Le Centre Jules-Léger restera ouvert

OTTAWA – Après des mois d’incertitude, le gouvernement ontarien a finalement décidé de maintenir ouvert le Centre Jules-Léger, la seule école de langue française pour les enfants sourds, malentendants et aveugles ou ayant des troubles graves d’apprentissage dans la province. Le gouvernement Wynne va aussi transférer aux francophones la gouvernance de l’établissement.

ÉTIENNE FORTIN-GAUTHIER
efgauthier@tfo.org | @etiennefg

« C’est une très bonne nouvelle! La fermeture du Centre Jules-Léger était une réelle possibilité. On sentait qu’on voulait le tuer à petit feu, mais là, il semble y avoir une volonté de le garder ouvert. Il y a beaucoup d’élèves qui en ont besoin », a soutenu Pascal Lafrance, l’un des dirigeants du Regroupement des parents et amis des enfants sourds et malentendants franco-ontariens.

« Des centaines de familles reçoivent des services d’aide du Centre partout dans la province. La disparition de l’organisme aurait été une catastrophe pour tous ces francophones », a-t-il indiqué à #ONfr quelques instants après la publication d’un communiqué émis par la province. « C’est un bon début, maintenant les actions doivent suivre les paroles. On doit mettre plus d’argent et avoir des changements qui vont permettre d’accroître les services », a-t-il ajouté.

Le gouvernement ontarien a révélé le lundi 8 août qu’il « maintiendra ouvertes toutes les écoles provinciales et toutes les écoles d’application ». Une décision prise à la lumière des consultations effectuées au printemps 2016, ajoute-t-il.

Une portion de l’annonce porte spécifiquement sur le Centre Jules-Léger. Au cours de la prochaine année, le gouvernement apportera « des changements législatifs en vue de transférer la structure de gouvernance du Centre Jules-Léger aux 12 conseils scolaires de langue française afin de mieux servir les élèves francophones », peut-on y lire.

Une décision qui n’est sûrement pas étrangère aux recommandations du commissaire aux services en français de l’Ontario, François Boileau. Dans un rapport de 2015, il suggérait au ministère de l’Éducation que le Centre soit gouverné par l’un des conseils scolaires francophones. « Il faut corriger le tir et instaurer une gouvernance par et pour les francophones avant la rentrée scolaire de 2016 », disait-il à l’époque.

Boileauu

Sans surprise, Pascal Lafrance salue ce changement qui était réclamé depuis un bon moment déjà. « Les décisions prises pour les écoles anglophones étaient appliquées pour le Centre Jules-Léger, même si elles n’étaient pas adaptées à la réalité francophone. Ça causait toute sorte de problèmes », souligne-t-il. Le transfert de la gouvernance francophone du Centre est d’une grande symbolique, ajoute M. Lafrance.

L’Assemblée de la francophonie de l’Ontario a salué la décision du gouvernement. « En plus d’assurer l’avenir du Centre Jules-Léger à long terme, cette décision pérennise l’accès à une éducation en français pour tous les élèves francophones de l’Ontario ayant des besoins particuliers », a fait savoir l’organisme dans une déclaration. À l’approche de la rentrée scolaire, l’Assemblée se réjouit du changement au niveau de la gouvernance, ce qui est de « bon augure pour le Centre qui va pouvoir offrir des services pleinement adaptés aux besoins des enfants francophones sourds, aveugles ou ayant des troubles d’apprentissage ».

Le président de l’organisme francophone, Denis Vaillancourt, estime que « c’est un pas dans la bonne direction ». Il dit souhaiter que les « ressources adéquates viennent appuyer cette transition qui devrait aussi impliquer la participation des enseignants, des parents et de leurs enfants puisqu’ils possèdent l’expertise nécessaire pour assurer leur bien-être. »

Des parents et de nombreux Franco-Ontariens ont aussi fait savoir leur satisfaction suite à cette annonce en inondant les réseaux sociaux de commentaires.

Nouveaux projets pilotes

Le gouvernement a aussi annoncé la mise en place de projets pilotes d’intervention en lecture au sein des conseils scolaires, tout comme l’établissement d’un groupe de référence qui prodiguera des conseils en vue d’améliorer le soutien aux élèves sourds et malentendants. « Il faudra voir comment cela va se concrétiser dans les détails et connaître la composition du groupe de référence. Si ce sont les bonnes personnes, ce sera un bon coup », a commenté M. Lafrance.

#ONfr a appris que les présidents des conseils des parents des écoles provinciales et d’applications pourront partager leurs réactions à ces annonces lundi soir lors d’une rencontre privée avec la ministre de l’Éducation.