Nucléaire : travaux à Darlington, prolongation à Pickering

La centrale nucléaire de l'Ontario Power Generation à Darlington. Ontario Power Generation

TORONTO – L’organisation responsable de la production d’électricité en Ontario prévoit investir jusqu’à 12,8 milliards $ sur dix ans pour retaper les quatre réacteurs à la centrale nucléaire de Darlington tout en prolongeant de quatre ans la vie de la centrale de Pickering, à l’est de Toronto.

FRANÇOIS PIERRE DUFAULT
fpdufault@tfo.org | @fpdufault

L’Ontario Power Generation (OPG) compte débuter à l’automne 2016 les travaux de remise à neuf de la centrale de Darlington, érigée par phases de 1981 à 1993 et ayant une capacité de production de 3500 mégawatts.

« La remise en état de la centrale de Darlington est un investissement dans l’Ontario. Elle est bénéfique pour les clients, pour l’économie et pour l’environnement », a déclaré Jeffrey Lyash, le grand patron d’OPG, lundi 11 janvier. « Nous sommes convaincus que nous (…) possédons les ressources humaines pour exécuter le projet en toute sécurité, dans les temps et en respectant le budget. »

Queen’s Park obligera l’OPG à obtenir son approbation avant d’entreprendre les travaux dans chacun des réacteurs à Darlington afin d’éviter les dépassements de coûts et les retards.

Les responsables de la production d’électricité en Ontario s’attendent à ce qu’une première phase des travaux à Darlington soit complétée avant que le fournisseur privé d’électricité Bruce Power n’entame en 2020 des travaux de réhabilitation d’une quinzaine d’années à la centrale nucléaire de Tiverton, qui alimente près du tiers de la province.

L’OPG estime que la remise à neuf de la centrale nucléaire de Darlington aura des retombées de 15 milliards $ et qu’à son tour, la prolongation de vie de la centrale Pickering générera des économies de 600 millions $. Le maintien pour quatre années supplémentaires de la plus vieille centrale nucléaire ontarienne, érigée par phases de 1966 à 1986, pourrait aussi réduire l’utilisation prévue de la quinzaine de centrales au gaz – et les émissions de gaz à effet de serre – de la province pendant la rénovation des deux autres centrales.

Source principale d’énergie

« Avec la remise en état de la centrale de Darlington, l’énergie nucléaire demeurera la plus grande source d’énergie de l’Ontario », a fait savoir Bob Chiarelli, ministre de l’Énergie, lors d’un point de presse. « La poursuite de l’exploitation de la centrale de Pickering protègera 4500 emplois dans la région de Durham (et) fournira de l’électricité sans émettre de gaz à effet de serre. »

L’OPG devra par contre obtenir l’approbation de la Commission canadienne de sûreté nucléaire et de la Commission de l’énergie de l’Ontario pour continuer l’exploitation de la centrale de Pickering jusqu’en 2024.

Le prix de l’électricité produite à la centrale nucléaire de Darlington devrait osciller entre 72$ et 81$ le mégawattheure après les travaux en 2026, contre 56$ à l’heure actuelle. Le prix du mégawattheure d’électricité chez Bruce Power devrait pour sa part bondir de 66$ à 77$ à la fin des travaux au site de Tiverton. Le coût moyen d’un mégawattheure dans la province, toutes sources d’énergies confondues, est 83$.

Les néo-démocrates à Queen’s Park se demandent, pour leur part, si le jeu en vaut la chandelle. « Le gouvernement n’a pas fourni une analyse de rentabilité appropriée qui examine de façon claire et transparente les coûts, les avantages et les risques de ce projet. Ce projet nécessite un examen transparent et indépendant », a exhorté le député de la deuxième opposition Peter Tabuns.

L’Ontario Clean Air Alliance, qui milite pour la mise au rancart définitive de l’énergie nucléaire dans la province, croit que c’est trop cher payé pour alimenter en électricité « des industries menacées telles que General Motors à Oshawa », à mi-chemin entre Darlington et Pickering. L’organisation préférerait voir l’OPG importer à moindre coût de l’hydroélectricité du Québec.