Municipales : plus d’intérêt pour la francophonie à Toronto qu’à Ottawa?

Le drapeau franco-ontarien.Archives ONFR+

TORONTO – Les enjeux francophones suscitent plus d’intérêt de la part des candidats aux élections municipales à Toronto qu’à Ottawa, où le fait français est pourtant plus fort, a constaté #ONfr à la lumière de sondages menés par les associations francophones des deux plus grandes villes de l’Ontario.

FRANÇOIS PIERRE DUFAULT
fpdufault@tfo.org | @fpdufault

Sensiblement la même proportion de candidats à Ottawa et à Toronto – c’est-à-dire 13% – ont répondu au questionnaire de leur association francophone respective.

C’est au niveau des réponses favorables à la minorité linguistique que la métropole se distingue.

Huit candidats à la mairie, dont la candidate « vedette » Olivia Chow, ont donné suite au questionnaire de l’Association des communautés francophones de l’Ontario (ACFO) à Toronto.

« Je serais en faveur d’un retour à un (comité français) avec un mandat renforcé, afin d’assurer que la voix de la communauté soit de nouveau clairement entendue à l’hôtel de ville », a indiqué Mme Chow en français dans sa réponse, publiée sur le site web de l’ACFO-Toronto à trois semaines du scrutin municipal du lundi 27 octobre.

Réponses favorables

Rappelons que le comité français de Toronto avait été aboli par le maire sortant Rob Ford avant renaître avec un budget réduit, l’an dernier, après que le premier magistrat, emmêlé dans une affaire de consommation de crack, eut été dépouillé de la plupart de ses pouvoirs par son conseil.

Près de 90% des candidats consultés par l’ACFO-Toronto disent appuyer la continuité d’un comité français à l’hôtel de ville. Ils seraient aussi nombreux à souhaiter la traduction de documents municipaux importants pour la communauté francophone.

La moitié des candidats à la mairie de Toronto ayant répondu au sondage de l’ACFO locale ont obtenu la note A+ ou A, soit la plus haute note attribuée par le politologue Alexandre Brassard, du collège universitaire Glendon de l’Université York, qui a agi à titre d’expert-conseil pour l’exercice.

Sur 36 candidats à l’échevinat dans la métropole, dont six élus sortants, l’ACFO-Toronto a accordé 19 fois la note A+ ou A, et huit fois la note de B+ ou B.

Notons, par ailleurs, que les autres « vedettes » dans la course à la mairie torontoise, Doug Ford et John Tory, ont refusé de se prononcer sur les enjeux francophones de leur ville.

Silence à la mairie d’Ottawa

Aucun candidat à la mairie d’Ottawa, pas même l’édile sortant Jim Watson qui se dit pourtant « francophile », n’a pris le temps de répondre au sondage du groupe porte-parole des francophones de sa ville.

Seulement deux conseillers sortants, soit le francophone Mathieu Fleury et Katherine Hobbs, ont donné suite aux questions de l’ACFO-Ottawa. Les autres sont des challengers.

L’ACFO-Ottawa a d’ailleurs déploré la faible participation des candidats à son sondage, dans les médias locaux.

Bilinguisme officiel

Les réponses des candidats ottaviens vont à 65% – bien que parfois timidement – dans le sens d’une désignation bilingue de la ville.

Si quelques-uns des aspirants appuient sans réserve le principe d’enchâsser dans la loi le statut égalitaire de l’anglais et du français à Ottawa, les autres renvoient plutôt la balle à la minorité pour, disent-ils, qu’elle précise son projet de bilinguisme officiel, notamment au niveau des coûts et de l’échéancier.

Il y a aussi, parmi les répondants au sondage à Ottawa, un farouche opposant à l’essor du fait français, comme on n’en retrouve pas à Toronto, même parmi les candidats qui ont fait moins bonne figure aux yeux de l’association francophone de l’endroit.

Dans sa réponse au sondage de l’ACFO-Ottawa, le candidat Marc Scharfe, dans le quartier rural d’Osgoode, promet d’« abolir tous les services en français et remettre 10% (des économies générées) directement aux banques d’alimentation ». L’ancien policier dit n’avoir jamais rencontré un seul francophone dans sa ville qui ne parlait pas anglais.

Contrairement à son équivalent torontois, l’ACFO-Ottawa n’a pas noté les candidats qu’elle a sondés sur la pertinence et l’engagement de leurs réponses.

Les francophones représentent environ 14% de la population de la Ville d’Ottawa et environ 4% de la population de la Ville de Toronto.