Les cinq dossiers à surveiller en 2018 à Queen’s Park

Patrick Brown, chef du Parti PC, Kathleen Wynne, première ministre de l'Ontario, et Andrea Horwath, chef du NPD de l'Ontario. Crédit image: Maxime Delaquis

L’année 2018 pourrait être l’année de tous les changements politiques en Ontario. Après 14 années au pouvoir, les troupes de Kathleen Wynne joueront leur avenir alors que les progressistes-conservateurs de Patrick Brown tenteront de convaincre l’électorat qu’ils sont la solution aux problèmes de la province. Bien qu’il soit encore tôt pour connaitre l’issue de l’élection, beaucoup de changements s’annoncent pour les prochains 365 jours.

JEAN-FRANÇOIS MORISSETTE
jmorissette@tfo.org | @JFMorissette72

L’élection, un test de leadership

L’Ontario vit actuellement son premier cycle électoral avec une élection à date fixe. À moins d’un revirement de situation majeur, les Ontariens seront appelés aux urnes le 7 juin prochain. Si une élection avait lieu aujourd’hui, 40 % des voix iraient au chef du Parti progressiste-conservateur (Parti PC) de l’Ontario, Patrick Brown.

La première ministre de l’Ontario, Kathleen Wynne, n’aurait que 24 % des intentions de vote, selon un sondage de The Forum Poll

Il s’agit également de l’élection de la dernière chance pour Andrea Horwath, la chef du Nouveau Parti démocratique (NPD) de l’Ontario. Toutefois, pour sa troisième campagne électorale comme chef, Mme Horwath est en meilleure position, elle qui obtiendrait 26 % des intentions de vote, se classant ainsi en seconde position, devant les libéraux. 

Qui prendra leur place?

2018 marquera l’heure de la retraite pour plusieurs pointures du gouvernement Wynne. Parmi les départs, on note la présidente du Conseil du Trésor, Liz Sandals, la ministre de l’Enseignement supérieur et de la Formation professionnelle, Deb Matthews, le ministre du Développement économique et de la Croissance, Brad Duguid, et le président de l’Assemblée législative, Dave Levac. Advenant une réélection du gouvernement Wynne, la première ministre devra remplacer ces ténors libéraux par de nouvelles recrues.

Par ailleurs, les élections amèneront aussi leur lot de nouveaux députés à Queen’s Park. M. Brown a récemment recruté de grosses pointures comme Caroline Mulroney, la fille de l’ancien premier ministre Brian Mulroney, Rod Phillips, qui a déjà été dirigeant de la Société des loteries et des jeux de l’Ontario, ainsi que Denzil Minnan-Wong, maire-adjoint de Toronto. Si M. Brown est porté au pouvoir le 7 juin, ces personnes sont considérées pour des postes importants de ministres et pourraient devenir influentes sur la scène provinciale.

Le cannabis et ses revenus

La marijuana sera légale au Canada le 1er juillet prochain. À la fin de l’été, l’Ontario a été la première province canadienne à dévoiler son plan de distribution et de vente. D’ici 2020, on planifie ouvrir une centaine de magasins à travers la province du style LCBO. L’Ontario a aussi choisi de fixer l’âge minimal de consommation de cannabis à 19 ans. Entre l’ouverture des premiers magasins et la légalisation par le gouvernement fédéral en juillet 2018, l’Ontario mettra sur pied un système de distribution en ligne. Toutefois, il reste encore beaucoup d’incertitude sur ce plan, notamment le coût de l’implantation de ces magasins, le coût au gramme du cannabis et surtout, le sort qui sera réservé aux dispensaires privés. Actuellement, ces dispensaires sont illégaux, mais tolérés par plusieurs corps policiers de la province. L’Ontario s’est engagé à les fermer mais n’a pas expliqué plus en détails comment il allait procéder.

Les scandales

Mme Wynne a été prise avec quelques scandales politiques au cours de la dernière année. Celui du Sudburygate derrière elle, la première ministre espère faire un parcours sans faute au cours des prochaines semaines. Toutefois, M. Brown n’est pas en reste. De nombreuses allégations d’irrégularités lors des investitures de ses candidats ont entaché la réputation de son parti . L’une d’elles a même mené à l’ouverture d’une enquête policière.

Les idées politiques

Jusqu’à présent, le Parti PC est la seule formation politique à avoir présenté un programme électoral. Basé sur cinq piliers, Patrick Brown s’y est engagé à réduire l’impôt sur le revenu de la classe moyenne de 22,5 %, à rembourser les frais de garde d’enfants jusqu’à concurrence de 75 % en créant un fonds spécial et à réduire de 32 % les factures d’électricité des Ontariens. Le chef du Parti PC promet aussi d’investir 1,9 milliard de dollars pour s’attaquer aux problèmes de santé mentale et d’adopter une « Loi sur la confiance, l’intégrité et la reddition de comptes ».

Du côté du Parti libéral de l’Ontario (PLO), on connaît déjà quelques mesures phares, comme la création d’un régime d’assurance médicaments pour les moins de 25 ans, l’augmentation du salaire minimum à 15 $ de l’heure et le maintien de l’équilibre budgétaire.

Le NPD a aussi fait des promesses pour l’an prochain, dont celle d’établir un régime d’assurance médicaments universel et de réduire les factures d’électricité de 30 % en procédant à une renationalisation d’Hydro One.

Avec la date du 7 juin qui arrive à grands pas, d’autres mesures seront annoncées, y compris par le Parti PC, pour permettre aux Ontariens de prendre leur décision dans l’isoloir le jour du vote.