L’élimination du charbon n’aurait pas les effets escomptés selon l’Institut Fraser

TORONTO – La fermeture des centrales de charbons de l’Ontario n’a eu que peu d’effet sur la réduction de la pollution atmosphérique dans la province et ont contribué à l’explosion des coûts de l’électricité au cours des dernières années. C’est du moins la conclusion d’une étude de l’Institut Fraser publiée le 17 janvier.

JEAN-FRANÇOIS MORISSETTE 
jmorissette@tfo.org@JFMorissette72

Les auteurs de la recherche, Ross McKitrick, professeur d’Économie à l’Université Guelph et Kenneth Green, directeur des études sur les ressources naturelles à l’Institut Fraser, sont arrivés à cette conclusion après avoir analysé les données de pollution atmosphérique dans les régions de Hamilton, Toronto et Ottawa entre 2005 et 2014.

Selon leur étude, publiée par l’Institut Fraser, l’élimination des usines à charbon n’a eu que très peu d’effet sur les niveaux d’oxyde d’azote, une composante importante du smog.
Charbon Institut Fraser

En entrevue à #ONfr, Ross McKitrick a souligné qu’en analysant les données, son collègue et lui arrivent à la conclusion que la réduction des particules fines dans l’air était statistiquement insignifiante dans les régions de Toronto et Hamilton pour faire une différence dans la pollution atmosphérique et qu’au final les fermetures des centrales n’ont pratiquement rien changé pour l’environnement.

Ross McKitrick croit que si la province avait plutôt modernisé les centrales, au lieu de les fermer complètement, les résultats environnementaux auraient été les mêmes et les coûts de l’électricité seraient même beaucoup moins élevés aujourd’hui.

Le professeur d’économie note bien que les solutions mises de l’avant pour remplacer le charbon sont beaucoup trop coûteuses, ce qui a contribué à l’augmentation des coûts de l’électricité au cours des dernières années. Il profite de l’occasion pour dénoncer le choix du gouvernement de se retirer du charbon, sans avoir de solution moins coûteuse pour produire de l’électricité.

Charbon Institut Frase

Depuis plusieurs mois, le gouvernement ontarien est dans la tourmente à cause des coûts grandissants de l’électricité dans la province. La première ministre Wynne a même dû faire son mea culpa dans le dossier et ne cesse de dégringoler dans les sondages, en partie à cause de cet enjeu.

Des conclusions rejetées par le gouvernement

Le ministre de l’Énergie, Glenn Thibeault, n’a pas mâché ses mots à la vue du rapport de l’Institut Fraser. Par voie de communiqué, le ministre ontarien a rappelé que les experts à tous les niveaux, autant indépendants que gouvernementaux, arrivaient à la même conclusion : la fermeture des centrales au charbon a drastiquement aidé l’environnement de la province.


« Lorsque nous avons fermé les centrales au charbon, qui était source de smog, l’Ontario a économisé près de quatre milliards de dollars en dépenses en santé et sauvé des vies. Le rapport Toronto Vital Signs de 2016 souligne que les morts prématurés et les hospitalisations ont respectivement diminué de 23% et 41% depuis 2004 » – Glenn Thibeault


Le ministre assure que le retrait de l’industrie du charbon en Ontario a été l’équivalent d’éliminer sept millions d’automobiles des routes de la province, ce qui est très significatif pour la réduction de la pollution atmosphérique.

Glenn Thibeault maintient que la fermeture des centrales au charbon en Ontario était la bonne décision et que de passer une loi pour rendre illégale l’action de les rouvrir dans le futur était rendue nécessaire.

Nanticoke Generating Station

Une sonnette d’alarme

Selon les auteurs de la recherche, les conclusions de l’enquête devraient sonner l’alarme alors que le Canada s’apprête à tourner la page sur l’industrie du charbon.

Récemment, le gouvernement fédéral a annoncé la disparition des centrales au charbon au pays d’ici 2030. Seules quatre provinces utilisent encore ces technologies pour produire de l’électricité, soit l’Alberta, la Saskatchewan, la Nouvelle-Écosse et le Nouveau-Brunswick.


« L’exemple de l’Ontario devrait servir d’alarme au gouvernement fédéral qui promet des retombés incroyables en éliminant le charbon, mais qui ignore du même coup la crise énergétique de l’Ontario » – Ross McKitrick.


« La fermeture des centrales au charbon dans la province est venue avec de grandes promesses quant à la réduction de la pollution atmosphérique et sauvée des milliards de dollars dans le système de santé, mais rien de cela ne s’avère vrai », a expliqué Kenneth Green.

Ross McKitrick va plus loin et accuse le gouvernement d’embellir les économies en santé, sans être capable de fournir des données concrètes arriver à ses conclusions.

Pour lui, le cas de l’Alberta est similaire à celui de l’Ontario et si la province veut éviter une hausse drastique des coûts de l’électricité dans la province, elle ne doit pas s’engager dans la même voie.