Paul Martin dénonce les compressions dans le plan progressiste-conservateur

Les candidats libéraux dans la région d’Ottawa ont accusé les progressistes-conservateurs de vouloir mettre la hache dans les soins de santé en français, le 22 mai.

TORONTO – L’idée des progressistes-conservateurs de Tim Hudak de mettre à la porte 100 000 employés de la fonction publique de l’Ontario pour équilibrer plus rapidement les finances de la province est « tout à fait ridicule », selon l’ex-premier ministre canadien Paul Martin.

FRANÇOIS PIERRE DUFAULT
fpdufault@tfo.org | @fpdufault

La suppression d’autant d’emplois risquerait, dans les faits, de « nuire énormément » à l’économie de l’Ontario, de l’avis du vieux routier de la politique fédérale.

M. Martin a décidé de mettre son grain de sel dans la campagne électorale provinciale, à trois semaines du scrutin du 12 juin.

« C’est très clair que les personnes (dont les emplois) vont être coupés sont des personnes qui sont en train de fournir de l’aide aux jeunes, aux vieillards et aux personnes handicapées. C’est tout à fait ridicule », a vilipendé M. Martin lors d’un point de presse à Toronto, le jeudi 22 mai.

« Si M. Hudak a le courage de ses convictions, qu’il nous dise immédiatement quels (emplois) seront touchés », a exhorté l’ex-premier ministre libéral du Canada de 2003 à 2006 et ministre des Finances de 1993 à 2002.

Tim Hudak croit qu’alléger la fonction publique de 100 000 postes lui permettrait d’équilibrer le budget provincial dès 2016, soit deux ans plus tôt que prévu. Cette mesure, selon lui, restaurerait plus vite la confiance des investisseurs du secteur privé qui, en retour, créeraient 1 million d’emplois sur huit ans.

« Vous ne pouvez pas larguer une telle bombe sur notre économie, à un moment aussi peu opportun », a relancé M. Martin, qui est maintenant conseiller spécial du gouvernement libéral sortant de l’Ontario pour la mise sur pied d’un régime provincial de retraite.

Paul Martin avait pourtant lui-même sabré dans la fonction publique fédérale, à l’époque où il était le grand argentier du pays. Des compressions « sélectives », selon lui. « Nous avons été très, très transparents. Nous n’avons pas caché quoi que ce soit », s’est-il défendu. « Je pense que M. Hudak doit, au moins, dire exactement ce qu’il veut faire. Il doit être transparent ».

Les candidats libéraux dans la région d’Ottawa ont accusé les progressistes-conservateurs de vouloir mettre la hache dans les soins de santé en français, le 22 mai.  (Photo: Parti libéral de l’Ontario)
Les candidats libéraux dans la région d’Ottawa ont accusé les progressistes-conservateurs de vouloir mettre la hache dans les soins de santé en français, le 22 mai.
(Photo : Parti libéral de l’Ontario)

Le spectre de Montfort

Les candidats libéraux de la région d’Ottawa ont, eux aussi, dénoncé les compressions dans la mire de M. Hudak, le 22 mai. Ils ont accusé le chef progressiste-conservateur de vouloir mettre la hache dans les soins de santé en français, et ce, bien qu’il s’en défende, comme l’avait fait son prédécesseur Mike Harris vers la fin des années 1990.

« J’ai lutté fort pour sauver l’hôpital Montfort et je continuerai à me battre contre les coupures dangereuses de Tim Hudak », a scandé Madeleine Meilleur, ministre sortante aux Affaires francophones et candidate libérale dans Ottawa-Vanier, lors d’un point de presse devant le seul hôpital franco-ontarien, jadis menacé de fermeture par M. Harris.

Commission d’enquête

Laissant de côté le thème de l’emploi pour une rare fois depuis le début de la campagne, Tim Hudak a, pour sa part, promis qu’un gouvernement progressiste-conservateur à Queen’s Park mandaterait une commission d’enquête pour faire la lumière sur le scandale libéral de l’annulation de deux projets de centrales électriques au gaz à des fins électoralistes.

« (L’ex-premier ministre) Dalton McGuinty et Kathleen Wynne ont dépensé plus de 1 milliard $ pour sauver des sièges de politiciens libéraux. Puis, ils ont essayé de camoufler leurs gestes. Une commission d’enquête nous apportera des réponses et enverra le message clair à tout futur gouvernement, peu importe sa couleur, que ce genre de comportement est inacceptable », a déclaré M. Hudak, de passage à Ottawa, le 22 mai.