Marijuana dans les lieux publics : les libéraux reculent

L'Assemblée législative de l'Ontario. Archives, #ONfr

TORONTO – Le gouvernement de Kathleen Wynne fait un pas en arrière après avoir annoncé qu’il serait possible pour les consommateurs de marijuana pour des raisons médicales d’utiliser leur cigarette électronique pour vapoter dans les lieux publics. La décision d’étudier davantage les impacts de cette initiative n’est pas étrangère aux réactions mitigées qu’elle a reçues dans l’opinion publique.

ÉTIENNE FORTIN-GAUTHIER
efgauthier@tfo.org | @etiennefg

FRANÇOIS PIERRE DUFAULT
fpdufault@tfo.org | @fpdufault

Après avoir patiné pendant de longues minutes la veille, la ministre associée de la Santé et des Soins de longue durée a finalement admis, jeudi 26 novembre, qu’il allait être nécessaire de renvoyer la nouvelle loi sur la cigarette électronique à la table à dessin.

« Il y a présentement une exception (dans la nouvelle règle) qui permet à un petit nombre de personnes qui sont très malades (de vapoter) de la marijuana à des fins thérapeutiques dans les lieux publics », a affirmé Dipika Damerla, au terme de la période des questions à Queen’s Park.

Sur les réseaux sociaux, bon nombre de citoyens ont dénoncé l’exception accordée aux utilisateurs de marijuana. Une levée de boucliers qui n’a pas laissé le gouvernement indifférent. Celui-ci aura pris moins de 24 heures pour changer son fusil d’épaule. « J’ai entendu des préoccupations. Je vais en tenir compte », a affirmé la ministre.

Dipika Damerla s’est contentée de dire que davantage serait fait pour comprendre les conséquences que pourrait avoir cette exception sur la société. Les amendements à être apportés à la nouvelle loi sur la cigarette électronique ne vont pas influencer l’entrée en vigueur de la nouvelle législation le 1er janvier prochain, a-t-elle cependant insisté.

« À l’heure actuelle, les gens peuvent vapoter où ils veulent. Pas seulement de la marijuana. Notre gouvernement va réglementer la cigarette électronique à compter du 1er janvier 2016. Il ne sera plus permis de vapoter dans les lieux publics », a tranché Mme Damerla.

Plus de consultation

Il y aurait environ 23 000 citoyens canadiens utilisateurs de marijuana à des fins médicales. La province doit déterminer s’il est approprié et légal de leur interdire la consommation d’une substance qui est maintenant reconnue comme un outil pour réduire les douleurs et certains symptômes de maladie.

Le chef progressiste-conservateur, Patrick Brown, a frappé sur le même clou que la veille en évoquant de possibles conflits entre la loi provinciale et les règlements en vigueur dans les villes. « Nous devons accommoder ceux qui ont des besoins thérapeutiques. Mais j’espère que le gouvernement va bien faire les choses et qu’il respectera les règlements municipaux », a-t-il fait valoir.

Pour le NPD, ce recul libéral illustre une incapacité à consulter l’ensemble des acteurs impliqués dans un dossier, dont les citoyens. « Ce gouvernement libéral ne sait pas comment consulter. Nous l’avons vu à plusieurs occasions, notamment dans l’affaire des centrales au gaz et de la vente d’Hydro One. Voilà un autre exemple d’un gouvernement qui n’a pas bien consulté et qui doit faire marche arrière parce que les gens sont mécontents », a lancé l’élu de la deuxième opposition Jagmeet Singh.

Depuis la mise au jour de cette exception à la législation sur la cigarette électronique, plusieurs organismes ont soutenu qu’il serait important d’aussi les écouter. L’association des restaurateurs du Canada dit ne pas avoir été consultée, même si plusieurs patients pourraient bien se retrouver à consommer de la marijuana entre leurs murs.