Outil de traduction : le gouvernement ira de l’avant

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OTTAWA – Malgré la demande du néodémocrate François Choquette et les inquiétudes suscitées par la mise en place d’un outil de traduction automatique au sein de la fonction publique fédérale, le ministère des Services publics et de l’Approvisionnement ira de l’avant. Il précise toutefois qu’aucune date de mise en place n’est prévue.

BENJAMIN VACHET
bvachet@tfo.org | @BVachet

Joint par #ONfr mercredi 30 mars, le bureau de la ministre Judy M. Foote indiquait n’avoir connaissance d’aucune date fixe quant à la mise en place de l’outil de traduction automatique, contrairement à celle du 31 mars souvent citée.

Mais dans un échange de courriels le lendemain, le service de relations avec les médias du ministère des Services publics et de l’Approvisionnement confirme qu’une date existait bel et bien.

« Nous avions prévu le déploiement de l’outil vers le 31 mars, mais, en fonction de notre engagement d’amélioration continue, nous procédons présentement à des ajustements techniques, ce qui engendre un changement au calendrier de déploiement prévu. Ce changement au calendrier relève entièrement du ministère et non pas de la ministre ni de son cabinet. »

Malgré ces questions de date, l’outil de traduction automatique devrait donc bel et bien être installé, confirment le bureau de la ministre autant que le ministère, et ce malgré les inquiétudes.

« Une fois ces changements effectués, le déploiement se poursuivra », indique le ministère.

Dans une lettre datée du mardi 29 mars, le porte-parole aux langues officielles pour le Nouveau Parti démocratique (NPD), François Choquette, avait demandé à la ministre Foote d’intervenir en suspendant la mise en place de l’outil. Le député Choquette justifiait sa demande en rappelant que le comité permanent des langues officielles travaille actuellement sur une étude sur le mandat et la prestation de services du Bureau de la traduction.

« Étant donné le fait que l’étude est présentement en cours et qu’elle se terminera probablement vers le milieu de mai, alors que le Comité présentera des recommandations à la suite de cette étude, j’estime qu’il serait approprié et impératif de suspendre l’installation du nouvel outil de traduction sur l’ensemble des postes informatiques des fonctionnaires fédéraux, et ce jusqu’au moment où les parlementaires de la Chambre des communes auront en main l’étude en cours sur le Bureau de la traduction », pouvait-on lire dans la lettre de M. Choquette.

La ministre appuie le Bureau de la traduction

Mais son appel n’a donc pas été entendu  et le bureau de Mme Foote justifie cette décision en reprenant les arguments de la présidente-directrice générale du Bureau de la traduction, Donna Achimov.

« Beaucoup de fonctionnaires fédéraux utilisent déjà des outils comme Google translate et autres. On ne peut pas mettre un frein à la technologie. Nous allons donc simplement leur proposer un outil contrôlé par le Bureau de la traduction, avec un langage beaucoup plus adapté à leur travail. Ils auront également la possibilité de faire appel à un traducteur en cas de besoin et cet outil ne servira qu’à des communications internes. »

Dans une déclaration envoyée par courriel à #ONfr, la ministre indique faire confiance au Bureau de la traduction.

« Le Bureau de la traduction s’est engagé à fournir des outils pour aider les fonctionnaires à mieux communiquer dans les deux langues officielles. En tant que ministre, je crois en l’importance du bilinguisme et je suis fière du travail fondamental effectué par les hommes et les femmes du Bureau de la traduction. Nous sommes déterminés à moderniser notre façon de fonctionner grâce à l’innovation et à l’adoption de technologies, en gardant à l’esprit que l’outil continuera d’évoluer et de faire l’objet d’améliorations. Une diffusion à l’échelle du gouvernement aura lieu au moment le plus opportun. »

Se baser sur les faits

Le néodémocrate François Choquette se montre très inquiet.

« Le manque de clarification autour de la date d’implantation montre qu’il y a un problème de communication entre le Bureau de la traduction et le ministère. Ce n’est pas clair du tout! Mais peu importe qu’il soit implanté le 1er avril ou plus tard, l’important est de se baser sur des faits. Le gouvernement libéral se targue de vouloir se baser sur la science et sur des données objectives, qu’il le fasse dans le cas de l’outil de traduction automatique! Il faut qu’il suspende le processus en attendant que des études d’impact soient menées, que le commissaire aux langues officielles ait l’occasion de se pencher sur les conséquences de cet outil et que le comité aux langues officielles puisse faire ses recommandations et présenter son rapport. Actuellement, on semble ne pas tenir compte des préoccupations du public et des professionnels qui se sont exprimés sur ce sujet. »