Le français absent à la « PrideHouse » des PanAm

PrideHouseTO.

TORONTO – Si le français obtient cet été une visibilité exceptionnelle avec les Jeux parapanaméricains et panaméricains de Toronto, la langue de Molière a cependant été presque complètement absente de l’un des lieux des célébrations, la PrideHouseTO.

ÉTIENNE FORTIN-GAUTHIER
Collaborateur spécial
@etiennefg

La PrideHouseTO est un espace de socialisation pour les athlètes issus de la communauté lesbienne, gay, bisexuelle, trans et queer (LGBTQ) et leurs alliés. Tout au long des Jeux, bon nombre d’activités sportives et culturelles s’y déroulent. Le projet a pris vie grâce à la collaboration de douze organisations sociales, gouvernementales et syndicales.

#ONfr a appris que plusieurs membres francophones de la communauté gaie torontoise se désolent de l’absence quasi-totale du français à cet endroit financé en bonne partie des fonds publics. FrancoQueer, qui représente et défend la communauté LGBTQ franco-ontarienne, s’attriste grandement de la situation.

« L’espace accordé au français a fait cruellement et honteusement défaut. Une des valeurs les plus marquantes de PrideHouseTO fut l’inclusion. Hélas, cette valeur de l’inclusion ne comprenait pas les langues officielles du pays hôte des Jeux, ni les langues officielles utilisées aux jeux Panaméricains. En tant que Franco-Ontarien, on ne se sent pas chez-soi », fait savoir Ronald Dieleman, membre de FrancoQueer et président sortant de l’organisme.

Il faut dire que FrancoQueer a travaillé au projet de la PrideHouseTO pendant près de deux ans avant de quitter le navire insatisfait par le peu de considération accordée à la langue de Molière. Dans une lettre obtenue par #ONfr et signée du président actuel de FrancoQueer, Jean-Rock Boutin, il est possible d’apprendre que plusieurs propositions pour accroître la place du français auraient été ignorées.

Ronald Dieleman affirme que le mandat de la PrideHouseTO est louable et qu’il aurait été relativement simple de développer un volet francophone au projet en faisant naître une « Maison de la fierté ».

« Nous sommes en pleine fête de nos 400 ans de présence française en Ontario. Le français est une langue parlée bien vivante dans la communauté torontoise et c’est un Canada bilingue qui accueille les athlètes de toutes les Amériques », fait valoir M. Dieleman. « Nous croyons, que les fonds obtenus des différents ministères auraient encore mieux été servis si PrideHouseTO avait tenu compte des deux langues », ajoute celui qui représente l’organisme francophone.

 

Des défis

Le coprésident du CA de la PrideHouseTO, David Morris, avoue d’emblée que l’objectif initial était d’accorder une plus grande place au français dans ce lieu d’importance des célébrations. « Nous avions une équipe composée principalement de bénévoles et ils ont travaillé très fort. Nous avons cependant fait face à des défis en matière de communication et de traduction », a-t-il fait savoir lors d’un entretien avec #ONfr. Il admet que la publicité entourant cet espace aurait pu être faite davantage en français et qu’une programmation culturelle francophone aurait pu être ajoutée.

Le français n’était cependant pas complètement absent des activités, insiste-t-il. Celui qui a effectué un séjour d’étude en France affirme qu’il intégrait du français dans ses discours devant le public. « Nous avons aussi développé du matériel éducatif pour les écoles de la province où nous faisons valoir l’importance de l’inclusion de tous dans le monde du sport. Et ces documents ont aussi été produits en français », souligne M. Morris.

La visibilité du français à la PrideHouseTO était-elle une exigence contractuelle du gouvernement ontarien pour l’obtention de financement? « Il n’y avait pas d’exigence en matière de bilinguisme pour l’obtention des fonds que nous avons obtenu », répond M. Morris.

Une interprétation confirmée par Charles Jean Sucsan, directeur des communications stratégiques et projets spéciaux de l’Office des Affaires francophones de l’Ontario. « PrideHouse n’est pas assujettie à la loi sur les services en français et n’est pas tenue d’offrir des services en français. Bien qu’elle ait reçu du financement du gouvernement de l’Ontario, notamment par l’entremise du secrétariat des Jeux, elle n’offrait pas de services au nom du gouvernement. Elle n’est donc pas considérée comme une tierce partie, mais plutôt comme un organisme ayant obtenu un financement », a-t-il confirmé.

Le secrétariat des Jeux a aussi tenu à réagir à notre dossier. Selon sa porte-parole, Denelle Balfour, son organisme a effectué différents investissements pour mettre en valeur les différentes communautés qui ont marqué l’histoire de la province. Elle soutient que c’est dans le cadre de la Franco-Fête que la francophonie ontarienne a notamment été mise en valeur pendant les Jeux.

« La province a investi 100000$ dans la Fondation canadienne pour le dialogue des cultures pour incorporer les talents Franco-Ontariens, ses traditions et son héritage au sein des événements des Jeux », a-t-elle indiqué à ce sujet.