Pensionnats autochtones : place à la réconciliation

Le premier ministre Justin Trudeau. Archives

OTTAWA – Cinq ans après sa première audience nationale à Winnipeg, au Manitoba, en 2010, la Commission de vérité et réconciliation (CVR) a remis, mardi 15 décembre, son rapport final sur l’histoire et les séquelles du système de pensionnats autochtones du Canada, intitulé « Honorer la vérité, réconcilier pour l’avenir ».

BENJAMIN VACHET
bvachet@tfo.org | @BVachet

Fondée en 2008, la CVR avait le mandat de faire la lumière sur la réalité des pensionnats autochtones et d’encourager la réconciliation nationale du Canada avec les peuples autochtones. Après sept années de travail, le président de la Commission, le juge Murray Sinclair, et les commissaires, le chef Wilton Littlechild et Marie Wilson, ont rendu public un volumineux rapport, fruit de plus de 6000 auditions, majoritairement de survivants des pensionnats, dans lequel la commission n’hésite pas à parler d’un véritable « génocide culturel ».

À la remise du rapport final, le premier ministre Justin Trudeau a appelé au développement de nouvelles relations avec les Premières nations et insisté sur l’importance pour le Canada de reconnaître ses erreurs, sept ans après les excuses officielles formulées par le premier ministre Stephen Harper, le 11 juin 2008.

« J’ai le très grand espoir que ce rapport et ses conclusions aideront à apaiser la douleur causée par le système des pensionnats indiens et à rétablir la confiance perdue depuis si longtemps », a déclaré M. Trudeau.

Plaidant pour une transformation totale des relations entre le Canada et les peuples autochtones, le premier ministre a rappelé, comme témoignage de cette volonté, l’annonce de la tenue d’une « enquête nationale sur les femmes et les jeunes filles autochtones assassinées ou disparues » et l’engagement de son gouvernement de procéder à des investissements en éducation pour le Premières Nations.

M. Trudeau s’est également engagé à « mettre intégralement en œuvre les appels à l’action de la Commission de vérité et réconciliation, en commençant par donner suite à la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones ».

En juin dernier, le juge Sinclair avait dévoilé une liste de 94 recommandations, notamment en matière de protection de l’enfance, d’éducation, de défense de la langue et de la culture, de santé ou encore, de justice pour les peuples autochtones.

L’opposition conservatrice s’inquiète

La porte-parole du Parti conservateur sur les affaires autochtones, Cathy McLeod et son porte-parole adjoint, Todd Doherty, se sont toutefois inquiétés de cet engagement : « Le Parti libéral a agi de façon irresponsable en acceptant unilatéralement l’ensemble des 94 recommandations, sans faire une analyse approfondie des répercussions ni calculer les coûts de façon exhaustive.  (…) Nous craignons également que des lois existantes puissent être supplantées par l’acceptation automatique de la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones, en particulier la partie de la Déclaration sur l’utilisation à titre de veto du consentement libre, informé et préalable. (…) Il est important que le gouvernement fédéral ait le pouvoir final de décision sur les projets qui sont dans le meilleur intérêt du Canada. »

En Ontario, dans une déclaration commune avec le ministre des Affaires autochtones, David Zimmer, la première ministre Kathleen Wynne a emboîté le pas du gouvernement fédéral.

« La réconciliation est un cheminement que nous devons suivre ensemble. En consolidant les relations de collaboration entre l’Ontario, nos partenaires autochtones et le gouvernement fédéral, nous pourrons appliquer des mesures positives et construire un avenir meilleur pour nos enfants et nos petits-enfants. »

La Fédération canadienne des enseignantes et des enseignants (FCE), par la voix de sa présidente, Heather Smith, a plaidé pour que « ce chapitre tragique et honteux de l’histoire du Canada » soit dévoilé à tous les Canadiens et Canadiennes

« Pour la FCE, cette question ne concerne pas seulement les Autochtones, mais bien l’ensemble de la population canadienne. L’éducation est d’une importance fondamentale pour la réconciliation. C’est pourquoi la FCE invite les enseignantes et enseignants canadiens à apprendre, à encourager le dialogue et à faire mieux comprendre les conséquences des pensionnats dans les classes du pays. »