Les tarifs d’électricité dans la mire de la vérificatrice générale

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TORONTO – La vérificatrice générale de l’Ontario, Bonnie Lysyk, déplore la structure financière créée par le gouvernement ontarien pour offrir une réduction de 25 % sur les factures d’électricité. Selon Mme Lysyk, le gouvernement a créé une structure « inutile et complexe » qui coûtera cher aux Ontariens.

JEAN-FRANÇOIS MORISSETTE
jmorissette@tfo.org | @JFMorissette72

Selon Bonnie Lysyk, le plan du gouvernement coûtera près de 40 milliards de dollars sur une période de 30 ans, incluant des frais d’intérêts additionnels de 4 milliards de dollars, qu’elle juge « inutiles ».

Pour arriver à offrir une réduction, le gouvernement a choisi de créer un actif de dette au sein de l’Ontario Power Generation (OPG), plutôt que d’emprunter directement de l’argent pour financer son plan. Selon la province, cela permet de vendre l’actif par la suite et créer des revenus.

Or, la vérificatrice générale de l’Ontario trouve la technique « inappropriée » et croit que cela ne doit pas être pris à la légère.

Mme Lysyk souligne que cette technique a pour effet de cacher aux Ontariens les répercussions financières réelles, puisque la dette créée par cette structure n’apparaît pas au sein des livres comptables de l’État.


« La structure établie par le gouvernement cachera aux Ontariennes et aux Ontariens les véritables conséquences financières de cette réduction des tarifs d’électricité. » – Bonnie Lysyk


La vérificatrice générale appelle le gouvernement à déclarer les répercussions financières réelles de son plan de réduction et implore la province d’utiliser une structure moins onéreuse pour le financer.

Selon Mme Lysyk, « la seule réduction de tarifs qui persistera après 2027 sera une diminution de 9 % découlant principalement d’un remboursement de la TVH et d’autres programmes financés par les contribuables ».

À compter de 2028, aux fins du remboursement des emprunts, les consommateurs se verront facturer un montant supérieur au coût réel de l’électricité produite.

Mme Lysyk a argumenté qu’il ne s’agissait pas d’une dispute comptable entre le gouvernement et son bureau.

« La province a fait fi de ces normes (comptables) qui sont utilisées par tous les (autres) gouvernements, fédéral et provinciaux, au Canada (…) ce n’est pas rien », s’est-elle exclamée.

En mars, le Bureau de la Responsabilité financière (BRF) publiait un rapport stipulant qu’en se basant sur des projections, les coûts de l’électricité en province augmenteront dramatiquement de 6,8 % après 2021.

Le gouvernement défend son plan

Le ministre de l’Énergie, Glenn Thibeault, a défendu le plan du gouvernement pour réduire les factures d’électricité des Ontariens, expliquant avoir eu recours à de nombreux experts pour arriver à cette option.

Bien qu’il respecte le travail de la vérificatrice générale, M. Thibeault se dit en désaccord avec ses conclusions.

« Le financement de l’électricité doit demeurer limité au réseau d’électricité », a-t-il martelé en point de presse pour expliquer son choix de financer grâce à OPG. 

Tout au long de son intervention, le ministre Thibeault a assuré que le gouvernement avait fait « un choix politique », mais n’a pas été en mesure d’expliquer pourquoi la province a choisi cette option plutôt qu’une autre.

En février, le gouvernement ontarien a annoncé son plan pour réduire les factures d’électricité de l’Ontario de 25 %.

L’opposition en furie

Le critique en matière d’Énergie pour le Parti progressiste-conservateur (Parti PC) de l’Ontario, Todd Smith, ne mâche pas ses mots sur le plan du gouvernement. À la lumière des conclusions de Mme Lysyk, M. Smith estime qu’il ne peut plus faire confiance au gouvernement quant à la gestion des finances publiques.

Peter Tabuns, député du Nouveau Parti démocratique (NPD) de l’Ontario, estime quant à lui qu’il s’agit d’une manœuvre des libéraux pour se faire réélire et déplore que les Ontariens aient à payer le prix fort.