ontario (MICRO) a désormais ses bureaux dans le sous-sol du domicile de sa directrice générale, Marie-Gaëtane Caissie.

Mme Caissie est aujourd’hui la seule employée de l’organisme qui a vu son budget renouvelé par le gouvernement fédéral pour cinq ans, le 1er mars 2017, mais sans augmentation toutefois.

« On reçoit le même montant depuis 15 ans alors que tout a augmenté. Notre budget actuel ne nous permet pas de couvrir toutes nos dépenses. Aujourd’hui, on ne peut plus se permettre de payer un loyer et nos radios membres ont accepté de nous verser une contribution jusqu’à la fin de l’année fiscale pour nous aider. »

MICRO faisait pourtant partie des organismes en bonne santé ces dernières années, grâce à plusieurs projets qui lui ont permis de compter jusqu’à 7 employés par le passé.

« Mais dans les derniers 18 mois, on a proposé une vingtaine de projets dont la majorité a été rejetée. »

La situation du MICRO est la même que celle de beaucoup d’organismes francophones en milieu minoritaire qui doivent compter sur des projets ponctuels pour assurer leur survie. Aujourd’hui, tous attendent avec impatience le prochain Plan d’action pour les langues officielles.


« On entretient quelque chose qui est en train de mourir à petit feu. Tous les organismes ne pourront pas continuer. » – Marie-Gaëtane Caissie, MICRO


« Ce qu’on espère, c’est une augmentation de l’enveloppe et que soit ajoutée une partie consacrée spécifiquement au développement et à l’épanouissement des communautés. Beaucoup de responsabilités du gouvernement, comme les garderies par exemple, ont abouti dans la cour des organismes communautaires sans que ceux-ci disposent des moyens adéquats. On ne demande pas la charité, mais juste les moyens pour bien faire notre travail. »

Engagement public

Les détails du prochain Plan d’action pour les langues officielles devaient être connus cet automne. Mais finalement il faudra attendre l’hiver pour en savoir plus.

Le président de la Fédération des communautés francophones et acadienne (FCFA) du Canada, Jean Johnson, prône la patience.

« Si c’est pour arriver avec un meilleur résultat, alors on va patienter. Nous avons transmis notre message : il faut une augmentation de l’enveloppe de financement et plus de programmes de développement par et pour les communautés francophones. Le plan doit être repensé, car les investissements faits jusqu’ici avec le Plan Dion ou la Feuille de route pour les langues officielles ont eu trop peu d’impact sur les capacités de nos communautés. »

M. Johnson reconnaît que ce délai crée de l’anxiété chez les organismes et augmente encore les attentes.

« Si on pouvait avoir une déclaration publique de la ministre du Patrimoine canadien annonçant un investissement dans nos communautés d’ici la fin du mois de novembre, lors de notre Forum des leaders à Ottawa, je pense que cela pourrait diminuer un peu le niveau d’anxiété, car beaucoup d’organismes sont en mode survie. »

L’organisme porte-parole des francophones en milieu minoritaire aimerait également qu’une indexation du financement fédéral ait lieu dès le prochain budget. Réclamée depuis l’élection du gouvernement Trudeau, cette demande est pour l’instant restée lettre morte.

L’Assemblée de la francophonie de l’Ontario (AFO) a évalué la hausse nécessaire du budget du Plan d’action pour les langues officielles à 224 millions $. Son président, Carol Jolin, se montre confiant.

« On nous avait dit qu’on aurait les détails à l’automne et c’est sûr que ça aurait été bien de savoir où on s’en va. Mais j’ose croire que le délai est porteur de bonnes nouvelles. Le gouvernement est très conscient que les attentes sont élevées, car l’enveloppe est gelée depuis huit ans. On va continuer à travailler auprès des élus pour qu’ils comprennent bien nos enjeux. »

Pas de retard pour le Plan d’action, assure le gouvernement

Dans un échange de courriels avec #ONfr, l’équipe de la ministre du Patrimoine canadien, Mélanie Joly, essaie de calmer les craintes en assurant que le prochain Plan d’action pour les langues officielles est en cours d’élaboration et sera implanté le 1er avril 2018.

Le délai pour en connaître les détails s’expliquerait pas des discussions avec tous les ministères afin de finaliser une approche globale.

« Ce Plan d’action mettre de l’avant des initiatives visant à répondre aux enjeux prioritaires concernant les communautés de langues officielles en situation minoritaire ainsi que le bilinguisme des Canadiens. Le prochain Plan d’action pangouvernemental réaffirmera l’importance des langues officielles tant au sein du gouvernement fédéral que de la société canadienne. »