Les francophones pas prêts d’avoir leur sous-ministre à la Santé

Le Dr Eric Hoskins, ministre de la Santé et des Soins de longue durée, devant la presse à Queen's Park. Archives, #ONfr

TORONTO – Relancée par l’Assemblée de la francophonie de l’Ontario (AFO) lors d’une entrevue à #ONfr, l’idée d’un sous-ministre adjoint en langue française au Ministère de la Santé et des Soins de longue durée (MSSLD) fait son chemin… sans atteindre encore les bureaux du gouvernement.

SÉBASTIEN PIERROZ
spierroz@tfo.org | @SebPierroz

FRANÇOIS PIERRE DUFAULT
fpdufault@tfo.org | @fpdufault

Madeleine Meilleur montre même ses réticences. « Ce n’est pas ma priorité pour l’instant. Ce que je veux avant tout, c’est l’assurance que les francophones peuvent être servis en français au niveau de la santé », affirme à #ONfr la ministre déléguée aux Affaires francophones.

Et de poursuivre : « Nous devons nous concentrer sur les désignations d’hôpitaux et avoir plus de professionnels de la santé bilingue. »

Le Dr Eric Hoskins, ministre de la Santé et des Soins de longue durée, s’est montré plus flou sur ses intentions. « Je sais que mon ministère et moi-même prenons déjà très au sérieux les enjeux de la communauté franco-ontarienne », a-t-il contre-argumenté à #ONfr. « J’ai une approche très vigoureuse par rapport à la prestation des services en français. J’ai mon propre groupe de travail qui garde un œil sur les services de santé pour la communauté franco-ontarienne. »

 

Livre blanc

Le projet d’une telle fonction n’est pas nouveau. L’AFO l’avait mis en avant dans la rédaction de son Livre blanc sur les assises de la santé de l’Ontario français, dévoilé à l’automne dernier.

« Il est en particulier proposé de commencer par le sommet de la pyramide en procédant à la création d’un poste de haut gestionnaire (au niveau de sous-ministre adjoint) au sein du MSSLD ainsi que de revoir les liens d’imputabilité entre les entités de planification, les Réseaux locaux d’intégration des services de santé (RLISS) et le MSSLD », peut-on lire dans le volumineux document.

Son application serait calquée sur le modèle du sous-ministre de la Division de l’éducation en langue française. Le poste est actuellement occupé par Janine Griffore depuis 2013.

« On aurait ainsi quelqu’un au-dessus de la pyramide décisionnelle, avec un cadre pour les affaires en français », croit le président de l’AFO, Denis Vaillancourt « Pour le moment, on travaille en réaction et non de manière proactive. »

Le président de l’organisme porte-parole des Franco-Ontariens cite l’absence de suivi lorsque le service en français est envoyé à des agences locales, agissant à titre de tierces parties. « Le service en français est là, mais on ne sait pas toujours avec quel personnel. »

Autre constat : les entités de planification, censées conseiller les RLISS sur les besoins en matières francophones, piétinent selon M. Vaillancourt. « En l’absence d’un cadre, beaucoup de règlements des entités doivent être souvent refaits. »

 

NPD favorable

Mis au placard par les libéraux, le projet est mieux accueilli du côté de la néo-démocrate France Gélinas, critique de son parti en matière d’Affaires francophones.

« C’est une excellente idée. Ça peut tout changer pour nous, les francophones. Avoir quelqu’un avec la responsabilité de veiller aux services en français à même le ministère de la Santé amènerait des changements positifs fulgurants. Le plus vite nous serons capables de rentrer ça dans la tête du ministère, le mieux nous serons desservis. »

De l’avis de Mme Gélinas, un sous-ministre adjoint à la Santé aurait pu prévenir la fermeture de l’hôpital de Penetanguishene, amorcée en 2014 pour des raisons financières malgré une désignation partielle en vertu de la Loi sur les services en français.