Mélanie Joly dévoile les contours de son futur plan d’action

La ministre du Développement économique et des Langues officielles, Mélanie Joly. Archives ONFR+

OTTAWA – Devant les comités sur les langues officielles, au Sénat, puis à la Chambre des communes, le jeudi 27 octobre, la ministre du Patrimoine canadien, Mélanie Joly, a parlé de ses priorités, dont notamment la future Feuille de route pour les langues officielles 2018-2023.

BENJAMIN VACHET
bvachet@tfo.org | @BVachet

Pour ce deuxième passage devant les membres des deux comités, la ministre du Patrimoine canadien a dévoilé les grandes lignes qui définiront le futur plan pour les langues officielles.

« Le plan sera divisé en deux parties : la première, sur l’importance de soutenir la vitalité des communautés linguistiques, la deuxième, pour appuyer le bilinguisme. Pour moi, ce sont deux priorités qui sont fondamentales et qui ne sont pas en compétition! », a-t-elle expliqué à #ONfr.

Alors que les consultations pancanadiennes sur les langues officielles touchent à leur fin, la ministre est venue présenter une partie de ses premières conclusions devant le comité permanent des langues officielles de la Chambre des communes, le jeudi 27 octobre, comme elle l’avait fait devant le comité des langues officielles du Sénat, quelques jours plus tôt.

Selon la ministre, environ 350 personnes ont participé aux tables rondes organisées sur invitation à travers le pays et plus de 5 000 personnes ont répondu au questionnaire mis en ligne par Patrimoine canadien. Une dernière table ronde devrait avoir lieu prochainement dans la région d’Ottawa.

« La Loi sur les langues officielles nous oblige à faire des consultations publiques et nous avons décidé de relever ce défi en innovant, en faisant en sorte que ces consultations soient ouvertes et transparentes. Nous avons eu un grand niveau d’engagement, j’en suis très contente », s’est félicitée Mme Joly.

Le processus avait toutefois soulevé des critiques, car si le public pouvait venir assister aux réunions, son rôle demeurait celui d’observateur.

Parmi les points soulevés qui ont retenu l’attention de la ministre Joly, celle-ci énumère la question de l’éducation et notamment de la petite enfance, l’immigration francophone hors Québec, la situation des médias en situation minoritaire et les problèmes d’infrastructures communautaires et scolaires.

« Ce ne sont pas des priorités, mais plutôt des aspects nouveaux qui ont été discutés et mis de l’avant par les membres des communautés de langue officielle en situation minoritaire à travers le pays », a-t-elle expliqué à #ONfr.

Prudence sur le financement

Reste que dans les sujets maintes fois évoqués lors de ces consultations, la question du financement des organismes a été soulevée à plusieurs reprises, tout comme celle du « par et pour » les communautés de langue officielle en situation minoritaire, comme le faisait encore récemment la Fédération des communautés francophones et acadienne (FCFA) du Canada.

Questionnée sur dernier point par le critique aux langues officielles pour le Nouveau Parti démocratique (NPD), François Choquette, la ministre Joly s’est montrée évasive.

« Mme Joly est très bonne avec les figures de rhétorique. Elle nous a parlé d’immigration, de santé, d’éducation, c’est bien. Mais lorsqu’il est temps d’avoir des réponses claires, par exemple sur le « par et pour » les communautés de langue officielle en situation minoritaire, elle n’est pas capable de répondre », a fustigé l’élu de Drummond.

Sur la question du financement, la ministre du Patrimoine canadien est restée tout aussi prudente.

« Nous travaillons fort pour nous assurer d’avoir un plan d’action qui va pouvoir tenir compte des différents besoins, tout en sachant que comme gouvernement, nous devons respecter la capacité de payer des contribuables », a-t-elle commenté à #ONfr.

L’annonce d’un déficit plus important que prévu, en raison notamment d’une croissance économique plus faible – il pourrait atteindre 34 milliards de dollars selon la Banque TD – peut faire craindre le pire pour les communautés francophones en situation minoritaire.

Les priorités budgétaires de la FCFA

Hasard du calendrier, la FCFA était invitée cette semaine à présenter ses priorités dans le cadre des consultations prébudgétaires en vue du budget de 2017 devant le comité permanent des finances.

L’organisme porte-parole des francophones en situation minoritaire a présenté six recommandations.

L’opposition reste sur sa faim

Du côté des députés, le passage de Mme Joly n’a pas suscité beaucoup d’enthousiasme chez l’opposition. La députée du Parti conservateur du Canada (PCC), Sylvie Boucher, se dit inquiète.

« C’est sûr qu’il faut laisser la chance au coureur, car elle travaille actuellement sur son nouveau plan d’action, mais je suis un peu inquiète parce qu’il y a beaucoup de domaines dans la Feuille de route qui sont aussi de juridiction provinciale. Il faut s’assurer qu’il y ait une reddition de compte, car on ne sait pas toujours où va cet argent-là. »

La critique conservatrice aux langues officielles regrette également le manque de concret dans la présentation de Mme Joly.

« Ça fait un an que les libéraux ont été élus, on a entendu beaucoup de paroles, mais où sont les actions tangibles? Je veux que les libéraux arrêtent aujourd’hui de donner de l’espoir et qu’ils nous disent vraiment ce qu’ils font maintenant et ce qu’ils vont faire! »

Son homologue néo-démocrate souligne toutefois une bonne nouvelle.

« La ministre est présentement en train de faire un travail avec les provinces pour que la question de l’accès à la justice (dans les deux langues officielles) soit à l’ordre du jour de la prochaine Conférence ministérielle sur la francophonie canadienne. C’est un dossier très important pour moi, je vais continuer à le suivre pour m’assurer qu’il y ait une amélioration. »