Le programme d’immersion française d’Halton est maintenu

Crédit image: Jean-François Morissette

BURLINGTON – Le Conseil scolaire catholique d’Halton (CSCH), en banlieue de Toronto, a finalement choisi à la dernière minute de maintenir son programme d’immersion française dès la première année, mardi 21 novembre. Le programme était en danger à cause de la pénurie d’enseignants pour offrir des cours de qualité.

JEAN-FRANÇOIS MORISSETTE
jmorissette@tfo.org | @JFMorissette72

Lors d’une session hautement anticipée, qui s’est tenue à l’école secondaire catholique Notre-Dame, le conseil d’administration du CSCH a voté la motion devant plusieurs dizaines de parents réunis sur place.

Selon le plan soumis par le CSCH, le programme d’immersion française dès la première année devait graduellement être éliminé pour les quelque 821 étudiants qui le fréquentent. Quatre établissements du conseil scolaire offraient ce type de programme d’immersion.

La motion pour l’élimination du programme avait été proposée par le comité spécial mis en place par le CSCH pour étudier la question, et a finalement été rejetée à l’unanimité par le conseil d’administration après des semaines d’incertitude.

Ce programme était un projet pilote mis en place par le CSCH il y a cinq ans. Dans une seconde motion, le conseil d’administration du CSCH a choisi de rendre le programme permanent.

Toutefois, cela ne règlera pas le problème de recrutement à court terme, a mis en garde le conseil d’administration du CSCH.

« Soyez patient lorsque votre enfant revient de l’école et vous dit qu’il n’y avait pas d’enseignant aujourd’hui pour eux », a demandé aux parents Arlene Iantomassi, une conseillère scolaire.

Une victoire selon les parents

La décision du conseil d’administration du CSCH a été accueillie par un soupir de soulagement. Joanna Bailey, une mère, a assisté à la rencontre avec une certaine anxiété. Pour elle, il s’agit d’un pas dans la bonne direction.


« C’est une victoire pour la communauté et pour les parents qui veulent donner une chance à leur enfant d’être bilingue » – Joanna Bailey


« J’ai travaillé sur la colline parlementaire à Ottawa pendant de nombreuses années et je ne parle pas le français. Je me suis vite rendu compte des limitations que ça pouvait m’apporter. Aujourd’hui, je suis heureux de voir que mes enfants vont pouvoir avoir la chance d’apprendre cette langue », a ajouté Robert Serpe, dont l’enfant pourra fréquenter le programme d’immersion l’an prochain.

La présidente de la section ontarienne du groupe Canadian Parents for French, Mary Cruden, était également présente pour voir l’issue du vote.

« C’est une grande victoire pour les parents qui veulent donner une opportunité à leur enfant et je suis heureuse de voir que le conseil d’administration a choisi de donner cette chance aux jeunes », a-t-elle commenté.

Mme Cruden, qui milite pour l’augmentation des programmes d’immersion au travers de la province, dit avoir confiance que le gouvernement ontarien sera en mesure d’épauler le CSCH pour pallier au manque d’enseignants.

Un défi de recrutement

Lors de la rencontre, le comité spécial sur le français du CSCH a souligné les difficultés « majeures » du recrutement de professeurs, comme le fait d’offrir des contrats permanents à des enseignants venant de l’extérieur de l’Ontario.


« Le défi est de recruter des professeurs qui parlent un bon niveau de français, pas uniquement des personnes qui savent le parler » – Comité spécial sur le français


Selon les estimations du conseil scolaire, il faudrait recruter huit nouveaux enseignants pour assurer la survie à court terme du programme d’immersion dès la première année.

« Le défi est de trouver des enseignants de qualité à court terme pour remplacer les départs en cours d’année », a expliqué Joe O’Rara, responsable des ressources humaines du CSCH.

Le comité spécial a aussi rapporté un problème au niveau du ministère de l’Éducation et déplorait qu’aucune directive sur le recrutement d’enseignants n’ait encore été mise en place, malgré les demandes.

Le comité spécial avait recommandé l’élimination du programme d’immersion dès la première année, mais la poursuite du programme d’immersion intensif.

Des efforts sont faits, assure la ministre

La ministre de l’Éducation de l’Ontario, Mitzie Hunter, a assuré avant le vote que le gouvernement faisait des efforts pour recruter des enseignants pour les postes dans les programmes d’immersion.

La ministre Hunter a demandé au CSCH de prendre en considération les mesures qui sont mises en place pour recruter, notamment le recrutement sur la scène internationale et dans les autres provinces canadiennes, comme le Québec.

« Avoir une deuxième langue est un atout pour les étudiants et nous voulons pouvoir les encourager à apprendre le français », a expliqué la ministre Hunter.

Mme Hunter a aussi assuré que son équipe était en contact avec le CSCH pour trouver des solutions.


POUR EN SAVOIR PLUS :

Des données probantes pour améliorer le bilinguisme

Pas « cool » le français? Le défi de l’immersion française