Maison de la francophonie d’Ottawa : une attente bien longue

La projection du bâtiment lors de sa probable ouverture dans quelques mois ou années.Archives

[ANALYSE]

OTTAWA – Lors de la Journée des Franco-Ontariens en 2011, les responsables du Centre multiservices francophone de l’Ouest d’Ottawa (CMFO) étaient ambitieux : l’édifice devait ouvrir pour 2012. Six ans plus tard, la Journée des Franco-Ontariens se fera une fois de plus sans cette Maison de la francophonie d’Ottawa sur le chemin Richmond tant attendue.

SÉBASTIEN PIERROZ
spierroz@tfo.org | @sebpierroz

Désormais géré par le Conseil des écoles publiques de l’Est de l’Ontario (CEPEO), le CMFO vient d’annoncer une ouverture pour 2019. Une nouvelle échéance dans la lignée des multiples qui n’ont pas pu être respectées au cours des dernières années. Les travaux démarrés en 2015 dans cette ancienne école ont même dû être arrêtés l’année suivante, faute de financement.

Des difficultés qui ne sont pas sans rappeler celles rencontrées par le projet du Village d’antan franco-ontarien (VAFO), et il y a quelques années par l’écho d’un peuple.

La vocation même du centre de placer sous un même toit les organismes francophones de l’Ouest d’Ottawa auxquels s’ajouteraient des succursales du CEPEO et de La Cité, est pourtant cruciale pour la vitalité francophone dans la capitale. Si l’on verse dans la comparaison avec les deux autres grands foyers franco-ontariens de Toronto et Sudbury, Ottawa prend du retard.

Dans la Ville reine, le projet d’une Maison de la francophonie pourrait voir le jour en partageant le même toit que la future université franco-ontarienne et d’autres organismes. C’est en tout cas ce que sous-entendait le rapport de Dyane Adam publié fin août. À Sudbury, le projet de la Place des arts a connu un coup d’accélérateur majeur cette année, en obtenant la confirmation du financement provincial.

Dans le cas sudburois, les 8,25 millions de dollars obtenus du provincial restent similaires à la somme de 9 millions réclamée par le CMFO. Une situation dès lors paradoxale.

Une bâtisse en mauvais état

En réalité, l’intérêt de la Maison de francophonie d’Ottawa reste sous-estimé, et n’a pas bénéficié de l’écho mérité. S’en dégage in fine l’impression que l’énergie des francophones d’Ottawa a été déployée vers d’autres dossiers, à l’instar de la désignation bilingue la capitale. Au point de mettre moins de pression sur le gouvernement provincial, à la différence des défenseurs de la Place des arts de Sudbury.

Tout indique par ailleurs que l’état de la bâtisse, cédée par la Ville d’Ottawa pour un dollar symbolique en 2010, laisse cruellement à désirer. En témoigne, la découverte d’amiante sur le site durant les travaux. Pour ne rien arranger, l’édifice a été le théâtre d’actes de vandalisme cet été.

Sur le papier l’idée était pourtant intéressante : rénover et conserver l’aile centrale du bâtiment datant de 1922, protégé en vertu de la Loi sur le patrimoine de l’Ontario, et y ajouter des nouvelles infrastructures. Sauf que la conservation de la « pierre ancienne » demande souvent bien plus d’entretien que prévu…

Le gouvernement reste prudent

Quoi qu’il en soit, le gouvernement affirme regarder toujours de près le projet. Mais conscients de marcher sur des œufs, Bob Chiarelli, le député d’Ottawa-Ouest-Nepean, où se situe le CMFO, tout comme la ministre des Affaires francophones, Marie-France Lalonde, refusent de donner une date précise quant à l’ouverture.

Une bien longue attente en somme, qui dans le cas de la première « ville francophone » en Ontario, avec plus de 30 000 résidents à l’Ouest, fait même figure d’aberration.

Cette analyse est aussi publiée dans le quotidien Le Droit du 25 septembre.