Nouveau départ pour la francophonie à Sault-Sainte-Marie

SAULT-SAINTE-MARIE – La Journée des Franco-Ontariens sera particulière ce vendredi pour les quelque 3 000 francophones de Sault-Sainte-Marie dans le nord de l’Ontario. Pour la première fois, le maire en personne procédera à la levée du drapeau.

SÉBASTIEN PIERROZ
spierroz@tfo.org | @SebPierroz

Le geste certes symbolique marque un nouveau départ dans les relations entre la communauté francophone et la municipalité. Et pour cause, le drapeau franco-ontarien a longtemps été oublié du côté de la Ville. Voir dénigré.

En 1990, quatre ans après l’adoption de la Loi sur les services en français en Ontario (Loi 8) et en pleines négociations de l’accord du lac Meech, le maire de la ville, Joe Fratesi, fit voter un règlement très controversé. Celui-ci interdisait l’usage du français dans les affaires municipales de Sault-Sainte-Marie

Un tribunal ontarien invalidait finalement cette résolution d’unilinguisme en 1994, mais les francophones de Sault-Sainte-Marie ne s’en remettaient pas si facilement.

« Ça a fait des cicatrices », estime Suzanne Salituri, présidente du Centre francophone local. « 25 ans après, les gens sont désormais prêts à surmonter tout cela. »

Et si la levée du drapeau par le premier magistrat est dorénavant possible, c’est que la mairie possède un nouvel hôte depuis les élections municipales en 2014. Bien qu’unilingue anglophone, Christian Provenzano est décrit par l’organisme comme « ouvert » à la francophonie.

« Il montre que nous faisons partie de la communauté », explique Mme Salituri qui avait elle-même engagé des discussions après les élections pour parvenir à cette levée du drapeau par le maire.

Hasard du calendrier, l’élection de M. Provenzano l’an dernier coïncidait avec le départ à la retraite de M. Fratesi lequel a quitté ses fonctions de directeur général de la Ville.

 

Cinq années capitales

Mais si la francophonie rayonne un peu plus aujourd’hui à Sault-Sainte-Marie, c’est aussi en raison du chemin parcouru ces cinq dernières années.

La première étape remonte à 2010, vingt ans jours pour jours après la résolution d’unilinguisme anglais, lorsque le maire John Rowswell présentait ses excuses à tous les francophones du Canada.

S’ensuivit en 2012 le regroupement sous le toit de l’école Notre-Dame-du-Sault des trois établissements scolaires catholiques de la région. Devenu un noyau francophone, l’édifice contient aussi le Centre d’éducation et de formation pour adultes (CÉFA) et le Centre francophone local.

Un premier établissement public a ouvert en 2013 après que le Conseil scolaire public du Grand Nord de l’Ontario (CSPGNO) eut donné son feu vert à la construction d’une école primaire.

Sault-Sainte-Marie comptait une proportion de francophones de 3,6% selon le dernier recensement de Statistique Canada effectué en 2011.