Pas d’appui du Québec pour une capitale bilingue

Les premiers ministres Philippe Couillard et Kathleen Wynne, du Québec et de l'Ontario, lors d'une rencontre du groupe de travail Canada 2020 à Ottawa. François Pierre Dufault

OTTAWA – Les militants pour une capitale du Canada officiellement bilingue ne devraient pas compter sur un appui de la seule province à majorité francophone au pays. Une simple visibilité du français suffit pour le premier ministre du Québec.

FRANÇOIS PIERRE DUFAULT
fpdufault@tfo.org | @fpdufault

Philippe Couillard était de passage à Ottawa dans le cadre d’une rencontre du groupe de travail indépendant Canada 2020, où il partageait la scène avec son homologue ontarienne Kathleen Wynne, le vendredi 20 novembre.

Questionné par #ONfr sur son appui à la cause du bilinguisme officiel de la capitale nationale, en tant que dirigeant de la seule province à majorité francophone au pays, M. Couillard a simplement dit croire que « le fait français doit y être visible ». Il a semblé ensuite vouloir mettre fin abruptement au point de presse, avant que Mme Wynne ne prenne une dernière question des médias.

Le bilinguisme officiel de la Ville d’Ottawa demeure un enjeu important pour les francophones de la capitale. Un groupe, mis sur pied par le militant de longue date Jacques de Courville Nicol, réclame ce statut à temps pour le 150e anniversaire de la Confédération canadienne, en 2017.

Principe d’égalité

« On se serait attendu à un appui un peu plus fort », a regretté à #ONfr le constitutionnaliste Gilles LeVasseur, qui milite pour le bilinguisme dans la capitale du Canada. « On comprend que le premier ministre du Québec ne veuille pas s’ingérer dans un dossier municipal, dans une autre province. Mais Ottawa n’est pas seulement une municipalité. C’est la capitale de tous les Canadiens. »

Au-delà de la visibilité de la minorité francophone, M. LeVasseur insiste sur le principe d’égalité avec la majorité anglophone.

L’ambassadeur de France au Canada a récemment ajouté son grain de sel au débat sur Ottawa, ville bilingue. Nicolas Chapuis a déclaré à cet égard que « la souffrance parfois exprimée par les communautés francophones nécessite des solutions » qui « passent par la reconnaissance du bilinguisme ou du plurilinguisme ».

Le maire Jim Watson et une majorité de ses conseillers ne sont toutefois pas favorables à un projet de bilinguisme officiel d’Ottawa. Ils estiment que la politique actuelle de bilinguisme « pratique » de la municipalité fonctionne bien.

Un appui du Québec à une capitale officiellement bilingue aurait pu avoir un poids politique important, selon Gilles LeVasseur. « C’est le foyer de la francophonie. On s’attend à ce qu’il appuie les minorités francophones ailleurs au pays », a-t-il fait valoir.