L’Ontario reconduit son financement contre l’itinérance

La première ministre Kathleen Wynne.

TORONTO – Le gouvernement libéral de l’Ontario a annoncé la reconduction, le lundi 30 mars, d’une enveloppe de 587 millions $ sur deux ans pour aider les municipalités de la province à prévenir, voire éradiquer l’itinérance.

FRANÇOIS PIERRE DUFAULT
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SÉBASTIEN PIERROZ
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Le financement de Queen’s Park doit permettra aux municipalités, entre autres, de créer des centres de refuge pour les personnes en difficulté, d’offrir des programmes de prévention de l’itinérance comme de l’aide financière d’urgence, et d’offrir une combinaison de logements sur le long terme et de logements de transition.

« Nous savons que l’itinérance est coûteuse pour l’économie et (…) nous essayons de transformer les programmes et les services destinés à la population, pour veiller à ce qu’ils se focalisent sur les résultats pour la population », a fait savoir Deb Matthews, présidente du Conseil du Trésor et ministre responsable de la Stratégie de réduction de la pauvreté de l’Ontario.

L’Initiative de prévention de l’itinérance dans les collectivités (IPIC) est le résultat d’une fusion de cinq programmes de lutte contre l’itinérance. À pareille date l’an dernier, le programme aurait aidé plus de 30 000 ménages à trouver un logement, et plus de 80 000 ménages à éviter de se retrouver à la rue.

« Ce n’est pas vraiment clair ce que l’on veut cibler », s’est interrogé pour sa part le professeur Tim Aubry, titulaire de la Chaire de recherche en santé mentale communautaire et itinérance de l’Université d’Ottawa, joint par #ONfr. « C’est une somme bien entendu importante, même si il n y a pas eu une augmentation depuis dix ans. »

La part du lion pour Toronto

« Cette initiative accorde aux collectivités la souplesse voulue pour tenir compte des priorités locales et mieux satisfaire les besoins des particuliers et des familles qui sont sans abri ou qui risquent de le devenir », a précisé Ted McMeekin, ministre des Affaires municipales et du Logement.

La Ville de Toronto, avec ses 2,5 millions d’habitants, doit toucher un peu plus du tiers de l’enveloppe totale de l’Ontario pour la lutte à l’itinérance, soit 223 millions $ sur deux ans. Une annonce qui intervient alors qu’étude à l’appui, la métropole évalue ses besoins de base en matière de logement abordable à 2,6 milliards $.

Le maire John Tory a exhorté les gouvernements provincial et fédéral à investir dans la réparation du parc de logement abordable de Toronto, le 30 mars. « Les avantages économiques et sociaux de l’augmentation des investissements sont importants et de grande portée. Cependant, si nous continuons à prendre du retard, nous sommes confrontés à des coûts sociaux très réels, et très troublants », a-t-il déclaré.

« À Toronto, l’obstacle principal reste les loyers très forts », a fait valoir Tim Aubry.

Une étude du Canadian Centre for Economic Analysis, citée par M. Tory, chiffre les retombées d’éventuels investissements dans le logement abordable dans la métropole à 5 milliards $ pour le secteur privé, et à 4,5 milliards $ pour les gouvernements.

L’opposition progressiste-conservatrice à Queen’s Park n’a pas immédiatement réagi à l’annonce du gouvernement, le 30 mars.

« Le gouvernement aime faire de belles annonces. Mais celle-ci ne mène pas très loin. C’est le même financement que l’an dernier. C’est une réduction du financement, dans les faits. L’inflation érode la valeur de ces dollars », a fustigé pour sa part la chef néo-démocrate Andrea Horwath. « Les libéraux n’ont aucun plan. Ils n’ont aucune cible. Ils n’ont aucune stratégie. »

De l’avis du professeur Tim Aubry, de l’Université d’Ottawa, la meilleure manière pour les gouvernements de combattre l’itinérance est d’octroyer aux individus à risque une aide conséquente pour le loyer. « C’est la logique qui est la plus prisée depuis plusieurs années », a-t-il observé.