La crainte d’une université franco-ontarienne à Toronto mise en avant

Certains panélistes lors de la Journée de réflexion, le 25 avril. Crédit image: Sébastien Pierroz

OTTAWA – L’attente perdure toujours pour le projet d’une université franco-ontarienne. En attendant le rapport de Dyane Adam prévu dans quelques semaines, des universitaires ont pris à tour de rôle la parole dans le cadre de la Journée de réflexion sur la question universitaire en Ontario français, le mardi 24 avril, à la Nouvelle Scène.

SÉBASTIEN PIERROZ
spierroz@tfo.org | @sebpierroz

Les différents panels ont justement mis en exergue les difficultés de concevoir une université francophone à Toronto. Une probabilité de plus en plus grande dans le cadre du document que remettra le comité de Mme Adam.

« Le Collège des Grands Lac, dans le Sud-Ouest de l’Ontario, ça n’a pas marché », a illustré François Paré, de l’Université de Waterloo en marge du panel Les études et les étudiants franco-ontariens dans le Centre-Sud. Une référence directe à l’institution francophone mise sur pied en 1996 et basée sur des programmes en ligne. Les opérations avaient cessé en 2001.

« Il y a environ 700 francophones présents à l’Université de Waterloo, et on compte neuf universités anglophones dans la région de Toronto. Il y a donc une très forte concurrence », a-t-il illustré.

« Si on se retrouve avec un Collège des Grands Lacs, ça serait épouvantable », a renchéri Yves Frenette de l’Université Saint-Boniface au cours du même panel. « Je ne vois d’ailleurs pas comment on peut avoir une université franco-ontarienne et une université bilingue, en l’occurrence Glendon, à quelques kilomètres de là. »

Animé par l’universitaire Serge Dupuis, le dernier panel de la journée sur « le bilinguisme intégral, le bicaméralisme ou l’indépendance : quelle université pour l’Ontario français » a fait ressurgir la question de l’emplacement à Toronto. « Ça ne correspondrait pas à un projet viable et à l’université franco-ontarienne dans son ensemble », a fait part François Charbonneau de l’Université d’Ottawa.

Toujours est-il que cette rencontre, qui a quand même réuni une centaine de personnes, se voulait une visibilité pour le projet d’université franco-ontarienne. Le 1er mars, les militants du Regroupement étudiant franco-ontarien (RÉFO) alliés à la Fédération de la jeunesse franco-ontarienne (FESFO) et à l’Assemblée de la francophonie de l’Ontario (AFO) avaient rappelé, toujours dans les locaux de la Nouvelle Scène, l’urgence de la création d’une université franco-ontarienne.

« Le modèle veut des campus régionaux, c’est ce que nous avons mis de l’avant lors des États généraux du postsecondaire (en 2013), c’est ça qui nous permettrait de bâtir une nouvelle institution sur un réseau existant », a réagi le directeur du RÉFO, Alain Dupuis, pour #ONfr, lors de la clôture de l’événement. « Je retiens quand même que Toronto est important et que l’on doit combler les besoins de cette population-là. Oui, nous devons avancer avec Toronto, tout en assurant que l’on ait la gouvernance complète. »