Les francophones attendent un geste de Trudeau

Le Parlement du Canada, à Ottawa. Archives ONFR+

OTTAWA – Les députés fédéraux reprennent le chemin de la Chambre des communes, ce lundi 18 septembre. La Fédération des communautés francophones et acadienne (FCFA) du Canada prévoit un automne mouvementé et attend un geste de la part du premier ministre en matière de langues officielles.

BENJAMIN VACHET
bvachet@tfo.org | @BVachet

« Nous travaillons fort pour que le premier ministre Justin Trudeau fasse une déclaration publique dans laquelle il s’engage envers les communautés de langue officielle en situation minoritaire et au respect de la Loi sur les langues officielles », lance le président de la FCFA, Jean Johnson.

L’organisme porte-parole des francophones en contexte minoritaire demande depuis plusieurs mois une rencontre avec M. Trudeau et dit avoir profité de l’été pour démarcher plusieurs autres ministres, dont celui d’Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada, Ahmed Hussen, ainsi que la ministre de la Justice, Jody Wilson-Raybould et la nouvelle ministre de la Santé, Ginette Petitpas Taylor.

« Le dossier de l’immigration francophone est une priorité, comme on le répète souvent, et on veut travailler avec le gouvernement pour atteindre la cible d’immigration francophone. Mais nous allons aussi surveiller le travail du Sénat qui étudie une modernisation de la Loi sur les langues officielles, ainsi que les détails du nouveau Plan d’action sur les langues officielles qui devraient être connus cet automne et pour lequel les attentes sont très élevées. »

La FCFA presse le gouvernement de revoir la manière dont sont gérés les programmes élaborés au sein du futur plan d’action afin qu’ils tiennent compte des besoins particuliers de chaque communauté.

« Il est temps d’aller plus loin et d’impliquer les communautés au lieu de leur parachuter des programmes conçus par les fonctionnaires. Nous voulons que ces programmes soient conçus et livrés par et pour nos communautés francophones. »

Le président de l’organisme attend également avec impatience la nomination du nouveau commissaire aux langues officielles du Canada.

Priorité à la justice

Le porte-parole aux langues officielles pour le Nouveau Parti démocratique (NPD), François Choquette, surveillera lui aussi avec attention cette nomination.

« Les libéraux ont beaucoup à se faire pardonner après la nomination avortée de Madeleine Meilleur, car ce ne sont pas eux qui ont réglé le problème, c’est Mme Meilleur elle-même qui a décidé de retirer sa candidature avec beaucoup d’humilité. »

Récemment, le député néo-démocrate et son chef, Thomas Mulcair, ont fait parvenir une lettre à la ministre du Patrimoine canadien, Mélanie Joly, concernant le nouveau processus de nomination du commissaire aux langues officielles, qui avait été présenté par le gouvernement fin juillet.

François Choquette
Le député néo-démocrate François Choquette. Crédit photo : Benjamin Vachet

« Nous lui demandons trois choses : d’une, que la FCFA et le Québec Community Groups Network soient consultés sur ce nouveau processus; de deux, que le gouvernement consulte, et non pas avise, les chefs des partis d’opposition reconnus quant à cette nomination; enfin, nous pensons qu’à compétence égale, il serait temps de retenir une candidature acadienne pour occuper ce poste. »

M. Choquette ne cache pas que sur sa liste de priorités pour cette rentrée parlementaire, le vote de son projet de loi sur le bilinguisme des juges à la Cour suprême du Canada, qui avait commencé à être débattu en mars dernier, figurera en bonne place.

« Je souhaite pousser pour que le rapport du comité permanent des langues officielles sur cette question soit publié avant l’étude de mon projet de loi, afin que les députés aient toute l’information nécessaire pour faire un choix éclairé. La majorité des experts nous ont dit qu’il était possible de rendre le bilinguisme des juges de la Cour suprême du Canada obligatoire sans modifier la constitution. Les arguments des libéraux contre une loi ne tiennent donc pas. »

Un nouveau visage au Parti conservateur

La rentrée parlementaire sera également l’occasion d’entendre une nouvelle voix sur les questions de langues officielles.

Choisi par le chef du Parti conservateur du Canada (PCC) Andrew Scheer, à la fin du mois d’août, Alupa Clarke a repris le flambeau de Bernard Généreux, puis de Sylvie Boucher, comme critique conservateur en matière de langues officielles.

« Cette nomination s’inscrit bien dans mon parcours de vie puisque mon père est un anglophone de Vancouver et ma mère, une francophone de Beauport. J’ai grandi dans un environnement bilingue et j’en suis très fier », explique M. Clarke.

Le député québécois de Beauport-Limoilou devrait rapidement siéger au comité permanent des langues officielles. En attendant, il invite le gouvernement à aller plus loin dans ce dossier.

« Le gouvernement n’est actuellement pas très proactif dans ce domaine. Il dit que le français et les minorités linguistiques sont importants, mais ça manque de concret. Le gouvernement doit s’assurer du respect de la Loi sur les langues officielles et ses ministres devraient être plus conscients de cet enjeu. J’entends encore trop souvent certains d’entre eux répondre en anglais à une question posée en français à la Chambre des communes! »