Le tourisme dans le viseur de la francophonie canadienne

Madeleine Meilleur, ministre déléguée aux Affaires francophones. Crédit image: #ONfr

TORONTO – L’idée d’un circuit touristique de langue française comme moteur économique de la minorité linguistique à la grandeur du Canada est sur la planche à dessin des ministres responsables de la francophonie dans les dix provinces et les trois territoires au pays.

FRANÇOIS PIERRE DUFAULT
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SÉBASTIEN PIERROZ
spierroz@tfo.org | @SebPierroz

Sous l’impulsion du maire Régis Labeaume, de Québec, les élus provinciaux et territoriaux réunis à Toronto dans le cadre de la 20e Conférence ministérielle sur la francophonie canadienne ont convenu, le jeudi 18 juin, d’étudier la faisabilité d’une route touristique francophone d’un océan à l’autre.

Le maire Labeaume a présenté son idée d’une route francophone pancanadienne à titre d’invité de la conférence.

« Il y a une volonté autour de la table de faire une route francophone pour attirer le tourisme. Les gens, lorsqu’ils viennent au Canada, ne veulent pas juste visiter les grandes villes. Ils en ont, des grandes villes. Ils veulent aller voir ce qu’il y a de particulier », a déclaré l’hôtesse de la conférence Madeleine Meilleur, ministre déléguée aux Affaires francophones de l’Ontario.

Le circuit qu’ont en tête les élus de la francophonie canadienne pourrait créer chez les visiteurs européens, entre autres, l’impression qu’ils découvrent à leur tour l’Amérique française.

« Il y a de belles occasions à saisir au niveau de la culture et de l’histoire », a partagé Wayne Elhard, secrétaire législatif aux Affaires intergouvernetales de la Saskatchewan, lors d’un point de presse à Toronto. « Les touristes de la France et de l’Allemagne, entre autres, sont toujours fascinés par nos grands espaces et la robustesse de nos paysages. C’est ce sur quoi nous devons capitaliser. »

 

Traces de présence française

« La réalité, c’est que notre pays a été fondé par les Anglais et les Français. Et il y a beaucoup de traces de la présence française dans l’Ouest canadien et également aux États-Unis », a rappelé à son tour Jacques Gourde, secrétaire parlementaire pour les Langues officielles à Ottawa. « Permettre à des milliers de Canadiens et d’Américains de refaire la route dans le sens contraire d’où ils sont rendus aujourd’hui, ça pourrait être un élément touristique très intéressant, » a ajouté l’élu fédéral de région de Lotbinière, au Québec.

Le groupe ministériel s’est donné jusqu’à sa prochaine conférence annuelle, à Terre-Neuve, pour étudier ce projet de circuit touristique de la francophonie canadienne. Dans certains cas, il pourrait s’agir simplement de relier des bouts de routes déjà existants ou en chantier, comme le projet ontarien de « route de Champlain » pour marquer les 400 ans de présence française dans la province.

La 20e Conférence ministérielle de la francophonie canadienne s’est aussi penchée, quoique sans grande conclusion, sur l’avenir de la Société Radio-Canada en tant que diffuseur public national et des médias francophones en milieu minoritaire.

« C’est une préoccupation de savoir comment on peut aider les radios communautaires et les petits journaux des régions. Par contre, ça n’enlève pas la responsabilité de Radio-Canada », a fait savoir Madeleine Meilleur, de l’Ontario. « On sent à l’heure actuelle qu’il y a une transformation des médias traditionnels vers le numérique. Il faut trouver des façons d’aider tous ces gens-là pour l’information du futur », a indiqué pour sa part M. Gourde.

 

Immigration : rien de nouveau

Très attendus sur le dossier de l’immigration hors-Québec, les représentants se sont beaucoup « écoutés » sans donner de mesures concrètes. Le temps tout de même de réaffirmer publiquement leur entente.

« On a senti une grande ouverture de partenariat des provinces et du fédéral », a dit M. Gourde. « La cible de 4,4 % d’immigration francophone hors Québec d’ici 2023 reste un objectif ambitieux, mais on doit tous travailler ensemble, avec les communautés, les entreprises, les milieux d’affaires pour s’assurer d’attirer les immigrants francophones, mais aussi les garder à long terme pour qu’ils fondent une famille. »

Les dernières études indiquant un chiffre d’immigration hors Québec de 2 % étaient apparues comme un signal d’urgence. Dans la foulée, l’Ontario adoptait la Loi sur l’immigration en Ontario fin mai. Parmi ses buts? Une cible de 5 % de nouveaux arrivants possédant le français comme langue première.

Un objectif conciliable avec le gouvernement fédéral? « Ce sont eux (le gouvernement fédéral), qui gèrent l’immigration », a illustré Mme Meilleur. « Nous avons une bonne oreille, car le maintien des francophones au Canada passe par l’immigration pour pouvoir maintenir notre cible et l’augmenter. »

Le Nouveau-Brunswick et le Manitoba possèdent aussi des cibles chiffrées, mais non enchâssées dans la loi, concernant l’immigration francophone respectivement à 33 % et 7 %.