La fonction publique, cible de la commissaire aux langues officielles

(La commissaire aux langues officielles du Canada par intérim, Ghislaine Saikaley. Crédit photo: Benjamin Vachet)
La commissaire aux langues officielles du Canada par intérim, Ghislaine Saikaley. Crédit photo: Benjamin Vachet

OTTAWA – La commissaire aux langues officielles du Canada par intérim, Ghislaine Saikaley, assure que la recherche d’un nouveau commissaire n’affecte en rien le travail du chien de garde des langues officielles. Parmi ses priorités, elle compte s’attaquer à plusieurs dossiers, dont celui de la langue de travail dans la fonction publique.

BENJAMIN VACHET
bvachet@tfo.org | @BVachet

« Depuis les cinq dernières années, nous constatons une hausse constante des plaintes qui nous sont adressées. Mais nous avons également remarqué un phénomène nouveau : la hausse des plaintes issues de la fonction publique fédérale. Elles représentaient plus de la moitié des plaintes totales l’an dernier. C’est très préoccupant », explique Mme Saikaley, en entrevue à #ONfr.

En mai dernier déjà, #ONfr rapportait que dans son 24e rapport annuel, le greffier du Conseil privé et chef de la fonction publique, Michael Wernick, soulignait les difficultés pour de nombreux fonctionnaires de pouvoir travailler dans la langue de leur choix, principalement en français.

Dans l’attente d’un rapport très attendu du Bureau du Conseil privé sur la langue de travail dans la fonction publique canadienne, qui doit être publié à l’automne, Mme Saikaley a décidé d’apporter sa pierre à l’édifice. Son prochain rapport, prévu lui aussi cet automne, portera sur la disponibilité des services d’apprentissage dans la fonction publique en français et en anglais.

« Beaucoup de fonctionnaires nous disent qu’ils n’ont pas accès à certaines formations dans la langue de leur choix et qu’ils doivent donc la prendre dans l’autre langue ou alors se déplacer dans d’autres régions pour la suivre. L’École de la fonction publique est en transformation, nous pensons donc que c’est le bon moment de faire ces vérifications pour l’aider à assurer des services adaptés. »

D’autres priorités

Parmi ses autres priorités dans les prochains mois, la commissaire surveillera de près la modernisation des règlements entourant la Loi sur les langues officielles, annoncée par le gouvernement en novembre dernier, ainsi que le dévoilement du futur plan d’action pour les langues officielles.

Le Commissariat aux langues officielles (CLO) du Canada organisera également, le 30 novembre, dans le cadre du 150e anniversaire de la Confédération canadienne, une conférence simultanée dans plusieurs villes pour parler de l’avenir de la dualité linguistique.

La commissaire prévoit également faire une tournée de plusieurs provinces et régions, notamment, en septembre, à l’Île-du-Prince-Édouard et à Rouyn-Noranda, puis, en décembre, à Montréal et Québec.

Le travail continue

Mme Saikaley a été nommée en remplacement de Graham Fraser le 16 décembre dernier. Son mandat a été prolongé le 21 juin dernier.

Bien qu’elle n’assure qu’un intérim, en attendant le choix d’un nouveau commissaire, elle affirme que le travail du CLO n’est en rien perturbé par cette situation.

« C’est sûr qu’il est plus difficile d’avoir une vision à long terme tant qu’on ne sait pas qui sera la prochaine personne en place. Mais cela ne nous empêche pas de continuer à faire le travail, à mener nos enquêtes et à tout faire pour maintenir la confiance des parlementaires et des citoyens. »

La saga de la nomination avortée de l’ancienne ministre ontarienne Madeleine Meilleur au poste de commissaire aux langues officielles du Canada n’a pas non plus eu de répercussions sur l’institution, pense Mme Saikaley.

Un budget gelé depuis Dyane Adam

Malgré un budget gelé depuis le mandat de la commissaire Dyane Adam, entre 1999 et 2006, la commissaire Saikaley indique que, là encore, l’impact reste minime quant à la capacité de l’institution à bien faire son travail.

« On a revu nos façons de faire pour être encore plus efficaces. Même si la charge de travail est lourde, on utilise nos ressources de façon optimale, sans négliger aucun service. »

Le recours à des contrats externes reste rare, assure-t-elle. Un seul consultant externe aurait été engagé, l’an dernier, pour un contrat de moins de 25 000 dollars.