L’appui de Wynne à Trudeau dérange à Queen’s Park

La première ministre sortante de l'Ontario, Kathleen Wynne. Crédit image: Twitter

TORONTO – L’appui sans ambages de la première ministre Kathleen Wynne aux libéraux fédéraux de Justin Trudeau commence à titiller l’opposition à l’Assemblée législative de l’Ontario, qui voit là un pari risqué pour la province à l’approche des élections du 19 octobre.

FRANÇOIS PIERRE DUFAULT
fpdufault@tfo.org | @fpdufault

La chef libérale à Queen’s Park aurait intérêt à réduire ses activités partisanes, voire à se retirer complètement de la campagne fédérale et se concentrer sur les enjeux provinciaux, estiment ses adversaires politiques.

« Nous avons perdu 300000 emplois dans le secteur manufacturier et nous avons les tarifs d’électricité presque les plus élevés dans toute l’Amérique du Nord. Nous avons besoin d’une première ministre qui travaille tout le temps pour l’Ontario. Pas avec une campagne partisane », a dit le chef progressiste-conservateur Patrick Brown à #ONfr, le mercredi 16 septembre.

Dans la Législature, la veille, M. Brown a dit de Mme Wynne qu’elle était une « première ministre à temps partiel » parce qu’elle passait trop de temps à faire campagne avec le camp Trudeau.

« Ce sera important (pour Mme Wynne) de travailler avec quiconque aura le pouvoir à Ottawa après les élections. La première ministre a la responsabilité de travailler dans l’intérêt de l’Ontario et pas seulement avec ses amis dans le Parti libéral », a ajouté M. Brown.

 

Conséquences

La chef néo-démocrate Andrea Horwath s’inquiète, pour sa part, des conséquences que pourraient avoir les attaques de Mme Wynne sur le chef conservateur Stephen Harper ou le néo-démocrate Thomas Mulcair si l’un d’eux remporte le scrutin du 19 octobre.

« C’est déplacé pour une première ministre de lancer des attaques contre les deux autres chefs de partis comme (Mme Wynne) l’a fait. Je crois qu’elle a dépassé les bornes », a confié Mme Horwath à #ONfr. « Les gens comprennent qu’elle appuie les libéraux fédéraux. Mais qu’elle s’implique à ce point dans la campagne fédérale (…) est, d’après moi, ce qui rend la chose inconvenante ».

La chef de la deuxième opposition à Queen’s Park croit que la première ministre libérale prend le risque « pas très sage » de « créer de l’animosité » avec le prochain gouvernement canadien et qu’au contraire, elle aurait dû « apprendre sa leçon » après ses deux dernières années de tensions avec les conservateurs à Ottawa.

Loin d’écouter les conseils de l’opposition, Kathleen Wynne y est allé d’un autre événement partisan, le 16 septembre. Elle s’est flanquée de Bill Morneau, candidat libéral dans Toronto-Centre, pour une séance de jogging et un point de presse.

« Nous avons besoin d’un changement de gouvernement à Ottawa. C’est dans le meilleur intérêt de l’Ontario », a réitéré Mme Wynne après sa course aux abords de la rivière Don. « Mon travail est de m’assurer que les gens de l’Ontario profitent d’investissements (fédéraux) qui vont nous permettre (d’améliorer) notre infrastructure ».