Les Entités de santé en français de l’Ontario vont survivre

Crédit photo: utilisation autorisée

[EXCLUSIF]

TORONTO – À minuit moins une, le mandat des Entités de planification des services de santé en français de l’Ontario est finalement renouvelé. La lenteur nécessaire à la prise de cette décision témoigne d’un désintérêt total du gouvernement libéral de Kathleen Wynne pour les soins de santé en français, selon l’opposition néo-démocrate.

ÉTIENNE FORTIN-GAUTHIER
efgauthier@tfo.org | @etiennefg

Moins de trois semaines avant que leur mandat n’expire, les Entités ont reçu les garanties du gouvernement que leur travail pourrait se poursuivre, a révélé en primeur à #ONfr le ministre de la Santé et des Soins de longue durée, le Dr Eric Hoskins.

Le ministre a admis en matinée, le mercredi 18 novembre, ne pas connaître la durée du nouveau mandat des Entités que son ministère vient d’accorder. L’attaché de presse du ministre a plus tard contacté #ONfr pour révéler que le mandat accordé aux Entités était de cinq ans.

Les six Entités de la province conseillent depuis 2010 les autorités régionales de la santé (RLISS) en matière de services en français. Le ministre Hoskins a assuré que son gouvernement et le ministère qu’il dirige souhaitent être à l’écoute des francophones de la province.

« Outre les Entités, je veux m’assurer que la voix des Franco-Ontariens est bien entendue. Je vais aussi continuer à travailler sur d’autres mesures en ce sens. Je rencontre souvent le Conseil consultatif des services de santé en français et d’autres représentants francophones », a affirmé le ministre.

Doit-on en faire davantage dans le système de la santé ontarien en matière de services en français? « Il y a 600000 francophones, c’est un assez gros groupe. Je souhaite qu’on leur offre le meilleur service possible. On doit toujours faire plus », a répondu le Dr Hoskins, tout en affirmant être ouvert aux idées de la communauté à ce chapitre.

Manque d’intérêt dénoncé

La députée néo-démocrate France Gélinas, porte-parole de l’opposition en matière d’Affaires francophones et de Santé, a eu des mots durs à l’endroit du ministre Hoskins, quelques instants après le dévoilement de sa décision de renouveler le mandat des Entités. « Le ministre de la Santé ne connait pas les Entités, il ne les respecte pas et il n’est pas très intéressé par le fait français », a-t-elle lancé.

« Un gros bravo aux Entités d’avoir sonné la sonnette d’alarme. Il y a des transformations dans le système de la santé et sans leur prise de parole, c’est presque garanti qu’elles n’existeraient plus », a ajouté l’élue de Nickel Belt, dans la région de Sudbury.

Les RLISS sont tenus par la Loi de se référer aux entités et de tenir compte de leurs recommandations, mais elles ne sont pas obligées de le faire. Le gouvernement Wynne a raté une belle occasion de modifier le mandat des Entités pour leur donner davantage d’influence, selon Mme Gélinas.

« Le travail fait par les Entités a une valeur et ça doit continuer, mais j’aimerais qu’elles aient plus de pouvoirs décisionnels. Actuellement, les conseils donnés aux RLISS sont souvent ignorés », affirme Mme Gélinas. Les Entités doivent cependant rester indépendantes face aux RLISS, insiste-t-elle. « Un service en français dans un service anglophone devient toujours secondaire », ajoute-t-elle.

À son avis, la communauté franco-ontarienne doit demeurer vigilante, particulièrement dans le contexte actuel. Le français paye bien souvent le prix des transformations menées dans le système de santé, avance Mme Gélinas.

« Dans toutes les cliniques privées qui se multiplient à un rythme, les services en français n’existent plus. On recule », dit-elle en exemple.

La décision du ministre de la Santé de renouveler le mandat des Entités fait suite au rapport réalisé par la firme de consultation Prairie Research Associated sur l’avenir de ces organisations de santé. L’attaché de presse du ministre Hoskins a indiqué, le 18 novembre, qu’il ne pouvait pour l’instant rendre public le document.