La Ville d’Ottawa allonge l’enveloppe de la Direction des services en français

23 plaintes pour les services en français ont été comptabilisées par la Ville d'Ottawa en 2016.

OTTAWA – Le budget de la Ville d’Ottawa comprendra en 2016 une part plus importante pour les traductions en français. Le conseil municipal a augmenté de 15% l’enveloppe de la Direction des services en français (DSF).

SÉBASTIEN PIERROZ
spierroz@tfo.org | @sebpierroz

Au milieu des centaines de pages du texte budgétaire adopté, mercredi 9 décembre, la mention est très discrète mais réelle : la somme versée à la DSF atteindra 3 millions$ l’année prochaine, contre 2,6 millions$ en 2015 et pour les années précédentes.

« L’augmentation du budget représente l’engagement de la Ville envers sa politique de bilinguisme municipale afin d’assurer une prestation continue de services fiables et de qualité dans les deux langues officielles », a réagi la gestionnaire des services en français, Michelle Rochette, dans un échange de courriels avec #ONfr.

Sa prédécesseur, Renée Bertrand, partie à la retraite en juillet dernier, avait dénoncé subtilement et à plusieurs reprises le manque de moyens de ce service destiné à assurer les traductions de la Ville d’Ottawa, la visibilité francophone, l’amélioration de l’offre active de services bilingues, ou encore la gestion des plaintes.

Une absence de ressources souvent perceptible dans les traductions boiteuses de la Ville d’Ottawa. Pour répondre aux nombreuses demandes de traduction, la DSF avait dû bien souvent dépenser bien plus que les 2,6 millions$ alloués, terminant les années souvent dans le rouge.

Le hic, c’est que la stabilité de l’enveloppe contredisait l’augmentation d’autres services municipaux recevant bien souvent un influx de 2,5 %

« C’est une nouvelle quand même positive, il est clair que ça va aider », analyse pour #ONfr Luc Léger, de la Chaire de recherche sur la francophonie et les politiques publiques de l’Université d’Ottawa. « La Ville réalise qu’il faut plus d’argent, et que la réalité est aujourd’hui différente. »

Pas de lignes budgétaires précises

Mais l’annonce ne rime pas forcément avec une augmentation globale du montant offert à tous les services en français de la Ville d’Ottawa. « Cette somme globale n’inclut pas l’offre de programmes du service municipal des parcs, des loisirs et de la culture, ou encore différentes campagnes publiques », fait part M. Léger.

« Au niveau de la francophonie, il n y a pas de lignes budgétaires précises pour ces autres dépenses », souligne l’universitaire. « Lorsque la Ville investit par exemple dans un cour de nage offert en français, la somme n’est pas répertoriée. Ce sont donc des dépenses difficiles à mesurer. »

Cette absence d’un cadre strict pour les dépenses en français dans les différents services de la municipalité peut mettre parfois la langue de Molière en péril. En témoigne la menace de fermeture ayant pesé récemment sur la garderie francophone Beausoleil, dans la Basse-Ville.