Le budget 2015 de l’Ontario est adopté

Les néo-démocrates de l'Ontario ont tourné le dos au gouvernement au moment du vote final sur le budget, le 3 juin.

TORONTO – Le gouvernement libéral de Kathleen Wynne a mené son projet de privatisation d’une partie du réseau d’électricité de l’Ontario vers l’adoption à l’Assemblée législative à travers les chahuts nourris des progressistes-conservateurs et alors que les néo-démocrates ont voté le dos tourné en guise de protestation, le mercredi 3 juin.

FRANÇOIS PIERRE DUFAULT
fpdufault@tfo.org | @fpdufault

Les parlementaires à Queen’s Park ont voté à 57 contre 46 en faveur d’un projet de loi omnibus qui englobait à la fois le budget, la privatisation d’Hydro One, la mise sur pied d’un régime de retraite provincial, l’ouverture du marché de la bière aux supermarchés et des changements à la loi sur la publicité gouvernementale.

« L’adoption de ce budget met en branle le processus que nous allons suivre pour élargir l’actionnariat d’Hydro One et réinvestir dans l’infrastructure dont nous avons besoin pour que nous demeurions compétitifs », a commenté Charles Sousa, ministre des Finances, peu après la troisième et dernière lecture de son document.

Élément le plus controversé de ce budget, la vente d’une première tranche de 15% de la société de distribution et de transmission d’électricité Hydro One aurait pour but de dégager des fonds destinés à l’infrastructure.

Ce projet de privatisation sans précédent s’est attiré les foudres autant d’économistes que de syndicalistes, et même des agents indépendants du parlement, comme l’Ombudsman et la Vérificatrice générale, qui ont dit s’en faire pour la surveillance de l’entreprise une fois privatisée.

Les libéraux à Queen’s Park envisagent d’élargir la participation du secteur privé dans Hydro One jusqu’à 60% au cours des cinq prochaines années, ce qui dégagerait à terme des revenus de 4 milliards $ après remboursement d’une partie de la dette du réseau provincial d’électricité.

Au total, le budget Sousa prévoit pour 2015 des investissements dans l’infrastructure de l’ordre de 11,9 milliards $ à partir d’une enveloppe de 130 milliards $ sur dix ans pour les routes, les ponts, les transports en commun, les aqueducs, les hôpitaux et les écoles.

 

Le dos tourné

Farouchement contre la privatisation d’Hydro One, l’opposition à Queen’s Park a parlé d’un jour sombre pour la province.

« Nous avons essayé de montrer à ce gouvernement la folie de cette vente d’Hydro One. Nous avons proposé plusieurs amendements au budget. Nous n’avons pas été écoutés », a déploré le progressiste-conservateur Victor Fedeli à la presse parlementaire. « Tout ça, c’est parce que la province est dans un gouffre. Nous avons un déficit de 10,5 milliards $. La vente de l’hydro ne servira qu’à remplir nos coffres. »

Ayant réclamé sans succès la tenue d’un référendum sur la vente d’Hydro One, la chef néo-démocrate Andrea Horwath a exhorté, à son tour, la population à monter aux barricades pour empêcher le gouvernement de boucler la vente de la société d’État.

« Nous allons continuer à faire pression sur ce gouvernement. Et je suis certaine que les Ontariens vont, eux aussi, maintenir la pression », a fustigé Mme Horwath après l’adoption du budget. « C’est le mauvais choix pour la province. Pire encore, c’est antidémocratique. Les libéraux n’ont aucun mandat pour vendre Hydro One. Ils auraient dû obtenir ce mandat dans le cadre d’une campagne électorale. »

Ultime coup de gueule dans la Législature, les néo-démocrates ont tourné le dos au gouvernement au moment du vote final sur le budget « parce que le gouvernement a lui-même tourné le dos à la population », selon la chef du parti.

Le budget libéral a néanmoins plu aux associations de grands constructeurs, comme l’Ontario Road Builders’ Association et la Residential and Civil Construction Alliance of Ontario, qui ont salué les « investissements importants » que s’apprête à faire la province dans l’infrastructure.

L’Ontario Craft Brewers, qui représente une cinquantaine de brasseurs de bière artisanaux dans la province, s’est aussi réjouie de l’adoption d’un budget « historique » qui ouvrira à l’industrie les portes des grands détaillants, à commencer par le Beer Store.