La désignation bloque toujours pour Oshawa

La ville d'Oshawa compte 6 700 francophones. Archives

OSHAWA – Les francophones d’Oshawa pensaient être au bout de leur peine, et recevoir très vite la désignation en vertu de la Loi sur les services en français de l’Ontario. Mais sur le terrain, les négociations bloquent toujours.

SÉBASTIEN PIERROZ
spierroz@tfo.org | @SebPierroz

FRANÇOIS PIERRE DUFAULT
fpdufault@tfo.org | @fpdufault

La frustration s’intensifie pour les quelque 6700 francophones de la municipalité. D’autant que la stratégie avait été modifiée en cours de route pour faciliter cette désignation.

Car à l’origine, c’est toute la vaste région de Durham à l’est de Toronto, englobant huit municipalités, dont celle d’Oshawa, qui demandait cette protection. Un dossier impossible à faire avancer du fait du manque d’appuis politiques. Sauf qu’Oshawa connaît aujourd’hui le même écueil.

Roger Anderson, président de la région de Durham, s’opposerait toujours bec et ongle, à cette désignation, si l’on en croit la présidente de l’Assemblée des communautés francophones de l’Ontario (ACFO) de Durham-Peterborough, Sylvie Landry.

« Il est vraiment opposé au projet, et intimide tout le monde autour de lui. On a l’impression que plus on va demander, moins, on va avoir », confie-t-elle à #ONfr

En entrevue avec #ONfr, M. Anderson explique que le choix du Conseil régional de Durham n’est pas tant linguistique que financier.

« Nous avons demandé à la province de s’engager clairement à absorber tous les coûts associés à une désignation, comme la formation des employés, les nouvelles embauches ou l’impression de matériel bilingue », justifie M. Anderson. « La province nous a dit qu’il n’y aurait pas d’impact financier. Mais oui, il y aurait un impact. »

Faux, répond Madeleine Meilleur, également interrogée par #ONfr sur le sujet. La ministre déléguée aux Affaires francophones avoue bien connaître l’argument de M. Anderson. « Ça ne va pas couter plus d’argent », argumente-t-elle. « Embaucher des gens bilingues ne coute pas plus cher, si on ne fait que remplacer du personnel unilingue. »

 

Argument financier

Le fait de désigner seulement Oshawa et non la région de Durham au grand complet ne changerait pas grand-chose pour M. Anderson, puisque c’est le gouvernement régional qui offre la plupart des services publics dans la municipalité, notamment les services sociaux et d’urgence.

Le président de la région de Durham estime que son conseil devrait dépenser « des centaines de milliers de dollars » de plus pour offrir des services conformément à la loi. Et ce, pour une population francophone qui « ne satisfait même pas les critères de base de la province pour une désignation », souligne-t-il.

Une référence directe au statut « discrétionnaire » de la possible désignation d’Oshawa, l’idée ne rencontrant pas les critères démographiques de la Loi 8 de 1986.

« La province ne peut pas simplement créer des règles et les changer quand ça lui chante », proteste M. Anderson. « Nous voulons être inclusifs. Mais il y a des coûts importants à ça et nous ne sommes pas prêts à les absorber. »

Si l’Office des Affaires francophones (OAF) peut « aider », Mme Meilleur le rappelle sans ambages : « la responsabilité » pour obtenir les différents appuis doit être l’œuvre de la communauté d’Oshawa.

Sur le terrain, Mme Landry semble quelque peu démunie. « Ça serait une tragédie pour tous les francophones si cette région n’est pas désignée », dit-elle.

La municipalité d’Oshawa deviendrait dès lors la 27e région désignée en vertu de la Loi 8. En juin dernier, Queen’s Park avait annoncé la désignation de la banlieue métropolitaine de Markham avec un appui unanime de tous les acteurs politiques de l’endroit.