Le « chien de garde » des Franco-Torontois se réveille

TORONTO – Complètement effacée de la scène publique depuis deux ans, l’Association canadienne-française de l’Ontario à Toronto (ACFO-Toronto) veut revenir à l’avant-scène. L’organisme souhaite dorénavant être habité par un esprit de combat, ainsi que se doter d’un bureau et d’employés, pour défendre pleinement les droits des Franco-Torontois.

ÉTIENNE FORTIN-GAUTHIER
efgauthier@tfo.org | @etiennefg

Dans l’histoire récente, rarement aura-t-on vu autant de personnes assister à l’assemblée générale de l’ACFO-Toronto. Ses dirigeants ont usé d’une stratégie originale pour parvenir à leurs fins en organisant au même moment une réception en partenariat avec la Fondation franco-ontarienne.

Devant une assistance composée de nombreux leaders franco-torontois, le président de l’ACFO-Toronto, Constant Ouapo, s’est lancé dans une envolée dont le ton contrastait avec celui des dernières années.


« Il ne faut pas dormir, il faut anticiper. Nous sommes en contexte minoritaire, les défis sont énormes. Les risques d’assimilation élevés. Il faut lutter, il faut agir. Il ne faut pas laisser le combat aux autres. Il faut combattre. » – Constant Ouapo


« Il faut le faire pour nous et pour les prochaines générations de francophones », a souligné M. Ouapo. Si les francophones ne prennent pas leur place, quelqu’un d’autre prendra cet espace, a-t-il martelé. « Les décisions se prennent au niveau politique. Il faut donner de la voix. Si les dirigeants savent qu’on accepte tout, ils vont imposer des choses », a soutenu Constant Ouapo, vantant le combat des Franco-Ontariens contre le Règlement 17, qui interdisait l’enseignement du français dans la province.

Un peu gêné, il a confié avoir réalisé récemment que l’ACFO-Toronto était l’une des seules associations du genre en Ontario à ne pas avoir de bureau ou d’employés. « Ce n’est pas normal. Dans toutes les autres ACFO, il y a une structure bien définie avec un directeur. Pourquoi dans une grande ville comme Toronto, on ne peut pas arriver à avoir une telle structure? », a-t-il lancé avant d’ajouter que « d’ici fin 2018, l’ACFO-Toronto doit être capable de générer des emplois pour les francophones. »

Un plan stratégique en quatre points

  • Engagement politique Appuyer les acteurs politiques dans leurs efforts de défense des intérêts des francophones. Faire entendre la voix de l’ACFO-Toronto
  • Connections communautaires Développer et renforcer les liens entre les francophones, en assurant une présence active dans la communauté et en faisant la promotion du français
  • Intégration socio-économique Contribuer à l’amélioration des conditions de vie et à une meilleure intégration des francophones du Grand Toronto. Aider les Franco-Torontois à obtenir des emplois en fonction de leurs qualifications
  • Mobilisation des ressources Doter l’ACFO des ressources financières, matérielles et humaines nécessaires pour l’accomplissement de sa mission, incluant des locaux et une équipe permanente

Après deux ans de somnolence, qu’est-ce qui fait dire à Constant Ouapo que son organisme qui n’a aucun employé et aucun financement pourra au cours des douze prochains mois renverser la vapeur?

« Il va y avoir des changements. La prochaine étape est d’avoir des partenaires sur lesquels on peut compter. L’Assemblée de la francophonie de l’Ontario (AFO) est prête à nous aider pour trouver du financement. Nous avons une équipe prête à travailler avec les partenaires pour réussir », assure-t-il. M. Ouapo révèle que quatre comités techniques vont s’attaquer aux quatre axes du plan stratégique.

Selon lui, l’ACFO-Toronto doit lutter contre l’assimilation des jeunes, travailler à augmenter les services en français dans diverses sphères et assister les médias francophones en temps de crise, notamment.

Son discours semble avoir porté, alors que de nouveaux visages ont joint les rangs du conseil d’administration de l’organisme, notamment l’entrepreneure culturelle et membre du groupe musical Les Chiclettes, Nathalie Nadon.

Deux ans loin des projecteurs

Depuis deux ans, l’ACFO-Toronto est effacée de la scène publique, sinon complètement absente. Les sommes dépensées par l’organisme au cours de la dernière année confirment l’inactivité de l’organisme. Seulement 167,80 $ ont été dépensés. Et uniquement pour payer des frais bancaires.

L’ACFO-Toronto s’est concentrée sur le développement de son plan stratégique. Deux autres activités ont aussi été évoquées : des démarches pour l’illumination en blanc et vert de la Tour CN et des lettres géantes de Toronto, ainsi que la participation de l’organisme à une table ronde de l’AFO.

Pendant l’assemblée générale, plusieurs intervenants ont salué le travail accompli. « Il y a une exceptionnelle progression comparativement aux années précédentes et cela inspire le renouveau », a indiqué Julien Geremie, de Conseil de la coopération de l’Ontario.

« Les gens qui se battent pour des écoles francophones ne sont pas tous morts. J’en suis la preuve. J’étais enceinte quand le besoin d’une école dans l’Ouest s’est fait sentir. C’est jamais fini. On passe le bâton », a pour sa part lancé Lisette Mallet de la Société d’histoire de Toronto.