L’organisme Canadian Youth for French tire sa révérence

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[EXCLUSIF]
OTTAWA – L’organisme de promotion du bilinguisme chez les jeunes Canadiens, Canadian Youth for French (CYF) a décidé de tirer sa révérence, faute de fonds suffisants pour poursuivre ses activités, a appris #ONfr.

BENJAMIN VACHET
bvachet@tfo.org | @BVachet

C’était une histoire à succès, un symbole du rapprochement entre les deux solitudes canadiennes. Mais dans un courriel envoyé dans les deux langues, Justin Morrow confirme à #ONfr la fin de son projet.

« Canadian Youth for French est dans les dernières phases de sa dissolution. Nous ne proposons plus aucun programme, ni n’avons d’employés. Le conseil d’administration a pris la décision de se dissoudre en 2014, puisqu’il a été difficile de réaliser notre mandat ambitieux avec les ressources disponibles. Nous continuons de penser qu’augmenter le nombre de Canadiens bilingues est une mission très importante. Alors que les membres du conseil passent à d’autres projets, nous continuons tous à être des champions fiers de l’apprentissage du français chez les jeunes », écrit M. Morrow.

Lorsqu’il a créé CYF en 2009, Justin Morrow a suscité beaucoup d’enthousiasme devant la volonté d’un jeune anglophone de promouvoir le bilinguisme d’Est en Ouest.

À son arrivée à l’Université Laval, à Québec, en 2006, le jeune étudiant, originaire de Shedden, près de London, en Ontario, ne parlait pas un mot de français. Mais à l’issue de ses études, il n’a pas seulement remporté deux coupes Vanier avec l’équipe de football des Rouge et Or. Il s’est également découvert une passion pour la langue de Molière. Une langue qu’il souhaitait promouvoir en faisant connaître son expérience pour inspirer d’autres jeunes anglophones à apprendre le français à travers le Canada.

Au sein de l’organisme CYF, francophones et anglophones se donnaient pour mission d’augmenter le nombre de Canadiennes et de Canadiens bilingues au pays et de valoriser le français. L’organisme sans but lucratif proposait des conférences dans les écoles secondaires anglophones du Canada pour faire connaître aux jeunes les avantages de parler les deux langues officielles.

« C’était une initiative très intéressante et c’est dommage qu’elle prenne fin car c’est encourageant de voir des jeunes qui s’investissent pour promouvoir le français et qui veulent faire une différence. Toutefois, d’autres organismes existent pour les jeunes », a réagi la présidente de la Fédération des communautés francophones et acadienne (FCFA) du Canada, Sylviane Lanthier.

Initiative d’une seule personne, CYF avait progressivement grandi, se dotant d’un conseil d’administration et de projets pour développer l’organisme. Fort de partenaires comme Patrimoine canadien, l’Université Laval et le Centre de la francophonie des Amériques (CFA), l’organisme travaillait notamment sur une tournée pancanadienne à vélo pour se faire connaître et promouvoir sa vision.

Le président-directeur général du CFA, Denis Desgagné n’a pas caché sa grande déception.

« Nous avons travaillé plusieurs fois ensemble sur des partenariats ponctuels, c’était un organisme très pertinent. C’est vraiment dommage de voir disparaître une belle initiative comme celle-ci, qui occupait une place très importante et utile pour la francophonie canadienne et qui valorisait notre langue. Le problème de CYF, c’est le problème de beaucoup d’organismes qui ne sont pas assez soutenus financièrement pour réaliser leur mission ».

Le fondateur de CYF a confirmé à #ONfr les raisons de la fin de l’aventure.

« Nous n’avions pas les ressources pour réaliser notre mandat ambitieux. Cela dit, la dissolution de CYF ne veut pas dire que je ne rêve plus du jour où une majorité de Canadiens seront capables de tenir une conversation dans les deux langues officielles ».