Langues officielles : la FCFA demande 575 millions de plus

Le président de la Fédération des communautés francophones et acadienne (FCFA) du Canada, Jean Johnson. Crédit image: Étienne Ranger

OTTAWA – La Fédération des communautés francophones et acadienne (FCFA) du Canada estime à 575 millions de dollars supplémentaires le financement nécessaire pour les langues officielles.

BENJAMIN VACHET
bvachet@tfo.org | @BVachet

Dans un communiqué de presse diffusé le jeudi 30 novembre, l’organisme porte-parole des francophones en milieu minoritaire met un nouveau coup de pression sur le gouvernement libéral.

« Pour plusieurs organismes et institutions de nos communautés, il est minuit moins une. Si on veut donner un nouvel élan à la francophonie en milieu minoritaire, freiner le déclin démographique et ralentir l’assimilation, il faut 575 millions de dollars en investissements additionnels pour nos communautés dans le prochain plan d’action pour les langues officielles », explique le président de la FCFA, Jean Johnson.

L’organisme, qui a fait une analyse des comptes publics, évalue que les organismes et institutions francophones n’ont reçu qu’une maigre part des fonds de la Feuille de route pour les langues officielles 2013-2018.

« Les organismes et les institutions francophones n’ont reçu que 0,25 $ de chaque dollar investi dans la Feuille de route, et 0,07 $ des paiements de transfert de Patrimoine canadien en langues officielles. On sort réellement d’une décennie de plans quinquennaux par le gouvernement, pour les gouvernements. Comment s’étonner qu’on commence à voir des organismes francophones fermer leurs portes? », questionne M. Johnson.

Récemment, le Réseau pour le développement de l’alphabétisme et des compétences (RESDAC) a annoncé être au bord de la disparition.

Changer la manière de faire

Joint par #ONfr, le président de la FCFA précise la demande de son organisme.

« Ce montant peut paraître important mais finalement, on ne cherche qu’une augmentation de 0,02 $ pour chaque dollar investi. Il y a des raisons économiques d’investir dans nos communautés mais en ce moment, beaucoup de nos organismes sont à bout de souffle et il faut donner un sérieux coup de barre! On veut aussi que le gouvernement change sa manière de faire. Actuellement, une grosse part des investissements du Plan d’action pour les langues officielles est dirigée vers les provinces et territoires, sans aucune reddition de compte. Pourquoi ne pas diriger ces sommes vers nos organismes pour qu’ils puissent développer des services? »

La FCFA appelle le gouvernement à créer un plan qui produise une véritable transformation pour les communautés autour de cinq domaines : le maintien et l’augmentation du poids démographique de la francophonie; la création d’espaces de vie en français; le renforcement des capacités des organismes et des institutions des communautés; l’accès à l’éducation en français de la prématernelle au postsecondaire, dans toutes les provinces et tous les territoires et la revitalisation des communautés francophones en milieu rural et éloigné.

Mouvement commun

La demande de la FCFA a reçu l’appui des organismes provinciaux de la francophonie canadienne, dont l’Assemblée de la francophonie de l’Ontario (AFO). L’AFO avait déjà fait une demande chiffrée en mai dernier, réclamant 224 millions de dollars.

« Le 224 millions, c’était simplement pour rattraper ce qui a été perdu depuis 2008 puisque la somme n’a pas été indexée au coût de la vie. Les 575 millions de dollars permettraient de garantir la survie de plusieurs organismes, dont plusieurs sont sous respirateur artificiel. On a des centres communautaires qui disparaissent les uns après les autres… Il y a un virage important qui doit être fait », précise le président de l’organisme porte-parole de la communauté franco-ontarienne, Carol Jolin.

« C’est maintenant qu’il faut agir. Il y a une occasion à saisir, maintenant, pour donner un nouveau souffle aux communautés francophones. Le Premier Ministre Trudeau nous a dit durant la campagne électorale de 2015 que nous comptions, c’est le temps de le démontrer », souligne M. Johnson, qui indique avoir déjà présenté cette demande à plusieurs députés, sans que personne ne s’en étonne.

Interrogée par #ONfr, mercredi 29 novembre, la ministre du Patrimoine canadien, Mélanie Joly, se disait bien consciente des besoins.

« Il y a plusieurs organismes qui travaillent à la promotion du français, notamment sur le plan économique, on entend leurs demandes à l’effet qu’on augmente leur financement », expliquait Mme Joly, sans préciser si le gouvernement est prêt à augmenter l’enveloppe du plan d’action pour les langues officielles.

 


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