Kathleen Wynne brasse les cartes à cinq mois de l’élection

La première ministre de l'Ontario, Kathleen Wynne Crédit image: Maxime Delaquis

TORONTO – La première ministre ontarienne, Kathleen Wynne, a choisi de remanier ses cartes à moins de cinq mois de l’élection provinciale faisant entrer plusieurs recrues au sein du conseil des ministres, dont Nathalie Des Rosiers et Daiene Vernile.

JEAN-FRANÇOIS MORISSETTE
jmorissette@tfo.org | @JFMorissette72

Les ministres et députés de longue date Liz Sandals, Deb Matthews et Brad Duguid ont déjà annoncé qu’ils n’allaient pas se représenter en juin prochain ce qui a donné à Mme Wynne l’opportunité de poser ce geste.

En plus de la Franco-Ontarienne et députée d’Ottawa Vanier, Nathalie Des Rosiers, la députée de Kitchener-Centre, Daiene Vernile, et la députée de Brampton—Springdale, Harinder Malhi, ont accédé au conseil des ministres.

« Les connaissances et les compétences qu’elles apportent à leurs rôles sont cruciales au bon déroulement de notre plan », a déclaré la première ministre Wynne.

Nouvelles venues :

  • Nathalie Des Rosiers devient ministre des Richesses naturelles et des Fôrets
  • Daiene Vernile devient ministre du Tourisme, de la Culture et du Sport de l’Ontario
  • Harinder Malhi devient ministre de la Condition féminine

Nouveaux ministères :

  • Steven Del Duca devient ministre du Développement économique et de la Croissance
  • Eleonor McMahon devient présidente du Conseil du Trésor
  • Mitzie Hunter devient ministre de l’Enseignement supérieur et de la Formation professionnelle
  • Indira Naidoo-Harris devient ministre de l’Éducation et ministre responsable de la Petite enfance et de la Garde d’enfants
  • Kathryn McGarry devient ministre des Transports

Eleonor MacMahon s’est dite honorée de pouvoir jouer un rôle dans le prochain budget. Elle a démenti avoir été nommée par électoralisme et espère que lorsque le moment viendra, elle sera jugée pour ses actions et non pour son titre.

Les ministres Del Duca et Hunter ont, quant à eux, salué leurs prédécesseurs et martelé vouloir continuer le travail qu’ils avaient accompli.

La première ministre Wynne a aussi remercié les anciens ministres Matthews, Sandals et Duguid par voie de communiqué et souligné leur dévouement pour la vie publique.

Il s’agit du troisième remaniement en l’espace d’un an de la première ministre. En janvier 2017, elle avait promu Marie-France Lalonde à titre de ministre de la Sécurité communautaire et des Services correctionnels.

En juillet, Mme Wynne avait dû remplacer son ministre de l’Environnement après le départ de Glen Murray. Chris Ballard avait hérité du portefeuille. La première ministre en avait aussi profité pour créer un ministère à part entière pour les Affaires francophones.

Un geste à saveur électoraliste?

Peter Graefe, politologue à l’Université McMaster, ne se dit pas surpris par le remaniement ministériel.

« C’est assez typique d’une première ministre à quelques mois des élections de changer les ministres qui ne se représentent pas », explique-t-il.

Le politologue y voit également une bonne manière de relancer le gouvernement Wynne.

La seule faiblesse démontrée par ce remaniement est, selon lui, le manque représentation dans certains régions de la province, notamment avec le peu de sièges dans le Nord et dans le sud-ouest de l’Ontario.

Geneviève Tellier, politologue à l’Université d’Ottawa, estime que le geste de Mme Wynne a été fait dans le but de se placer pour la prochaine élection. Pour elle, il s’agissait avant tout de montrer du leadership.

« Les Ontariens vont sûrement vouloir en savoir plus sur ces nouvelles personnes et ça pourrait même courtiser de possibles candidats pour le parti de Mme Wynne », lance-t-elle.

Mme Tellier estime qu’a moins de six mois des élections, il serait surprenant que les nouveaux venus fassent de grandes vagues.

Selon un sondage de la firme The Forum Poll, les libéraux n’obtiendraient que 24 % des intentions de vote.

Les partis d’opposition fustigent le gouvernement

Le chef adjoint du Parti progressiste-conservateur de l’Ontario (Parti PC), Steve Clark, a déploré les choix de la première ministre Wynne.

Plusieurs d’entre eux l’ont d’ailleurs laissé sur sa faim, dont celui de Nathalie Des Rosiers.


« Mme Des Rosiers représente une circonscription urbaine qui n’a presque pas de ressources naturelles. »Steve Clark


Gilles Bisson, leader parlementaire pour le Nouveau Parti démocratique (NPD) de l’Ontario, a, pour sa part, déploré que la première ministre ait mis ses intérêts avant ceux des gens de la province.

« Ce jeu de chaises musicales ne démontre pas que le gouvernement Wynne est engagé à régler les problèmes de la province, comme la surpopulation dans les hôpitaux et les prix encore trop élevés de l’électricité », a-t-il dit.

L’élection provinciale doit avoir lieu le 7 juin 2018.


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