« Les NPD de l’Alberta et de l’Ontario sont différents »

La première ministre néo-démocrate de l'Alberta, Rachel Notley.

 

TORONTO – Les réactions fusent au lendemain de la victoire du Nouveau Parti démocratique (NPD) aux élections générales en Alberta. Une telle vague orange également possible en Ontario? Pas certain, estime le politologue Ian Roberge du collège universitaire Glendon de l’Université York.

SÉBASTIEN PIERROZ
spierroz@tfo.org | @SebPierroz

FRANÇOIS PIERRE DUFAULT
fpdufault@tfo.org | @fpdufault

« Il y a des différences entre ces deux partis. Le NPD de l’Ontario possède une histoire beaucoup plus syndicale, du fait de son passé industriel, qui le classe beaucoup plus à gauche. À l’inverse, le NPD de l’Alberta est beaucoup plus à droite, selon moi, et son approche économique est plus conservatrice. »

Symbole de cette « prudence » économique : la volonté de la nouvelle première ministre Rachel Notley de mettre en place une commission chargée de modifier le système des redevances énergétiques. « C’est quelque chose qui a déjà été fait par l’ancien premier ministre progressiste-conservateur Ed Stelmach (en poste de 2006 à 2011). Il n’y a donc rien de nouveau à ce sujet. » 

Avant de poursuivre : « Les circonstances ont aussi exigé au NPD de l’Alberta de s’adapter aux électeurs afin de ne pas effrayer ses potentiels votants de droite. »

 

Peur et flou

La vague orange qui a balayé l’Alberta, le mardi 5 mai, n’est pas sans rappeler la victoire du NPD en Ontario en 1990. Il s’agissait là aussi d’une première pour le parti orange.

« Les cinq ans du premier ministre NPD Bob Rae ont laissé beaucoup de mauvais souvenirs aux Ontariens, poursuit M. Roberge. Ce fut une période de crise économique et de récession. Pendant des années, l’Ontario n’a plus eu envie de se doter d’un tel gouvernement. »

Si les conditions sont aujourd’hui « présentes » en Ontario pour une victoire du NPD, dixit l’universitaire, la chef du parti Andrea Horwath n’est pas parvenue à convaincre les électeurs. « Lors des deux élections générales, en 2011 et 2014, le NPD a présenté une plateforme incohérente qui voulait avant tout répondre à plusieurs auditoires. »

Sous le règne de Mme Horwath, le parti orange a engrangé ses meilleurs scores depuis le mandat de Bob Rae – 17 députés élus en 2011, 21 en 2014 – sans pour autant profiter de la grogne des électeurs contre le gouvernement libéral en place.

 

Premières réactions

Mme Horwath n’a d’ailleurs pas manqué de réagir à la victoire de sa collègue Rachel Notley. « C’est une victoire historique », s’est-elle enthousiasmée sur les médias sociaux, peu après les résultats définitifs.

« Le NPD albertain a mené une belle campagne. Il a su toucher une corde sensible auprès de la population, celle du mécontentement par rapport à un gouvernement qui avait depuis longtemps perdu le pouls de ses électeurs, qui était devenu très arrogant et qui était très centré ses propres intérêts », a confié Mme Horwath à #ONfr après la période de questions à Queen’s Park, le mercredi 6 mai.

« Certainement, mon chef de cabinet va prendre contact avec l’équipe qui a mené cette campagne au cours des prochaines semaines », a ajouté Mme Horwath. « Il y a toujours des leçons à apprendre. »

Sur son fil Twitter, le chef du NPD fédéral Thomas Muclair a aussi savouré : « C’est une victoire qui marquera l’histoire, inspirée par une campagne remplie d’espoir et d’optimisme. »

Le premier ministre conservateur Stephen Harper, qui a perdu avec la défaite de Jim Prentice un allié important dans l’Ouest canadien, a tout de même salué le succès du NPD dans sa province de résidence. « Je me réjouis de travailler avec la future première ministre Notley à des dossiers importants pour les Albertains et pour tous les Canadiens, comme la création d’emplois, la croissance économique et la prospérité à long terme de la province et du pays. »